Vaccination : exiger plutôt que d’obliger

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Publié le 02/02/2016

Crédit photo : Phanie

L’Académie de médecine s’inquiète de la tournure que va prendre la concertation citoyenne sur le sujet de la vaccination lancée par Marisol Touraine. « Nous redoutons des débats houleux », avance le Pr Pierre Bégué, président de l’Académie nationale de médecine, lors d’une séance dédiée aujourd’hui à la vaccination. En effet, les Français devenus hésitants au sujet de la vaccination représentent désormais 15 à 20 % de la population. Et l’obligation vaccinale fait de plus en plus débat dans une société devenue contestataire.

Pour la ministre de la Santé, qui s’est exprimée lors de cette séance académique, « la concertation permettra d’avancer sur la coexistence de vaccins obligatoires et recommandés, qui peut nuire à la lisibilité de la politique de vaccination et contribuer à alimenter le doute. Cette différenciation relève d’un héritage historique et ne semble cohérente ni sur le plan épidémiologique, ni sur celui des objectifs poursuivis ». Ainsi, « 2016 sera à n’en point douter l’année de la rénovation de la politique vaccinale », conclut Marisol Touraine.

Pour l’académie, il est essentiel de lever les ambiguïtés entre obligation et recommandation vaccinale. Le discours des sages s’oriente plutôt vers le renforcement des devoirs vaccinaux. « Nous proposons, de remplacer le terme obligation, qui passe mal aujourd’hui dans notre société, par celui d’exigibilité vaccinale », explique Pierre Bégué. Autrement dit, il n’y aurait plus de vaccins obligatoires mais une liste élargie de vaccins (DTP, coqueluche, ROR, Hépatite B, Hib…) exigibles à l’entrée en collectivité (crèche, école, université) ou pour certaines professions (médicales, militaires). Toutefois, cette stratégie fait émerger un nouveau danger : celui de voir fleurir des écoles pour les enfants non vaccinés, comme cela est le cas aux Pays-Bas ou aux États-Unis. Avec les risques d’épidémies qui en découlent : c’est à partir de ces écoles qu’ont flambé, aux États-Unis, une épidémie de rougeole, et aux Pays-Bas une épidémie de poliomyélite en 1992. Par ailleurs, le président de l’académie insiste sur l’importance de renforcer la formation des professionnels de santé sur la vaccination. « Lorsqu’une personne entend le discours des anti-vaccinaux, dont le lobbying est puissant, elle devient hésitante face à la vaccination. Si lorsqu’elle interroge son médecin, ce dernier ne sait pas répondre, elle hésitera encore plus », souligne-t-il. La formation et l’information sont donc primordiales pour lutter contre les idées reçues.


Source : lequotidiendupharmacien.fr
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