Sur Internet, les faux sites de vente en ligne de médicaments prolifèrent. La France est même particulièrement ciblée selon le récent rapport d’un groupe de cybersécurité. Un phénomène qui est notamment favorisé par les ruptures et qui doit mettre en garde sur les risques d’une simplification de la vente en ligne de médicaments.
C’est un fléau contre lequel il est bien difficile de lutter. Sur Internet, une simple recherche à partir d'une molécule fait apparaître des dizaines de sites usurpant l'identité de pharmacies et vendant des médicaments soumis à ordonnance. Certains de ces sites sont même promus par mails, par des publicités sur les réseaux sociaux ou par de faux blogs santé. Ozempic, quétiapine, médicaments contre la dysfonction érectile sont particulièrement mis en avant. « On reçoit très régulièrement des signalements de sites qui vendent des produits illégalement. On fait des dépôts de plainte, mais c’est très difficile à suivre, ils ferment et réapparaissent aussitôt ailleurs », déplore Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP).
Selon le dernier rapport du groupe de cybersécurité Gen, la France serait même « le pays le plus ciblé » par ces faux sites de pharmacies, appelés « PharmaFraud ». Preuve de l’ampleur du phénomène, des chercheurs ont identifié un réseau de « plus de 5 000 faux sites commercialisant des traitements » et plus de « 151 000 attaques PharmaFraud ont été bloquées » par la société de cybersécurité Avast depuis janvier en France. La plateforme « Cybermalveillance.gouv.fr » a également identifié « un nombre notable d'enregistrements de noms de domaines suspects avec le terme “pharmacie” », depuis 2024. Chiffre plus impressionnant encore : 96 % des pharmacies en ligne seraient illégales selon l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments. Si certains faux sites se contentent de voler les données personnelles, médicales ou bancaires des acheteurs, d'autres délivrent réellement des médicaments contrefaits ou non régulés, avec des risques sanitaires particulièrement importants. En tout, la moitié des médicaments vendus sur Internet dans le monde seraient falsifiés, alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Si notre pays est particulièrement touché, c’est notamment à cause « des difficultés occasionnelles d'approvisionnement en médicaments », explique Michal Salàt, directeur des recherches sur les menaces d'Avast. Un problème particulièrement visible sur les psychotropes ces derniers mois. Certains médicaments comme l’anti-diabétique Ozempic, très populaire mais dont les règles de prescription sont restreintes, sont aussi particulièrement recherchés par des patients qui souhaitent s’en procurer sans passer par un médecin. « Certaines personnes sont tellement angoissées à l'idée de ne pas avoir leurs médicaments qu'elles essayent de trouver toutes les solutions possibles, quitte à adopter des comportements qui paraissent complètement aberrants », souligne Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Si le portail « Ma pharmacie en France », pensé par la profession et notamment les représentants des groupements, sera opérationnel en octobre, l’essor de ces faux sites de vente de médicaments doit éveiller les consciences selon Pierre-Olivier Variot. Ceci, alors que la volonté du gouvernement actuel de libéraliser la vente de médicaments sur Internet est un secret de polichinelle. « Il faut rester sur une ligne dure » sur ce sujet, plaide le président de l’USPO. « “Ma Pharmacie en France” n’est pas une marketplace qui servira à chercher un médicament et voir où se le procurer. Ce portail permettra de pousser virtuellement la porte de sa pharmacie et faire une demande comme si vous y étiez physiquement », explique-t-il. Même prudence du côté Carine Wolf-Thal et de l’Ordre des pharmaciens qui, à la lumière de ces éléments, s’interrogent sur « l'utilité » du commerce électronique quand le maillage d'officines permet d'obtenir « un médicament rapidement avec les conseils d'un pharmacien ».
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