Un rapport du Haut Conseil de la Santé publique

Des pistes pour booster la vaccination des seniors

Publié le 19/05/2016
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Afin d’améliorer les taux de couverture vaccinale chez les personnes âgées, qui sont très insuffisantes, le Haut Conseil de la Santé publique préconise d’inciter les professionnels à la vaccination à domicile et de mettre à jour les vaccinations systématiquement lors de la visite prévue à 75 ans. Par ailleurs, Il existe un besoin de développer de nouveaux vaccins contre des infections pouvant s’avérer très sévères chez la personne âgée.

Selon les projections démographiques, la part des 60 ans ou plus dans la population française devrait significativement augmenter jusqu’en 2035, passant de 21,7 % à 31 %.

Or les personnes âgées, qui sont plus à risque d’infections graves, ne sont pas suffisamment vaccinées, comme l’indique un rapport du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) destiné aux professionnels de santé. En effet, Les couvertures vaccinales contre la grippe sont très insuffisantes et en baisse constante depuis 2009-2010 chez les 65 ans et plus (48,5 % en 2014-2015 versus 63,9 % en 2009-2010). Elles sont heureusement plus élevées en établissements de personnes âgées, mais restent en deçà de 80 %. Par ailleurs, la vaccination contre le pneumocoque, recommandée chez les personnes âgées à risque d’infections invasives à pneumocoque, est très insuffisante, aux alentours de 25 %.

Pour augmenter l’acceptabilité et la couverture vaccinale chez les sujets âgés, le HCSP propose de faciliter la mise à disposition des vaccins au plus près des personnes âgées (c’est-à-dire à domicile) et d’inciter les médecins traitants à vacciner les seniors lors des visites à domicile. Ceci implique aussi de s’appuyer sur les pharmaciens qui, dans le cadre de leurs missions, proposent un service de livraison à domicile des vaccins. Le HCSP préconise également de systématiser la mise à jour du statut vaccinal chez le sujet âgé, sans attendre que les réponses immunes se soient effondrées. « Cette mise à jour pourrait avoir lieu lors du repérage de la fragilité, recommandé par la Haute Autorité de santé (HAS) de manière opportuniste à partir de l’âge de 75 ans », avance le HCSP.

Un besoin en nouveaux vaccins

Par ailleurs, il existe un besoin de nouveaux vaccins contre des infections pouvant s’avérer très sévères chez la personne âgée, toujours selon le rapport du HCSP.

Ainsi, on manque cruellement de vaccins contre les infections à Norovirus (qui provoquent des gastroentérites graves dans cette population), de vaccins contre le virus respiratoire syncytial (ces infections représentant 12,6 % des infections respiratoires basses chez les seniors) et de vaccins contre les infections à Clostridium difficile, plus fréquentes et plus graves chez les personnes âgées (en raison des comorbidités telles que les cancers et l’immunosuppression, de l’exposition plus fréquente aux antibiotiques et à un recours plus fréquent à la chirurgie gastro-intestinale).

Le rapport avance également le besoin de mettre à disposition un vaccin contre la grippe avec une immunogénicité accrue chez la personne âgée : « il n’est pas normal que le vaccin grippe à fortes doses qui a montré une immunogénicité et une protection accrue chez la personne âgée ne soit pas disponible en France », souligne le HCSP. Il faudrait aussi des vaccins plus efficaces chez la personne âgée contre le pneumocoque (avec un vaccin pneumococcique qui ne soit pas dépendant des génotypes) et contre le virus de zona.

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3266
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