Attentats de Bruxelles

Un pharmacien français porte les premiers secours

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Publié le 29/03/2016
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Romain Guitton, jeune pharmacien français stagiaire d’une officine bruxelloise, a porté secours au matin du 22 mars, quelques minutes seulement après l’attentat survenu dans le métro. Joint par « Le Quotidien », notre confrère raconte avec pudeur et émotion cette journée pas comme les autres.
Un acte banal, dans des circonstances exceptionnelles

Un acte banal, dans des circonstances exceptionnelles
Crédit photo : DR

L’officine vient à peine d’ouvrir, lorsque, à 9 h 10, une puissante déflagration retentit à la station Maelbeek du métro bruxellois. Pour Romain Guitton, stagiaire à la pharmacie Berlaymont à Bruxelles, c’est le début d’une journée qu’il n’est pas près d’oublier. L’officine est située à moins de 500 m du lieu de l’attentat, en face de l’immeuble de la Commission européenne et à proximité de la station de métro Schuman, la plus proche de celle où a eu lieu le drame.

« Très vite, les sirènes commencent à retentir et des véhicules de secours à défiler devant l’officine, se souvient le jeune angevin originaire de Bouchemaine (Maine et Loire) ; à la radio un appel est aussitôt diffusé pour que chacun reste là où il est. Une consigne que nous respectons. Quelques minutes plus tard, il est peut-être 9 h 30, un homme pousse la porte de l’officine. C’est un client du quartier que nous connaissons bien. Il a les mains et le cou en sang. Avec le reste de l’équipe je le prends en charge immédiatement. Il est en état de choc et nous explique avoir déjà retiré un éclat de son cou. Nous nettoyons et désinfectons ses plaies. »

À trois wagons de l’explosion

En évoquant ces instants, la voix du futur pharmacien tremble imperceptiblement, mais il poursuit, comme pour exorciser la noirceur de cette funeste matinée. « Nous avons inspecté sa tête et vérifié qu’il n’avait pas d’autres plaies, puis nous l’avons écouté. » Le quadragénaire se trouvait dans la rame de métro qui a sauté. Il était à peu près au milieu du convoi, à trois wagons de celui où a eu lieu l’explosion.

« Il nous a raconté comment il a réussi à sortir, avec difficulté, du chaos provoqué par l’attentat. Il nous a expliqué que, les portes du métro et même l’escalator étant déchiquetés, la panique était terrible et les gens hurlaient et couraient. »

Romain Guitton finira en juin son stage de 5 mois dans la pharmacie Berlaymont. Après avoir suivi, comme beaucoup d’autres jeunes Français, ses études à l’université catholique de Louvain (UCL), il regagnera la France, avec son diplôme de pharmacien… et le triste souvenir d’un gris matin de mars.

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3252
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