Avec plus de 400 cas de rougeole recensés depuis début 2025, la France atteint en un trimestre le nombre de cas enregistrés sur toute l’année 2024 (à 56 près) , selon des données publiées ce 29 avril par Santé publique France (SPF), nouvelle illustration de la recrudescence de cette maladie en France et dans le monde. « Du 1er janvier au 13 avril 2025, 427 cas de rougeole ont été déclarés, soit un total approchant le nombre de cas (483) déclarés en 2024 », indique l'agence sanitaire, dont 15 % de cas importés après un séjour des personnes à l'étranger (Maroc, Roumanie, Italie, Vietnam, Royaume-Uni…). Ceci, alors que l’année 2024 enregistrait déjà quatre fois plus de cas qu’en 2023. Les quatre classes d’âges les plus concernées sont les enfants de 1-4 ans (17 %), les adolescents de 15-19 ans (10 %), les adultes de 30-39 ans (11 %) et de plus de 40 ans (14 %). Plus de la moitié des départements ont rapporté au moins un cas, les plus touchés étant le Nord (76 cas), l’Isère (30), la Haute-Savoie (23), les Bouches-du-Rhône (20), le Val-d’Oise (19), l’Hérault (17), ou encore Paris (15 cas). Plus d'un tiers des cas (33,5 %) ont entraîné un passage aux urgences ou une hospitalisation, plus d'un sur dix (13,6 %) a connu une complication, en majorité des pneumopathies, mais aussi une encéphalite, chez des nourrissons, jeunes enfants, et jeunes adultes. Un décès a été rapporté chez un adulte immunodéprimé (contre aucun en 2024). Il y a eu par ailleurs 56 cas groupés, majoritairement dans l'entourage familial, mais aussi dans des collectivités d'enfants, des établissements de santé ou parmi des gens du voyage.
Défaut de vaccination
Parmi les sujets ciblés par la vaccination (âgés de plus de 1 an et nés à partir de 1980) et pour lesquels le statut vaccinal était connu (n = 304), 208 (68,4 %) cas de rougeole sont survenus chez des sujets non ou incomplètement vaccinés, note SPF. « La couverture vaccinale nécessaire pour permettre l’élimination de cette maladie (95 % pour deux doses de vaccins) n’est toujours pas atteinte », soulignait la Direction générale de la santé (DGS) ce début de semaine, lors de la présentation du nouveau calendrier vaccinal. Les autorités invitent à vérifier le statut vaccinal de toutes les personnes nées à partir de 1980 (deux doses, voire trois si la première a été administrée avant l’âge de 1 an). « Au-delà de la vaccination des nourrissons, il convient de poursuivre le rattrapage des personnes non ou insuffisamment vaccinées, en particulier parmi les professionnels de santé », ont-elles rappelé. « Chaque rencontre avec un professionnel de santé est une occasion de vérifier le statut vaccinal et de le mettre à jour à chaque âge de la vie », a insisté le Dr Grégory Émery, directeur général de la Santé.
Chaque rencontre avec un professionnel de santé est une occasion de vérifier le statut vaccinal et de le mettre à jour à chaque âge de la vie
Dr Grégory Émery, directeur général de la Santé
De son côté, SPF insiste sur l’importance du signalement sans délai des cas aux ARS et l’envoi de prélèvements biologiques au Centre national de référence de la rougeole (CNR), afin de mettre en place les mesures de prévention et de prophylaxie post-exposition, notamment au sein des collectivités.
Le rebond de la rougeole concerne de nombreux pays, sur fond de vaccination insuffisante. Dans la région Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui comprend 53 pays d’Europe et d’Asie centrale, le nombre de cas a doublé en 2024, à plus de 128 000 et 38 décès, d’après les données publiées mi-mars. Aux États-Unis, où la maladie était considérée comme éradiquée en 2000, plusieurs centaines de cas se sont déclarés, causant les premiers décès depuis une dizaine d'années. Selon les derniers chiffres de l’OMS, 2 318 cas dont trois décès ont été rapportés entre le 1er janvier et le 18 avril dans les six pays de la région Amérique (Brésil, Bélize, Argentine, Canada, États-Unis, et Mexique), soit 11 fois plus qu’à la même période en 2024. Les jeunes de 1 à 29 ans, non ou mal vaccinés, sont les plus touchés.
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