Un rapport de l’Académie de Pharmacie sur les vaccins

Revue de détail des adjuvants aluminiques

Publié le 04/04/2016
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L’Académie de Pharmacie vient de publier un rapport très documenté pour faire le point sur l’impact des adjuvants aluminiques contenus dans les vaccins. L’objectif étant de savoir dans quelle mesure ils auraient un rôle dans l’apparition de myofasciites à macrophages.

Face aux doutes exprimés sur la sécurité des vaccins à adjuvants aluminiques, l’Académie nationale de Pharmacie a entrepris une analyse en profondeur de toutes les données de la littérature et de pharmacovigilance sur le sujet.

À l’origine du débat, certaines personnes rendent responsables ces dérivés de l’aluminium de la survenue d’une myofasciite à macrophages. Cette symptomatologie complexe existe bel et bien. Elle se caractérise par des myalgies, des arthralgies, de la fatigue et troubles cognitifs, et on a observé chez les personnes qui en sont atteintes des dépôts d’aluminium dans le tissu musculaire (après biopsie musculaire).

Toutefois, la présence d’aluminium au point d’injection et l’apparition d’une myofasciite à macrophages ne suffisent pas pour incriminer les vaccins. Surtout que peu de cas ont été rapportés en regard du nombre de personnes vaccinées. En effet, aujourd’hui, 445 cas de myofasciite ont été notifiés aux centres de pharmacovigilance, alors que 160 millions de doses de vaccins contenant un adjuvant aluminique ont été administrées sur la même période. Par ailleurs, les Sages remarquent que, « d’une manière inexpliquée, les cas de myofasciite à macrophages n’ont été décrits qu’une soixantaine d’années après les débuts de l’utilisation de l’aluminium comme adjuvant ».

Manifestations limitées dans le temps et dans l’espace

Tout aussi inexpliquée est la restriction géographique relative de la description de ces phénomènes : « une équipe française a, à elle seule, regroupé plus de 95 % des observations mondiales », rapportent les académiciens.

Par ailleurs, les cas de myofasciites à macrophages ont formé un pic épidémique entre les années 1994 et 2002 (avec un maximum annuel d’une cinquantaine de cas en 1996), contemporain de la campagne nationale de vaccination contre l’hépatite B (1994-1998). D’après les données de pharmacovigilance, un seul nouveau cas de myofasciite à macrophages serait survenu depuis 2012, alors que, actuellement, environ 12 millions de doses de vaccins contenant un adjuvant aluminique sont administrées chaque année en France.

Ainsi, si l’Académie reconnaît que certaines manifestations cliniques sévères ont pu être associées à des injections vaccinales, elle rappelle qu’« aucun lien de causalité n’a pu être établi, à ce jour, avec les adjuvants aluminiques, d’autant que ces manifestations paraissent limitées dans le temps (non identifiées avant 1990 et semblant en extinction depuis 2012) et dans l’espace (la France a cumulé la quasi-totalité des cas décrits dans le monde) ».

Toutefois, l’Académie préconise de réaliser des travaux expérimentaux rigoureux pour tenter d’évaluer la réalité de la responsabilité des adjuvants aluminiques dans les manifestations cliniques observées chez certains patients. Y-a-t-il une partie de prédisposition génétique à la myofasciite ? Ou encore la dose administrée, la voie d’administration, la répétition des injections, la nature de l’antigène et du dérivé de l’aluminium utilisés auraient-ils un impact sur l’apparition de ces symptômes ? À ce jour, il n’est pas possible de répondre, étant donné qu’aucune étude épidémiologique n’a pu être conduite sans biais.

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3254
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