Dénutrition
Un risque plus élevé chez les séniors
Le risque de dénutrition augmente avec l’âge. En effet, l’appétit peut diminuer, le goût et l’odorat être altérés. Ensuite, la solitude que connaissent certaines personnes âgées peut transformer les repas en moments pénibles. Enfin, tandis que des problèmes bucco-dentaires peuvent rendre la mastication difficile, des pathologies chroniques comme la maladie d’Alzheimer font que la simple préparation du repas peut devenir une épreuve.
Perte d’autonomie
La dénutrition affaiblit l’organisme et les défenses immunitaires et peut augmenter le risque de dépression. De plus, elle tend à diminuer la force musculaire et la mobilité et majore donc le risque de chutes. Enfin, le risque d’escarre augmente. Ces différents facteurs ont une conséquence globale commune : celle d’augmenter le risque de perte d’autonomie.
Convaincre
Lutter contre la dénutrition, c’est déjà la repérer en se pesant régulièrement. De l’extérieur (et notamment du comptoir), elle peut aussi être détectée par des vêtements trop grands, des difficultés à marcher, le récit de chutes… On peut proposer un questionnaire rapide (comme le PARAD, composé de 4 questions sur le poids, l’appétit, le repas et l’alimentation, et disponible sur le site du Cespharm) pour l’objectiver. Le médecin pourra alors recommander d’enrichir l’alimentation ou prescrire des compléments nutritionnels oraux (CNO) en collation dont les formes et les goûts doivent absolument être adaptés au patient pour qu’il les prenne réellement et ne s’en lasse pas.
Mieux vaut avoir un discours positif que culpabilisant. Ainsi, lutter contre la dénutrition, c’est aussi garder son autonomie et continuer ses activités et cela mérite d’être mis en valeur. Mais il faut aussi avoir une oreille attentive et bienveillante : « Cela vous pèse-t-il de manger seul ? Le portage des repas vous aiderait-il ? Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? ». Rendre les repas et collations agréables est important alors pourquoi ne pas suggérer « un goûter à partager avec un proche, un CNO placé au congélateur pour en faire une glace ou utilisé pour préparer un gâteau ! »
Hésitation vaccinale
Pourquoi une hésitation vaccinale ?
Alors même que les séniors ont une sensibilité accrue aux infections, leur couverture vaccinale reste insuffisante. Cette hésitation vaccinale peut s’expliquer de différentes façons : certains sont « fatigués de la vaccination », d’autres manquent de confiance au sujet des vaccins, notamment ceux sortis récemment. Mais on peut également penser qu’il y a un réel manque d’information à ce sujet.
Des recommandations vaccinales spécifiques après 65 ans
Le calendrier vaccinal chez les plus de 65 ans comporte tout d’abord une dose par an de vaccin contre la Covid-19 à l’automne (+ 1 dose au printemps pour les plus de 80 ans ou les résidents d’EHPAD et USLD) à condition de respecter un délai d’au moins 3 mois après la dernière injection ou infection. Une dose annuelle de vaccin contre la grippe est également préconisée à l’automne.
Ensuite, un rappel dTcaP doit être effectué tous les 10 ans à partir de 65 ans. Une dose de vaccin contre le pneumocoque (vaccin à 20 valences Prevenar 20) est également recommandée, tout comme la vaccination contre le zona qui comporte 2 doses de vaccin recombinant (Shingrix) espacées de 2 mois.
Enfin, une dose de vaccin contre le VRS est recommandée chez les plus de 75 ans, ou à partir de 65 ans chez les patients atteints d’une pathologie respiratoire ou cardiaque chronique. Abrysvo (Pfizer) et Arexvy (GSK), deux vaccins recombinants, sont en attente d’un remboursement par l’assurance-maladie dans cette cible. Moderna a développé un vaccin contre le VRS nommé mRESVIA (en seringue préremplie) et basé sur la technologie de l’ARNm, dont la campagne de vaccination sera mise en place dès que sa prise en charge par l’assurance-maladie sera effective.
Comment argumenter ?
Les professionnels de santé doivent informer un maximum les séniors sur leur sensibilité, les moyens de se protéger, rassurer sur les vaccins les plus récents qui, avant leur mise sur le marché, ont bénéficié de longues recherches. Encore une fois, mieux vaut insister sur les bénéfices de la vaccination plutôt que sur la crainte et pour cela toutes les occasions sont bonnes. Par exemple : « Vous allez être grands-parents ? Savez-vous qu’en vous vaccinant contre la coqueluche, vous pourrez garder votre petit-enfant sans crainte ? » ou encore « Le rappel dTcaP vous permettra de jardiner et de bricoler l’esprit tranquillement »…
Répondre à l’hésitation vaccinale au comptoir
La vaccination est l’affaire de tous, pharmaciens, médecins, infirmiers, sociétés savantes, industriels, selon Arnaud Chéret, directeur médical de Moderna France. L’objectif doit être de simplifier la vaccination pour améliorer la couverture vaccinale que l’on sait insuffisante chez les séniors (par exemple, seuls 53,7 % des plus de 65 ans ont été vaccinés contre la grippe la saison dernière, et moins de 28 % contre le Covid-19). Alors comment convaincre de l’utilité des vaccins ? Pour Arnaud Chéret, il s’agit de transmettre l’idée de « bien vieillir en ajoutant de la vie aux années » et de parler « d’une menace infectieuse en moins plutôt que d’un vaccin en plus ». Cela n’exclut pas de parler des risques de formes sévères ou de décompensations d’autres pathologies mais ces notions sont vite comprises et il est inutile de miser sur la peur. « Passez la meilleure saison hivernale possible, profitez de vos activités, rencontrez vos proches plus sereinement, ne bouleversez pas votre quotidien », voilà des arguments simples.
Bien informer permettra d’améliorer la prévention, qui reste un enjeu majeur chez les séniors, plus vulnérables. Arnaud Chéret le rappelle, « les infections respiratoires supportent le poids de l’âge ainsi que celui des comorbidités ». Le VRS est par exemple à l’origine de 15 000 à 20 000 hospitalisations chaque année chez les plus de 60 ans.
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