E-santé

La revanche du gadget

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Publié le 18/04/2016
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Autant l’avouer d’emblée : j’ai un faible pour les gadgets ! Tout ce qui marche à pile, sonne, clignote, vibre, roule, vole ou simplement contient la moindre puce ou circuit intégré, fait briller mes yeux comme ceux d’un enfant gâté. Un penchant qui suscite plus le mépris amusé et les quolibets que l’admiration, tant il est vrai que le monde des gadgets fait souvent rimer futile avec inutile. Pourtant, nous les geeks, tenons peut-être notre revanche dans cette petite histoire médicale survenue à un quadragénaire américain.

L’homme est hospitalisé en urgence en état de grand mal épileptique. Sa crise est jugulée par l’administration de diltiazem, mais sa pression artérielle reste à 135/64 mm Hg et son cœur bat, irrégulièrement, au rythme de 130 à 190 battements/mn. Le patient et son épouse affirment aux médecins l’absence d’antécédent cardiaque. L’épisode de fibrillation auriculaire est pourtant attesté. Mais un dilemme se pose aux urgentistes.

En effet, toute fibrillation auriculaire d’apparition récente justifie du traitement par électrocardioversion, pour peu que le patient puisse témoigner avec certitude d’un délai de déclenchement de l’arythmie de moins de 48 heures. Or le malade étant asymptomatique lors de son épisode de fibrillation, il n’est pas possible d’en définir l’heure d’apparition et encore moins d’en définir le caractère chronique.

Problème, car en cas de cardiopathie chronique, l’électrocardioversion est susceptible de provoquer un AVC… Par bonheur, les médecins notent la présence d’un tracker d’activité au poignet du malade (Fitbit). Ils ont alors l’idée de relever l’historique du tracé cardiaque en consultant l’application dédiée sur son smartphone. Bingo ! La fibrillation auriculaire est estimée à 3 heures avant son admission aux urgences. La crise semble isolée, l’électrochoc est appliqué avec succès.

Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, un bracelet connecté vient de guider les soignants et a permis un véritable petit miracle médical. Vous ai-je dit le nom de l’hôpital où s’est déroulée cette histoire de santé des temps modernes ? Notre Dame de Lourdes…

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3258
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