De l’hôpital à la médecine de ville

Comment lever les derniers freins au développement du générique ?

Publié le 27/06/2016
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Doutes sur l’efficacité, la sécurité, la qualité et l’usage des génériques… Chez les médecins, le générique ne convainc pas encore totalement. Pour tenter faire céder ces derniers freins, les autorités de santé mènent une campagne d’information sur le générique auprès de ces professionnels de santé.

Avant de lancer, en septembre prochain, une campagne de communication pour convaincre le grand public de l’importance de développer les génériques en France, les autorités de santé ont choisi d’adresser tout d’abord leurs messages aux professionnels de santé.

Notamment aux médecins, encore insuffisamment investis dans la problématique du générique. En effet, selon les données de fin avril 2016, seulement 44,2 % des médicaments prescrits par les médecins sont généricables (médicaments inscrits au répertoire des génériques, que ce soit un princeps, un générique ou une DCI).

Ainsi, des fiches explicatives présentent aux médecins les principales études menées en vie réelle sur l’efficacité et la tolérance des génériques dans plusieurs domaines thérapeutiques. En premier lieu, le rapport de l’IGAS qui conclut en 2012, après une revue complète de la littérature, à une absence de supériorité des médicaments princeps par rapport aux génériques, y compris pour ceux à marge thérapeutique étroite (antiépileptiques, etc.). En 2015, dans le domaine de l’épilepsie, une étude menée sur plus de 8 000 patients bien contrôlés par leur médicament antiépileptique, suivis sur deux ans, montre qu’il n’y a pas d’augmentation du risque de récidive de crise d’épilepsie quand on substitue son médicament par un générique. Idem dans le domaine cardio-vasculaire : une méta-analyse de 38 études conclut à une efficacité équivalente entre spécialités d’origine et génériques.

Risque de confusion chez les seniors

Autre argument avancé par les médecins : la prescription de princeps non substituable chez les personnes âgées permet d’éviter les confusions dues à une forme galénique ou un conditionnement différent. Toutefois, l’assurance-maladie rappelle que les pharmaciens se sont engagés contractuellement à assurer la dispensation de la même marque de générique auprès de 90 % de personne âgées de plus de 75 ans sur un 12 molécules ou associations (atorvastatine, candésartan, candésartan + hydrochlorothiazide (HCTZ), clopidogrel, irbésartan, irbésartan + HCTZ, losartan, losartan + HCTZ, nébivolol, répaglinide, valsartan, valsartan + HCTZ). Un objectif plus qu’atteint, puisque 93 % des seniors concernés ont reçu la même marque de génériques en 2015 pour ces 12 molécules.

Casse-tête hospitalier

Par ailleurs, à l’hôpital, les laboratoires de princeps mènent des campagnes agressives pour remporter les appels d’offres hospitaliers. Conclusion : les ordonnances de sortie hospitalière ne sont pas rédigées en DCI. Elles sont souvent un casse-tête pour les médecins, qui n’osent pas les modifier, et pour les pharmaciens, qui osent moins les substituer. La campagne gouvernementale a donc édité un mini-répertoire des génériques destiné aux praticiens hospitaliers pour faciliter leur prescription en DCI et au sein du répertoire. Les autorités de santé espèrent, en convainquant d’abord les professionnels de santé, que l’on pourra convaincre les patients et faire enfin progresser l’usage du générique en France.

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3277
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