Très joliment présenté et destiné aux enfants de 5 à 12 ans, le magazine « Medizini » est d’autant plus prisé de ces derniers qu’il leur offre, chaque mois, un superbe poster représentant un animal. Édité par « Wort und Bild », leader incontesté des magazines destinés aux clients des pharmacies, « Medizini » commence l’année avec une polémique dont il se serait volontiers passé.
Plusieurs pharmaciens ont en effet été choqués de lire, dans le numéro de janvier, un article intitulé « Es-tu satisfait(e) de ta silhouette ? » qui, selon eux, incite les enfants à s’interroger sur leur poids et, surtout, leur surpoids éventuel : une pharmacienne, abonnée à la revue, a expliqué sur sa page Facebook qu’elle ne distribuerait pas le numéro de janvier à ses clients parce qu’il constitue un premier pas vers une valorisation de la minceur, voire de la maigreur, et peut ainsi menacer les préadolescentes.
D’autres officinaux lui ont aussitôt emboîté le pas, en retirant eux aussi la revue, ou en ne la mettant sur les comptoirs qu’après avoir découpé les pages litigieuses. Pour eux, ce n’est pas aux pharmaciens de susciter ce type de questionnements esthétiques, alors même que l’Internet, comme nombre de revues traditionnelles, est déjà gravement « pollué » par les apologies de la minceur.
Suite à ces polémiques, la presse généraliste s’est emparée de l’affaire, expliquant que des pharmaciens se révoltaient contre les incitations excessives à la minceur, y compris au sein de leurs propres publications. La rédaction de « Medizini », extrêmement ennuyée, a publié un long communiqué expliquant que l’article ne faisait aucunement l’apologie de la minceur ou de la maigreur, mais voulait pousser les enfants à s’interroger sur leur alimentation.
Le surpoids des enfants, en Allemagne comme ailleurs, constitue en effet un problème croissant de santé publique. Mais beaucoup de pharmaciens continuent à reprocher à « Medizini » d’avoir manqué de finesse dans la présentation du sujet, et ils sont maintenant de plus en plus nombreux à retirer eux aussi les pages concernées de la revue, voire à ne pas la distribuer. On ne connaît pas encore, toutefois, les réactions des enfants privés de revue qui, silhouette ou pas, risquent surtout de pleurer leur poster animalier mensuel…
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