Marché de l’automédication

Médicaments en baisse, dispositifs médicaux et compléments alimentaires en hausse

Publié le 27/01/2014
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En 2013, pour la première fois depuis cinq ans, le marché des médicaments d’automédication a baissé. À l’inverse, les dispositifs médicaux et les compléments alimentaires voient leurs ventes augmenter, ce qui permet de tirer vers le haut le marché du « selfcare ».

ANNÉE après année, depuis cinq ans, l’AFIPA se réjouissait des bons chiffres de l’automédication, dans un contexte global de baisse du marché de la prescription. En 2012, l’année avait été favorable, avec une hausse de 3,2 % des ventes en valeur, soit 2,189 milliards d’euros. Mais en 2013, la tendance s’est brutalement inversée. Le 12e baromètre* de l’AFIPA révèle en effet que le marché de l’automédication a baissé de 3 % l’an passé, à 2,123 milliards d’euros. Tous les segments thérapeutiques sont touchés : -2,4 % pour l’antalgie, -3,1 % pour la dermatologie, -3,9 % pour les voies respiratoires et même -5,2 % pour les voies digestives. Le marché de la prescription, quant à lui, poursuit sa chute entamée en 2010. En 2013, il a enregistré une baisse de 3,5 % par rapport à 2012, avec 25,714 milliards d’euros de ventes.

Fréquentation des officines en baisse.

Parmi les hypothèses avancées pour expliquer le retournement du marché de l’automédication, l’AFIPA cite une baisse de la fréquentation des officines, qui justifierait notamment la baisse des volumes de 4 %. Le nombre de tickets avec ordonnance a en effet diminué de 2,3 %, tandis que le nombre de tickets sans ordonnance a chuté de 3,7 %, voire de 4,9 % pour ceux contenant un médicament d’automédication. L’AFIPA attribue également une partie de cette baisse à la très forte épidémie de grippe qui a sévi en 2013 (+49 % de cas par rapport à 2012). Elle a conduit à une hausse des consultations chez les médecins généralistes et donc à une augmentation des prescriptions. L’absence de déremboursements l’année dernière, en revanche, n’est pas citée comme raison principale de cette désaffection, « car ils ont un impact limité sur la croissance du marché, seulement 1 % en 2012 », indique le président de l’AFIPA, Pascal Brossard.

À l’inverse des médicaments, les dispositifs médicaux et les compléments alimentaires d’automédication tirent leur épingle du jeu. En 2013, le marché des dispositifs médicaux a augmenté de 4,3 %, avec des ventes atteignant 621,7 millions d’euros, et celui des compléments alimentaires a progressé de 6,2 %, (606,1 millions d’euros). Ces bons résultats tirent vers le haut le chiffre d’affaires des produits du « selfcare » (comprenant les médicaments, les dispositifs médicaux et les compléments alimentaires d’automédication) : il s’élève à 3,351 milliards d’euros en 2013, avec 589 millions d’unités vendues.

Élargir la liste des produits d’automédication.

Le marché des dispositifs médicaux est notamment dynamisé par les segments de la dermatologie (+3,1 %), de l’antalgie (+5,5 %) et des voies respiratoires (+6,5 %). Celui des compléments alimentaires bénéficie pour sa part de la croissance des segments des vitamines et minéraux (+12,3 %), des voies respiratoires (+16 %) et surtout des sédatifs et tranquillisants (+20 %). « En 2011, le marché des compléments alimentaires avait subi un ralentissement brutal, lié à la refonte des allégations santé », rappelle Pascal Brossard. Mais depuis, il a plutôt bien rebondi et de nouveaux acteurs arrivent régulièrement sur ce marché.

Cependant, les bons résultats obtenus par ces deux marchés ne suffisent pas à apaiser l’inquiétude de l’AFIPA. Pour Pascal Brossard, « la baisse du marché de l’automédication est une mauvaise nouvelle pour les industriels, mais aussi pour le système de soins. En effet, il permet à la Sécurité sociale d’effectuer des économies, aux patients d’accéder plus facilement au système de soin et aux médecins d’éviter une surcharge de travail ». Il appelle donc les pouvoirs publics à « élargir la liste des produits disponibles en automédication, à mieux informer les patients et à proposer une formation adaptée aux professionnels de santé ».

*Étude réalisée sur le panel Xpr-SO de Celtipharm, constitué de 3 004 pharmacies représentatives du parc officinal français.
ANNE-GAËLLE MOULUN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3063