Ce calendrier vaccinal 2025 est le parfait reflet de la situation épidémiologique en France. Les nouvelles recommandations contre les méningocoques occupent beaucoup de terrain, recrudescence des cas oblige. Les nouvelles recommandations visent aussi les séniors, dont les couvertures vaccinales sont toujours insuffisantes.
Méningo, pneumo : nouvelles vaccinations à l’officine
La vaccination contre les sérogroupes ACWY et B est désormais obligatoire chez tous les nourrissons, c’est-à-dire nés avant 2025 et âgés jusqu’à 2 ans (et non plus seulement ceux nés à partir du 1er janvier 2025). Même les nourrissons déjà vaccinés contre le sérogroupe C doivent recevoir leurs doses de vaccins ACWY (Nimenrix ou Menquadfi). Chez les plus âgés, le nouveau calendrier vaccinal réitère la recommandation de vacciner tous les adolescents de 11 à 14 ans contre les méningocoques ACWY, indépendamment de leur statut vaccinal. Fait nouveau, cette vaccination est recommandée chez les jeunes de 15 à 24 ans révolus, public éligible à la vaccination en pharmacie. Mais l’avancée vient surtout de l’inscription de la vaccination chez les 15-24 ans contre le méningocoque B, ouvrant la possibilité d’une prescription et de l’administration à l’officine. Enfin, s’il n’est pas écrit noir sur blanc dans le calendrier vaccinal, le rattrapage transitoire des vaccinations ACWY et B chez les 2 à 4 ans révolus sera bien pris en charge par l’assurance-maladie « dans les mêmes conditions » que les autres cibles, confirme la direction générale de la santé (DGS) au « Quotidien du pharmacien ».
Dans les autres grands changements, la vaccination contre les pneumocoques est élargie à toutes les personnes de 65 ans et plus, et non plus les seules personnes âgées avec comorbidités, avec un vaccin à 20 valences (Prevenar 20), selon un schéma à dose unique. « Moins de 20 % des personnes âgées de 65 ans et plus à risque élevé d’infection à pneumocoque est vacciné », justifie la Dre Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.
VRS : en chantier
Les recommandations de vaccination contre le virus respiratoire syncytial (VRS) font leur entrée dans le calendrier. Les vaccins Abrysvo, Arexvy ou mRESVIA sont commandés (sans préférence entre les trois vaccins) chez toutes les personnes âgées de 75 ans et plus, et chez les personnes âgées de 65 ans et plus présentant une pathologie respiratoire chronique ou cardiaque susceptible de décompensation lors d’une infection à VRS. Reste maintenant à fixer un prix à ces trois vaccins pour qu’ils puissent entrer dans le droit commun du remboursement.
Toujours sur la vaccination VRS, la recommandation du vaccin Abrysvo chez la femme enceinte entre la 32e et la 36e semaine d’aménorrhée en amont de la période épidémique et jusqu’à la fin de cette période est gravée dans le calendrier, après une première saison hivernale, pour protéger les nouveau-nés et les nourrissons de moins de 6 moins.
Autre entrée remarquable : celle de la vaccination contre la dengue, recommandée avec le vaccin Qdenga aux résidents des Antilles, de Guyane, de Mayotte et de La Réunion, chez les enfants et adolescents âgés de 6 à 16 ans avec antécédent documenté de dengue et chez les personnes âgées de 17 à 60 ans présentant des comorbidités (drépanocytose, hypertension artérielle compliquée, diabète, obésité, insuffisance rénale, affections cardio-pulmonaires chroniques, autres hémoglobinopathies, thrombocytopathies), avec ou sans antécédent de dengue.
Pour protéger les populations vulnérables contre une autre infection en recrudescence, avec un nombre de décès particulièrement élevé chez les nouveau-nés et les nourrissons depuis 2024, le renforcement de la vaccination contre la coqueluche est maintenu. Ainsi, un rappel est toujours recommandé pour les adultes de plus de 25 ans appartenant à l’entourage du nouveau-né (parents, fratrie, grands-parents et autres personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le nourrisson au cours de ses six premiers mois), sauf si la mère a été vaccinée pendant la grossesse au moins un mois avant l'accouchement (rappel dTcaPolio). Les professionnels de santé et de la petite enfance sont aussi visés, avec une vaccination à réaliser si la dernière injection date de plus de 5 ans. « Pour la femme enceinte, la vaccination contre la coqueluche, c’est à chaque grossesse », rappelle la DGS.
De nouvelles obligations vaccinales pour les soignants ?
Les soignants sont aussi au cœur de la nouvelle stratégie vaccinale 2025-2030 que la DGS veut « ambitieuse » afin « de mieux vacciner à tous les âges de la vie en simplifiant encore l’accès à la vaccination. » Dans les plans des autorités : « la mise à disposition de stock de vaccins chez les professionnels de santé en ville », sans plus de précision de la part de la DGS. L’Académie nationale de médecine réclamait, il y a encore quelques semaines, des vaccins chez les médecins.
Autre question en suspens, les obligations vaccinales des soignants pourraient évoluer. Selon la DGS, la Haute Autorité de santé (HAS) travaille actuellement à mesurer « le fardeau de santé publique que porte la moindre couverture vaccinale des soignants, que ce soit sur la vaccination grippe ou les vaccinations saisonnières. C’est une fois que l’on aura ces informations que des évolutions pourraient avoir lieu. » Conclusions attendues « à l’été ou à la rentrée prochaine ».