Génériques

Les Italiens boudent toujours

Publié le 18/04/2016
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En Italie, certains médecins déconseillent les génériques au prétexte que leur efficacité est moindre par rapport à celle des princeps. Du coup, le marché a du mal à décoller.

En 2014, le Pr Silvio Garattini, pharmacologue et directeur de l’institut pharmacologique milanais Mario Negri, attribuait le manque de succès des génériques en Italie à un problème de sémantique. Depuis, la situation n’a visiblement pas évolué.

« La faible consommation de médicaments équivalents est liée à leur appellation qui donne aux consommateurs l’idée d’un produit dénué de caractéristiques spécifiques, donc peu crédible », estime Tonino Aceti. Dans un entretien accordé au quotidien en ligne « Farmacista 33 », le coordinateur national du tribunal des droits du malade parle de déficit de communication difficile à combler. « Les institutions ont remplacé l’appellation générique par équivalent. Mais c’était trop tard, le mal étant fait », assène Tonino Aceti.

Dans un rapport publié fin 2015, Assogenerici, l’association de l’industrie pharmaceutique du générique, estime la part de marché des médicaments équivalents à 19,1 %. Elle chiffre aussi le volume des ventes à 10,3 % de la consommation pharmaceutique globale des Italiens. Trop peu pour les défenseurs des médicaments équivalents.

Mais inverser la tendance ressemble à une mission impossible. Pour preuve, une étude publiée en début d’année par Cittadinanzattiva, l’association à l’origine de la création en 1980 du tribunal des droits du malade : « 33 % des personnes interrogées estiment que les princeps sont plus efficaces, 47,3 % affirment qu’ils ne remplaceraient jamais leur médicament princeps par son équivalent, 21,6 % ont carrément peur de le faire et 30,8 % sont influencés par leurs médecins de famille qui déconseillent le recours aux équivalents ! », détaille Tonino Aceti.

Pour modifier la perception des Italiens, le tribunal du malade et l’association Cittadinanzattiva ont organisé une campagne de communication dans douze grandes villes italiennes. « Notre objectif est de transmettre la culture des médicaments équivalents », confie Tonino Aceti. À suivre…

Ariel F. Dumont

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3258
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