Vaccination en officine, mode d'emploi

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Publié le 30/10/2017
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Les pharmaciens de deux régions, la Nouvelle-Aquitaine et l’Auvergne-Rhône-Alpes, peuvent vacciner à l’officine contre la grippe, dans le cadre d’une expérimentation prévue sur 3 ans. Celle-ci sera étendue, dès l'automne 2018, à deux nouvelles régions, les Hauts-de-France et l'Occitanie. Mais en pratique, quels pharmaciens peuvent vacciner et sous quelles conditions ? Pour quelle rémunération ? Voici quelques points pour mieux cerner cette nouvelle mission.
vaccin

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Crédit photo : S. T.

Quatre régions

L’expérimentation de la vaccination en pharmacie contre la grippe, prévue sur 3 ans, est possible dans deux régions : la Nouvelle-Aquitaine et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Cela représente une population de 11 millions d’habitants avec différents profils de territoires (surdensité médicale et déserts médicaux, zones urbaines et rurales, zones montagneuses) et environ de 5 000 pharmacies.

L’objectif du test est d’améliorer la couverture vaccinale de la population cible.

Dès l'automne 2018, deux nouvelles régions, les Hauts-de-France et l'Occitanie, pourront à leur tour expérimenter la vaccination antigrippale à l'officine.

Quelles conditions remplir ?

Pour participer à l’expérimentation, il faut :

- Être pharmacien d’officine, titulaire ou adjoint, et inscrit à l’Ordre. Les étudiants et les préparateurs en pharmacie ne peuvent pas participer à l’expérimentation.

- Être volontaire.

- Exercer dans l'une des régions tests.

- Avoir validé une formation théorique et pratique sur la vaccination, qui respecte les objectifs pédagogiques fixés par l’arrêté du 10 mai 2017 (décret précisant les conditions de mise en œuvre de l’expérimentation).

Enfin, l’officine dans laquelle le pharmacien exerce doit répondre à certaines exigences : présence d’un espace de confidentialité accessible depuis l’espace client sans accès possible aux médicaments. Le local sera équipé d’une table ou d’un bureau et de chaises ou fauteuils pour installer la personne pour l’injection. La pharmacie devra également disposer d’un point d’eau, d’une enceinte réfrigérée pour le stockage des vaccins et d’un poste informatique pour pouvoir accéder à la plateforme dédiée à l'expérimentation vaccination de l'Ordre des pharmaciens.

En outre, la pharmacie disposera du matériel nécessaire pour l’injection, d’une trousse de première urgence et d’un système d’élimination des déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI).

Comment obtenir son autorisation ?

Une fois toutes les conditions préalables remplies, le pharmacien volontaire doit adresser sa demande au directeur général de l’agence régionale de santé (ARS), en mettant le Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens en copie, et l’accompagner d’une attestation de conformité au cahier des charges et d’une attestation de validation d’une formation. Dans un délai maximal de 2 mois, l’ARS notifiera sa décision au pharmacien (en général toujours positivement si le dossier est complet).

Qui peut être vacciné ?

Tous les adultes ciblés par les recommandations vaccinales en vigueur (voir encadré), sauf :

- les femmes enceintes

- les personnes qui n'ont jamais été vaccinées contre la grippe (pas de primo vaccination en pharmacie)

- les personnes à risque particulier (immunodéprimés)

- les personnes sous traitement anticoagulant, à l’exception de celles sous antiagrégants plaquettaires (par exemple, acide acétylsalicylique, clopidogrel…)

Quels papiers devront présenter les personnes qui veulent se faire vacciner ?

Le bon de prise en charge édité par la CNAMTS ou par le médecin, ou une ordonnance médicale. Seuls les bons de prise en charge permettent la délivrance du vaccin sans avance de frais et le remboursement pour le pharmacien. La présentation d’une prescription médicale n'ouvre pas droit à une délivrance gratuite du vaccin contre la grippe.

Déroulé de la vaccination : documents et obligations

Avant de pratiquer la vaccination, le recueil du consentement écrit du patient est obligatoire.

Une fois le vaccin administré (en injection en IM au niveau du deltoïde), le patient devra rester 15 minutes en observation à la pharmacie. Mais ce délai, non exigé pour les autres professionnels de santé qui vaccinent, tient de « l’aberration », selon Alain Guilleminot, président de l'organisme de formation UTIP.

Puis le pharmacien remet au patient une attestation de vaccination contre la grippe saisonnière dénommée « certificat d’administration du vaccin » (avec nom et numéro de lot du vaccin administré), qui est édité à partir de la plateforme « vaccination » de l’Ordre national des pharmaciens.

L’officinal doit conserver pendant toute la durée de l’expérimentation une copie du formulaire de consentement et une copie du certificat d’administration du vaccin.

L’information au médecin

Le pharmacien doit avertir le médecin traitant du patient, si le patient a donné son accord. Il pourra l’en informer via le DMP ou le carnet de vaccination électronique (qui est testé dans les deux régions élues), ou via messagerie sécurisée.

La rémunération

4,50 € par personne vaccinée bénéficiant d’une prescription médicale

6,30 € par personne vaccinée bénéficiant d’un bon de renouvellement de prise en charge émis par l’assurance maladie.

De plus, chaque officine participant à l’expérimentation recevra 100 € au titre du dédommagement lié aux contraintes spécifiques de l’expérimentation, pour chaque pharmacien participant à l’expérimentation ayant réalisé au moins cinq vaccinations au sein de cette officine.

Cette rémunération ne sera versée qu’à la fin de chaque campagne de vaccination contre la grippe.

Faut-il une assurance spécifique ?

En principe, le contrat d’assurance de l’officine couvre l’ensemble des actes professionnels réalisés par les pharmaciens dans le cadre de leur exercice professionnel. Il n’y aurait donc pas de démarche supplémentaire à entreprendre à ce sujet lorsqu’un pharmacien participe à cette expérimentation. « À cet égard, l’Ordre a écrit aux assureurs et aux fédérations d’assurance qui couvrent une grande partie des pharmaciens, afin de s’en assurer. Une confirmation écrite a été donnée par chacun d’eux », précise l’Ordre national des pharmaciens.

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3384
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