Ainsi que le rappelle le Dr Pierre Loulergue (infectiologue, hôpital Cochin, Paris), la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), caractérisée par une baisse progressive de la capacité respiratoire, est la maladie respiratoire chronique au plus lourd impact en termes de morbidité et de mortalité.
En effet, on estime que celle-ci concernerait environ 3,5 millions de personnes et serait responsable de 16 000 décès prématurés en France. En outre, la BPCO, qui est responsable de près de la moitié des hospitalisations en rapport avec une affection respiratoire, est la cause d’environ 100 000 insuffisances respiratoires sévères nécessitant une oxygénothérapie.
L'infection, cause majeure de déclin respiratoire
L’évolution de la BPCO est souvent émaillée d’exacerbations, qui correspondent à des aggravations aiguës des symptômes respiratoires durant au moins 48 heures, et qui sont dues dans 50 à 80 % des cas à une infection ; bactérienne dans la majorité des cas, le pneumocoque se taillant la part du lion. Or on sait depuis longtemps que les exacerbations exposent à un risque élevé de récidive, accélèrent la détérioration de la fonction respiratoire ainsi que de la qualité de vie, et in fine augmentent la mortalité.
Comme le souligne le Dr Christophe Pinet (pneumologue, Ollioules), « la BPCO est en tant que telle un facteur de risque de pneumonie, les corticoïdes, notamment inhalés, majorant le risque de pneumonie chez ces patients. De plus, non seulement les patients BPCO ont un risque majoré de pneumonie, mais les conséquences de celle-ci sont plus graves chez ces malades à l’état respiratoire déjà dégradé ». De fait, l’incidence des pneumonies est 10 fois plus élevée chez les patients souffrant de BPCO que dans la population générale et l’incidence de la pneumonie dans la BPCO augmente avec la sévérité de la maladie. En outre, chez les patients BPCO, le fait d’avoir eu une pneumonie multiplie par 9 le risque d’être hospitalisé dans les 12 mois qui suivent l’infection pulmonaire.
D’autre part, la survenue d’une pneumonie chez les patients BPCO augmente le risque de mortalité durant l’hospitalisation : 13,2 % contre 4,8 % chez les patients BPCO sans pneumonie ; cette augmentation persistant à 3 mois (17 % vs 13 %).
De nouvelles recommandations du HCSP
Dans ce contexte, la vaccination représente une importance préventive clé. En complément de la recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS) de vacciner chaque année ces patients contre la grippe, le Haut Conseil de santé publique (HCSP) a décidé en mars dernier d’étendre aux adultes de tous âges non immunodéprimés à risque élevé d’infection invasives à pneumocoque la vaccination antipneumococcique. L'instance complète ainsi la recommandation de 2013 s’adressant aux adultes immunodéprimés. Cette vaccination concerne l’insuffisance respiratoire chronique, la BPCO (quel que soit le stade de la maladie), l’emphysème et l’asthme sévère sous traitement continu.
Comme on sait, il existe deux types de vaccins antipneumococciques : le vaccin polyosidique à 23 valences, qui offre une large couverture sérotypique, mais ne supprime pas le portage du pneumocoque dans la gorge du patient, ne confère qu’une protection de courte durée et ne possède pas d’effet rappel en cas de nouvelle injection vaccinale, et le vaccin conjugué (Prevenar 13), qui, quant à lui, est efficace contre le portage et bénéficie d’un effet mémoire.
Le HCSP a décidé d’associer les deux types de vaccins, conjugué et polyosidique. En pratique, les schémas vaccinaux recommandés chez les patients BPCO dépendent de leur statut vaccinal. Pour les personnes non antérieurement vaccinées : 1 dose de vaccin conjugué 13-valent en primo-vaccination, puis après un délai d’au moins 8 semaines, 1 dose de vaccin polyosidique 23-valent. Aux personnes n’ayant reçu que le vaccin polyosidique 23-valent, on recommande : 1 injection de vaccin conjugué 13-valent, si la vaccination antérieure remonte à plus de 1 an ; puis 1 injection de vaccin polyosidique 23-valent dans un délai minimal de 5 ans par rapport à l’injection précédente de ce même vaccin. Enfin, les personnes déjà vaccinées suivant la séquence vaccin conjugué vaccin polyosidique se verront proposer : 1 nouvelle injection de vaccin polyosidique 23-valent en respectant un délai de 5 ans après la précédente injection de ce vaccin.
L’intérêt de revaccinations ultérieures sera réexaminé en fonction des données d’efficacité de ces recommandations.
D'après une conférence de presse du Laboratoire Pfizer.
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