Destiné à vieillir
Si chaque individu a son propre rythme de vieillissement, tout le monde est soumis aux lois de Chronos. Selon un système on/off, les enzymes influencent certains gènes responsables du processus qui vont s’activer ou pas. Mais notre programmation intrinsèque du vieillissement des cellules n’est pas la seule en cause. Des facteurs extrinsèques, purs produits de notre environnement, sont aussi à l’œuvre dans cette dégradation qu’ils accélèrent. La pollution, la consommation d’alcool, le tabagisme ou encore l’exposition à la lumière bleue produite par les écrans ont tous un effet oxydant pour les cellules. Mais le plus néfaste pour la peau est sans nul doute le soleil dont les UVB et les UVA courts et longs, grands pourvoyeurs de radicaux-libres, provoquent des modifications cellulaires à court et long terme. Ils agissent sur les fibres de collagène et d’élastine en les cassant, affaiblissant ainsi tout le système de soutien de l’épiderme. Le fibroblaste qui produit ces fibres est également touché par l’agression radicalaire et ralentit son activité. Les ridules qui se développent autour des yeux et des lèvres sont une conséquence majeure de l’exposition au soleil.
En surface et au-dessous
Au sein du derme et de l'épiderme, les mécanismes du vieillissement produisent une cascade d’effets. Le renouvellement cellulaire ralentit, provoquant un appauvrissement de l'épiderme accentué par l'amincissement de la jonction dermo-épidermique qui permet aux deux structures de communiquer et de se maintenir ensemble. Au sein du derme, les fibroblastes deviennent moins actifs avec, pour conséquence, d'altérer la qualité des fibres de collagène et d'élastine qui se rigidifient. Le collagène n'est plus aussi performant dans son rôle de maintien des tissus tandis que les fibres d'élastine s'agglomèrent et se modifient avec des conséquences sur l’élasticité de la peau. L’acide hyaluronique, où baignent le collagène et l’élastine, perd de sa tonicité ce qui provoque un relâchement du derme. Les tissus graisseux diminuent et perdent leur adhérence avec le muscle. Tout l'édifice présent sous la peau est impacté. Ainsi se forment les sillons nasogéniens, les bajoues, les paupières tombantes et l'ovale irrégulier du visage… L'os, sous le muscle, n'est pas épargné par les outrages du temps. Sa masse va se résorber petit à petit, suivant une logique de fonte qui peut toucher la zone périorbitaire mais également le maxillaire. Plus en surface, l’épiderme s’affine, la couche cornée s’épaissit, le film hydrolipidique s’appauvrit et toute la peau s’assèche laissant les rides s’installer. Les taches pigmentaires (ou mélasma) peuvent venir s’ajouter à la liste des signes du vieillissement cutané. Dès 35 à 40 ans, elles peuvent se former et s’étendre sur les joues, le front, résultat d’une pigmentation moins homogène associée à aux modifications hormonales.
Des actifs en réponse
Certains actifs anti-âge sont identifiés depuis longtemps pour leur action sur les ridules et l’élasticité de la peau : les dérivés de vitamine A (rétinol) stimulent l’activité des fibroblastes et les AHA (alpha-hydroxy-acides) – acide glycolique, acide lactique, acide malique - accélèrent le renouvellement cutané créant un effet de peeling superficiel qui lisse les ridules. Dans les cosmétiques, ce sont souvent les esters de rétinol, mieux tolérés par la peau, qui sont utilisés ; l’acide hyaluronique, naturellement présent dans les tissus, est un hydratant très efficace mais son haut poids moléculaire le cantonne à agir en surface. Une forme d’acide hyaluronique à faible poids moléculaire a été développée lui permettant de pénétrer jusqu’aux papilles dermiques afin d’offrir à la peau un effet repulpant beaucoup plus efficace; les exosomes, d’origine humaine ou bactérienne, sont encore à l’étude et ne sont pour l’instant pas utilisés en cosmétiques. Ces petites vésicules produites par les cellules de la peau sont des messagers chimiques qui stimulent la réparation de la peau et favoriseraient même la repousse des cheveux. Leur potentiel anti-âge est porteur d’espoir ; reste à citer les puissants anti-oxydants, comme les extraits de spiruline, la vitamine C et la vitamine E qui chassent les radicaux libres dans la cellule, et les gommes végétales qui font écran aux particules à la surface de la peau. La vitamine C a aussi un effet sur le renouvellement cellulaire et la stimulation des fibroblastes.
Contre les taches pigmentaires, le rétinol et la vitamine C à l’effet peeling, la niacinamide (dérivé de vitamine B3) à l’action anti-inflammatoire mais aussi les peptides qui ralentissent la production de mélanosome, font partie des actifs dépigmentants.
Quant au relâchement des tissus du visage (ovale, poches, cernes, sillons), peu de moyens existent pour le freiner si ce n’est l’utilisation de produits qui stimulent l’activité des fibroblastes.
Photoprotection et hygiène de vie
Quelques règles de vie peuvent contribuer à préserver le capital jeunesse de la peau : dormir suffisamment, faire du sport, avoir une alimentation riche en vitamines ( A, B, C, D, E), bêta carotène, oligo-éléments (sélénium, zinc, glutathion peroxydase…), acides gras essentiels (oméga 3, oméga 6), éviter les facteurs desséchants (chauffage excessif, climatisation), bien s'hydrater .... Mais la protection contre les UV est sans doute le meilleur moyen de lutter contre le vieillissement photo-induit, résultat d'expositions successives tout au long de la vie. Dans ce sens, les écrans solaires sont utiles pour prévenir la formation des ridules mais ils doivent contenir un indice de protection très élevé (SPF50 +), être appliqués régulièrement, en quantité suffisante et adaptés au mode de vie. Attention car, si les phototypes clairs bénéficient moins d'une protection naturelle – le bronzage – efficace contre le soleil, les phototypes foncés ne sont pas à l'abri du vieillissement photo-induit ni préservés de l’apparition des taches brunes.
(Sujet réalisé en collaboration avec le Dr Toni Ionesco, dermatologue à Paris).
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