73 % des traitements antipoux vendus en officine ne permettent pas d’éliminer efficacement ces parasites et leurs œufs, selon une étude menée en 2024 sur 27 produits. Au final, seulement cinq antipoux, soit 27 % de l’offre testée, sont réellement efficaces contre les poux et lentes. Pourtant, ce ne sont pas ceux que les Français achètent le plus…
Une étude française, publiée dans « Cureus Journal of Medical Science » le 23 juin, a évalué l'efficacité de 27 traitements antipoux, disponibles en vente libre dans les pharmacies françaises. L’efficacité des produits a été testée en laboratoire sur des poux et leurs œufs, en reproduisant exactement les temps d'exposition et les méthodes d'application recommandés par les fabricants. Les auteurs notent toutefois que leur analyse est partielle, puisque les produits vendus en grandes surfaces et en ligne n’ont pas été inclus.
Les 27 traitements ont été classés en quatre grandes catégories :
- Cinq produits ont démontré une efficacité totale (100 %) contre les poux et les lentes. Ils reposent sur des principes actifs différents : un agent cristallisant (Déparaz-Pro), des huiles végétales ou minérales (Duo LP Pro, Paranix extra fort) ou encore des silicones (Pouxit Flash, Viatris Duo). Malgré leur efficacité, ces produits ne représentent que 27 % des ventes, et un seul d’entre eux capte à lui seul plus de 62 % des parts de marché dans cette catégorie.
- Quatre produits sont efficaces contre les poux uniquement, mais pas sur les lentes. Cette catégorie représente 13 % des ventes, avec un produit ultra-dominant (89 % des ventes du groupe). Tous contiennent des silicones (Paranix lotion extra fort 10 minutes, Polidis lotion bi-phase 15 minutes, Pouxit XF lotion 15 minutes, Cinq/Cinq lotion baume 8 heures).
- Quatre produits présentent une efficacité uniquement sur les lentes, sans tuer efficacement les poux. Trois sont des shampooings (Elimax shampooing 5 minutes, Parasidose shampooing 5 minutes, Expert 1.2.3 shampooing 20 minutes), un est une lotion (Biogaran soin traitant lotion 15 minutes). Ils sont formulés à base d’huiles végétales ou minérales, et leur part de marché reste marginale (5 %).
- Enfin, 14 produits n’ont montré qu’une efficacité très faible ou nulle, tant contre les poux que contre les lentes. Ce sont pourtant les plus vendus, représentant 55 % des ventes. Ils contiennent des huiles végétales (Expert 1.2.3 lotion 5 min, Parasidose expert lotion, Pouxit flash shampooing, Puressentiel lotion, Apaisyl Xpress, Balépou, Cinq/Cinq, Polidis, Pouxit, Puressentiel masque shampooing), des huiles minérales (Paranix express, Paranix shampooing extra fort, Apaisyl Xpert) ou des silicones (Expert 1.2.3 lotion 15 minutes).
Par ailleurs, les auteurs de l’étude pointent un décalage préoccupant entre les promesses affichées sur les emballages et les résultats obtenus en laboratoire. De nombreux produits annoncent une efficacité en quelques minutes, alors qu’ils nécessitent en réalité plusieurs applications, voire un peignage minutieux, souvent fastidieux pour les familles. D’autres traitements recommandent une seconde application au bout de 7 à 10 jours, ce qui contredit l’idée d’un traitement « en une fois » mise en avant sur les packagings.
Autre difficulté : les instructions d’utilisation sont souvent peu claires, alors même que le succès du traitement dépend fortement du respect de ces consignes. Le temps de pose réel, la nécessité d’un peigne spécifique, ou encore l’incompatibilité avec certains types de cheveux (épais, crépus, très longs…) ne sont pas toujours précisés.
Au-delà de leur efficacité, certains produits soulèvent des préoccupations environnementales et sanitaires. Plusieurs formules contiennent des silicones hautement concentrés, notamment du D4 (octaméthylcyclotétrasiloxane) et du D5 (décaméthylcyclopentasiloxane), des substances suspectées d’avoir des effets nocifs sur la fertilité humaine, et connues pour leur persistance dans les milieux aquatiques.
Au final, l’étude met en lumière un paradoxe : les produits les plus vendus ne sont pas les plus efficaces. Un constat qui appelle à une régulation plus stricte des produits antipoux : « Les autorités devraient évaluer rigoureusement l'efficacité avant d'approuver de nouveaux traitements et procéder à des contrôles réguliers afin de garantir que les produits vendus en pharmacie continuent de répondre à des normes d'efficacité élevées », estiment les auteurs. L’information des pharmaciens est primordiale afin qu’ils puissent conseiller des traitements à l’efficacité prouvée, faciles à appliquer, respectueux de la peau et des cheveux, et si possible sans substances polluantes. « Ces mesures permettraient d’améliorer les chances de succès des traitements dès la première application et de réduire le risque de contamination au sein des familles et des collectivités », concluent-ils.
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