Un quart des officines menacées en Angleterre

Les Britanniques volent au secours de leurs pharmacies

Publié le 12/05/2016
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Menacés par un plan d’économies qui pourrait, à terme, entraîner la fermeture de près d’une officine sur quatre, les pharmaciens britanniques se mobilisent et lancent, avec succès, une grande campagne de sensibilisation ainsi qu’une pétition qui a déjà recueilli plus d’un million de signatures.
Le gouvernement britannique veut réduire le nombre d’officines

Le gouvernement britannique veut réduire le nombre d’officines
Crédit photo : S. TOUBON

Afin d’économiser 22 milliards de livres, soit 28 milliards d’euros d’ici à 2021, le gouvernement britannique prépare un vaste plan d’économies touchant toutes les branches de la santé dont les pharmacies d’officine. Ces dernières sont financées grâce à un honoraire de délivrance, que le gouvernement souhaite abaisser de 6 % dès le mois d’octobre. Selon le gouvernement, les 14 000 pharmacies britanniques, dont 12 000 pour la seule Angleterre, sont désormais trop nombreuses et surtout mal réparties géographiquement, car trop concentrées dans les villes. Les autorités considèrent que la baisse des honoraires les poussera à améliorer leur rentabilité, y compris en les incitant à se regrouper. Par ailleurs, le gouvernement soutient de nombreux projets pour optimiser la distribution du médicament, notamment en développant la profession de pharmaciens cliniques qui travailleraient directement dans les cabinets médicaux. De même, le gouvernement souhaite que les pharmaciens assurent encore plus de nouvelles missions, autres que la seule délivrance, en exerçant dans le cadre de structures de santé intégrées pluridisciplinaires, où ils s’occuperaient entre autres de prévention et d’éducation thérapeutique.

De leur côté, les pharmaciens voient ce nouveau plan d’économie comme une menace qui pourrait, rien qu’en Angleterre, entraîner la fermeture de 1000 à 3000 officines, soit jusqu’à une sur quatre. L’Association nationale des pharmaciens, qui regroupe principalement les pharmaciens indépendants du pays, estime que ce plan, loin de rentabiliser les officines et d’améliorer la répartition, entraînera la fermeture de très nombreuses petites pharmacies locales et rurales, mais touchera peu les grandes chaînes qui, justement, dominent les centres-villes. Les chaînes regroupent environ la moitié du total des pharmacies britanniques, les indépendants étant plutôt installés à la campagne ou dans les petites villes.

Le succès de la campagne de protestation lancée par l’Association, http://supportyourlocalpharmacy.org/, dépasse déjà toutes les espérances, au point qu’elle pourrait constituer l’une des plus grandes actions de ce type jamais menées dans le pays. Que ce soit dans la presse, sur Internet et bien sûr dans les officines, les Britanniques sont invités à signer la pétition contre le plan, et à l’envoyer, par courrier ou par fax, au ministère de la Santé. Les signatures progressent, actuellement, au rythme de 30 000 par jour, selon les initiateurs de la campagne.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3264
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