Ce samedi 16 août, de nombreux pharmaciens fermeront leur officine pour protester contre la baisse du plafond de remise sur les génériques et alerter sur les conséquences de cette décision pour le réseau. Ils s’ajouteront à ceux qui ont décidé de longue date de ne pas ouvrir ce jour-là, coincé entre le 15 août et un dimanche. Cet appel à la fermeture, notamment soutenu par l’USPO, n’est pas une grève, juridiquement et administrativement. Dès lors, les pharmaciens qui souhaitent fermer ce samedi ne pourront être réquisitionnés, affirme le président du syndicat. Cependant, la vérité est un peu plus complexe...
Samedi 16 août, la pharmacie de Pierre-Olivier Variot, située près de Dijon, sera fermée, comme de nombreuses autres à travers le pays. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a reçu un coup de fil de l’Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté il y a quelques jours à ce sujet. « Ils m’ont interrogé sur cette “grève” du samedi 16 août sauf que, justement, ce n’est pas une grève. L’ARS a donc admis qu’elle ne pourrait pas réquisitionner. Les pharmaciens qui fermeront ce samedi en journée n’ont absolument aucune obligation de se déclarer auprès de l’ARS ou de qui que ce soit », affirme Pierre-Olivier Variot, qui cite ensuite cet exemple. « Dans mon village, les trois médecins sont tous absents cette semaine, ils sont tous partis en vacances en même temps et personne ne leur a rien demandé. » Le président de l’USPO a également été questionné sur ce point par des officinaux. « Je le répète ce n’est pas un appel à la grève mais un appel à fermer les officines. Contrairement à ce qui se passe avec les gardes, nous ne pouvons être réquisitionnés si nous fermons en journée, ce ne serait pas légal », insiste-t-il.
Contactée par « Le Quotidien du pharmacien », l'agence régionale d'Occitanie apporte toutefois d'autres précisions. « Une réquisition en journée de la part de l'ARS est tout à fait possible, explique en effet Pascal Durand, directeur du premier recours au sein de l'ARS. Nous l'avions par exemple fait en mai 2024 lors d'un précédent mouvement de protestation des pharmaciens. Il n'y a pas de règle écrite mais nous estimons que pour que l'accès aux médicaments soit garanti pour les patients, il faut entre 10 et 15 % des officines ouvertes sur un département, en tenant compte également de la répartition géographique. Le pharmacien a une obligation de répondre à sa mission de service public et le principe de réquisition peut donc être étendu à la journée », poursuit-il. « Des pharmaciens nous ont eux-mêmes informé qu'ils seraient fermés le 16 août même s'ils n'avaient pas l'obligation de le faire. Pour l'instant, au vu des estimations que nous avons dans notre région, après discussions avec les syndicats régionaux, je ne pense pas que nous aurons besoin de prononcer de réquisitions car les besoins seront assurés, d'autant plus qu'à partir de 19 heures le régime de garde prend le relais. Le département où le nombre de pharmaciens prévoyant de fermer est le plus important est l'Ariège avec environ 50 % d'officines ouvertes. Dans la région, le service à la population devrait donc être largement assuré. Néanmoins, si nous constations samedi que ce n'était pas le cas, nous pourrions alors réquisitionner, même en journée », conclut Pascal Durand.
Compte tenu du caractère particulier de cette action du samedi 16 août, il est cependant très difficile de savoir avec précision combien d’officines auront rideau baissé ce jour-là. D’autant plus que certaines avaient prévu de fermer bien avant l’appel lancé par l’USPO et ce, pour de tout autres raisons. Quelques chiffres sont tout de même donnés par la presse locale, qui a largement relayé l’information. Ainsi, 7 pharmacies sur 10 seront fermées dans le Maine-et-Loire, selon « Ouest-France ». La « presque totalité » des officines autour de Lens, dans le Pas-de-Calais, en feront de même, rapporte la « Voix du Nord ». Dans l’Yonne, 9 pharmacies sur 10 garderont porte close, informe « L’Yonne républicaine ». Sur 117 pharmacies recensées dans les Deux-Sèvres, seulement 5 accueilleront des patients le 16 août, relate « France Info ». L’idée de ce mouvement a moins convaincu les pharmacies du Morbihan explique en revanche « Ouest France », avec “seulement” 30 à 40 % des officinaux qui ont prévu de ne pas travailler ce jour-là. Une liste qui est bien sûr loin d’être exhaustive. « Je n’ai pas de chiffres au niveau national et ce n’est mon ambition d’en avoir », explique Pierre-Olivier Variot, qui a quand même quelques estimations à donner dans certaines régions. « Le président de l’USPO du Vaucluse m’a indiqué ce mercredi matin que 90 ou 95 % de pharmacies de son département seront fermées. Le mouvement sera très suivi en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Corse, en Occitanie, en Bourgogne-Franche-Comté, à l’exception de la Nièvre. Pour d’autres régions comme le Grand Est, c’est beaucoup moins homogène », liste-t-il, ajoutant ne pas avoir de retours de certaines régions notamment la Bretagne ou la Normandie.
Selon un sondage mis en ligne sur le site du « Quotidien du pharmacien », 79 % des officinaux se disent prêts à fermer ce samedi sur un total d’un peu plus de 320 répondants.
Article mis à jour à 16h30 avec la réaction de l'ARS d'Occitanie
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