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Vaccination : six jours pour convaincre

Publié le 25/04/2016
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La semaine européenne de la vaccination, qui se tient du 25 au 30 avril, est l’occasion pour les pharmaciens de se mobiliser en faveur de cet acte de prévention. Une partie loin d’être facile face aux pénuries et aux campagnes de dénigrements contre les vaccins.

La semaine européenne de la vaccination démarre aujourd’hui. Plus de 200 pays y participent avec l’objectif de « combler les lacunes en matière de vaccination ».

À l’origine de cette opération, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a fort à faire pour relever ce défi, avec, d’un côté, des populations des pays pauvres et/ou en guerre luttant pour accéder aux vaccins de base, et, de l’autre, les habitants des contrées développées pour qui l’accès aux doses est aisé mais qui ont tendance à croire qu’on cherche à les empoisonner.

En France, comme dans le reste du monde, l’OMS encourage donc les gouvernements à s’impliquer dans la protection de leur population et déplore la nuisance des mouvements antivaccins, qui contribuent à abaisser la couverture vaccinale.

Des bénéfices individuels et collectifs

Les professionnels de santé, dont les pharmaciens (voir encadré), ont donc une semaine pour convaincre les réticents des bénéfices, aussi bien individuels que collectifs, de la vaccination.

Au comptoir, les explications ne sont pas toujours faciles, la politique vaccinale française paraissant bien fragile. D’abord à cause de ses incohérences : la vaccination obligatoire concerne uniquement la diphtérie, le tétanos et la polio (DTP) et n’est, dans le même temps, que recommandée pour des pathologies particulièrement préoccupantes (hépatite B, haemophilus influenzae b, coqueluche).

Ensuite parce qu’aucun vaccin contenant uniquement les trois valences obligatoires n’est disponible sur le marché. Enfin parce que les ruptures de stock viennent perturber davantage encore le message sur l’importance des vaccins.

Convoqués fin janvier par la ministre de la Santé Marisol Touraine, les industriels se sont engagés à ce qu’il n’y ait plus de rupture d’approvisionnement sur le vaccin hexavalent* au cours de l’année 2016 et à fournir au ministère, en temps réel, l’état de leur stock. La ministre a également exigé des entreprises qu’elles fournissent dans les 48 heures un vaccin tétravalent (DTCP) aux quelques familles françaises qui le réclament.

Une concertation citoyenne

L’action de Marisol Touraine pour relancer la vaccination va plus loin. La ministre de la Santé a ainsi présenté le 12 janvier un plan national de rénovation vaccinale. S’appuyant sur les recommandations du rapport de Sandrine Hurel, il prévoit toute une série de mesures pour mieux informer les professionnels de santé et les patients, améliorer les connaissances sur les vaccins, soutenir la recherche, sécuriser l’approvisionnement et rétablir la confiance.

Sur ce dernier point, la ministre a choisi de lancer une grande concertation citoyenne. Le comité d’orientation de la vaccination qui pilote la concertation a pris place le 7 avril dernier et se charge de mener une enquête pour savoir quelles sont les connaissances des Français en matière de vaccination et leurs attentes du débat public. Le résultat de l’enquête et les propositions des jurys d’usagers et de professionnels de santé seront présentés sur une plateforme Web à l’automne afin de recueillir l’avis des internautes, avant une journée publique d’échanges.

En fin d’année, la synthèse des propositions et recommandations sera remise au ministère de la Santé. Peut-être que le projet de la vaccination antigrippale par les pharmaciens y figurera. La présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, n’aurait rien contre, bien au contraire. Tout comme le président de l’UTIP, Alain Guilleminot, qui considère que « l’intervention du pharmacien pourra faire évoluer de manière significative le taux de la couverture vaccinale ». À suivre.

*Diphtérie, tétanos, polio, coqueluche, hépatite B et haemophilus influenzae b.
Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3260
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