De l'hésitation à l'acceptation vaccinale

Une stratégie précoce dès la maternité

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Publié le 15/04/2025

La lutte contre la défiance face à la vaccination et l'amélioration des couvertures vaccinales (CV) sont des priorités reconnues par l'OMS, mais à ce jour les stratégies traditionnelles d'éducation ou d'information ne suffisent pas pour changer les croyances et les comportements. Un programme précoce d'éducation des parents a été mis en place avec succès au Québec pour réduire leur niveau d'hésitation vaccinale pour les enfants.

L'entrée en vigueur en France des obligations vaccinales de la petite enfance à partir de janvier 2018 n'a pas encore permis de retrouver une situation tout à fait satisfaisante puisque 3 enfants sur 10 présentent encore des retards importants de vaccination, associés à des schémas vaccinaux incomplets. La défiance, aussi dénommée hésitation vaccinale, des parents participe à cette situation propice à la diffusion de maladies et à la réémergence d'épidémies comme celle de la rougeole. Plusieurs études ont été menées au Québec et au Canada afin de valider l’efficacité de la stratégie PromoVac qui consiste à réaliser auprès des parents, en maternité dès la naissance de leur enfant, une intervention éducative en utilisant les principes de l’Entretien Motivationnel (EM). Ce style de conversation collaborative implique une relation de partenariat où le professionnel de santé reçoit, sans jugement et sans essayer de contre-argumenter, les préoccupations de la mère ou du couple afin de l'aider à résoudre son ambivalence avec empathie et bienveillance et la (le) guider vers un comportement plus favorable à la vaccination en renforçant sa motivation grâce à des informations claires, précises, adaptées à son cas. « Au Québec, cette stratégie s'est généralisée à l'ensemble des maternités en programme EMMIE (Entretien motivationnel en maternité pour l'immunisation des enfants). L’évaluation de la première année d’implantation de ce programme sur plus de 40 000 parents a démontré son efficacité à réduire le niveau d’hésitation vaccinale infantile des parents de 30 %, à améliorer leur intention de vaccination de 10 % et a permis une amélioration de CV de 10 % pour la période 0-2 ans » résume le Pr Arnaud Gagneur pédiatre néonatologue à l’Hôpital Fleurimont (Université de Sherbrooke, Canada).

Réplication de la stratégie en France

Les résultats prometteurs de ces essais multicentriques ont conduit L’Agence régionale de santé (ARS) PACA à lancer un projet pilote Motivac-Mater dans cette région, en raison des taux élevés d’hésitation vaccinale chez les parents et des problèmes de CV infantiles insuffisantes. Il a été décidé, dans le contexte des obligations vaccinales, de tester dans deux maternités (l'une à Toulon, l'autre à Marseille) si la stratégie éducative basée sur un entretien motivationnel (EM), mise au point et généralisée à l’ensemble des maternités du Québec (Programme EMMIE), était réplicable en France. Les entretiens ont été réalisés par trois sages-femmes formées à l'EM. L'impact important à court et moyen termes des interventions sur l’hésitation vaccinale des mères (réduction d’un tiers) et leur intention ferme de vacciner leur nouveau-né (+ 8 %) sont autant d'éléments qui montrent l’efficacité et la faisabilité de cette intervention dans les maternités en France.

La quasi-totalité des mères (96 %) ont déclaré que l'entretien était utile et avait respecté leur opinion sur la vaccination et leur autonomie

La satisfaction des parents sur le déroulement du programme était d'environ 95 % et la quasi-totalité des mères (96 %) ont déclaré que l'entretien était utile et avait respecté leur opinion sur la vaccination et leur autonomie. Les effets positifs observés étaient toujours aux mêmes niveaux sept mois plus tard. Ces éléments plaident en faveur du déploiement de l’intervention à une plus grande échelle en France pour améliorer la confiance vaccinale des parents dans un monde exposé en permanence à la désinformation. Le soutien des acteurs régionaux et nationaux est un levier indispensable à la bonne réalisation de déploiement.

D'après une visioconférence de la Société française de médecine périnatale (sfmp).

Christine Nicolet