L’appareil cardiovasculaire et le vieillissement
Un peu de physiologie
Le cœur subit des changements physiologiques avec l’âge : tendance à l’augmentation de volume, épaississement des parois, augmentation du volume des cavités, moindre majoration de la fréquence cardiaque lors d’une activité physique que chez le sujet plus jeune. D’autre part, on observe un épaississement (avec rigidification) de la paroi des artères et des artérioles et une diminution du tissu élastique au sein de cette dernière (perte d’élasticité), correspondant à l’athérosclérose.
Les principaux signes et symptômes/impact sur la qualité de vie
Ces modifications se traduisent essentiellement par de l’hypertension artérielle (qui favorise notamment la survenue ou l’aggravation d’une insuffisance rénale), présente chez près de 70 % des sujets au-delà de 80 ans ainsi que de l’instabilité tensionnelle. Les maladies cardiovasculaires sont d’ailleurs la première cause de mortalité chez les plus de 75 ans.
Prévention et prise en charge
Comment prévenir et prendre en charge ce vieillissement cardiovasculaire ? Tout d’abord, le maintien d’une activité physique régulière est essentiel. Il est également important de prendre en charge, en tenant compte du concept de fragilité, les différents facteurs de risque cardiovasculaires en adaptant les cibles thérapeutiques : tension artérielle, hémoglobine glyquée, paramètres lipidiques.
L’appareil locomoteur
Un peu de physiologie
Avec l’âge, plusieurs phénomènes se conjuguent au niveau e l’appareil locomoteur. Tout d’abord une baisse de la densité minérale osseuse et de la qualité globale de l’os (à partir de 40 ans, la masse osseuse diminue tous les 10 ans de 3 % chez l’homme et de 8 % chez la femme). Ensuite des anomalies du cartilage (faisant le lit de l’arthrose) et du tissu conjonctif, et un raidissement des articulations (tendons et ligaments deviennent moins souples et plus fragiles). Enfin, une diminution de la masse musculaire (sarcopénie) entraînant une baisse de la force musculaire (20 % à 70 ans, 40 % à 80 ans).
Les principaux signes et symptômes/impact sur la qualité de vie
Avec le vieillissement apparaissent alors des douleurs, une limitation de l’amplitude des mouvements, une diminution du périmètre de marche, et un risque de chutes et de fractures.
Prévention et prise en charge
Le maintien d’une activité physique régulière est, là aussi, essentiel (marche, vélo, natation, gym douce, yoga…) pour éviter partiellement ou au moins retarder la perte musculaire. L’exercice a également des effets bénéfiques sur la solidité osseuse. Une alimentation suffisante, équilibrée et diversifiée est également très importante, en privilégiant (concept d’alimentation anti-inflammatoire) les poissons gras, les fruits et légumes colorés (baies, épinards, poivrons), les oléagineux (amandes, noix, graines de lin, riches en oméga-3 et en vitamine E) et les épices (curcuma, gingembre), sans oublier des apports calciques suffisant. À l’inverse, il est conseillé de limiter la consommation de sucres raffinés, de graisses saturées et d’aliments transformés.
Les reins/le système urinaire
Un peu de physiologie
Avec l’âge, la masse des reins diminue lentement et régulièrement, la paroi des artérioles alimentant les glomérules rénaux s’épaissit réduisant les capacités excrétoires. Le déclin de la fonction rénale (débit de filtration glomérulaire ou DFG) commence autour de 40 ans chez près des deux tiers des sujets. On observe une baisse physiologique du DFG de l’ordre de 0,7 ml/min/an. Mais divers facteurs autres que l’âge interviennent dans la diminution de la fonction rénale, surtout l’hypertension artérielle et le diabète.
Les principaux signes et symptômes/impact sur la qualité de vie
D’une part, le volume vésical se réduit avec l’âge. De plus, la capacité des personnes à différer une miction après l’apparition du besoin d’uriner diminue et il en va de même de la capacité de blocage (au niveau de la moelle épinière) des contractions sporadiques des parois de la vessie, entraînant parfois des épisodes d’incontinence urinaire. Enfin, l’augmentation du résidu vésical multiplie la fréquence des besoins d’uriner et l’augmentation du risque d’infections des voies urinaires.
L’impact sur la qualité de vie peut être considérable et multiforme, de simples désagréments dans la vie quotidienne aux contraintes majeures en relation avec le traitement astreignant d’une insuffisance rénale terminale.
Prévention et prise en charge
Le contrôle le plus optimal possible d’une éventuelle hypertension artérielle, d’un diabète ou d’une insuffisance cardiaque, constitue la base de la prévention. Comme le suivi rigoureux d’éventuelles pathologies rénales diagnostiquées plus jeune, telles que la polykystose rénale. Sont également conseillés : sevrage tabagique, réduction de la consommation de sel, correction d’un déficit en vitamine D.
On sera aussi très vigilants au regard de la prise de certains médicaments susceptibles d’entraîner une insuffisance rénale aiguë, comme les bloqueurs du système rénine-angiotensine.
Le vieillissement cutané
Un peu de physiologie
Le vieillissement de la peau est biologiquement caractérisé par des modifications au niveau de l’épiderme, de la jonction dermo-épidermique, ainsi que par la dégradation de la matrice extracellulaire dermique.
Les principaux symptômes/impact sur la qualité de vie
Les rides sont le résultat de la déshydratation de la peau et de la baisse de la synthèse de kératine.
La baisse de la fonction barrière est en relation avec une diminution de la sécrétion de sébum entraînant une sécheresse cutanée et une fragilisation du film hydrolipidique et des perturbations du microbiote cutané.
On observe aussi une multiplication des taches pigmentaires, avec une baisse de 6 à 8 % tous les 10 ans du nombre de mélanocytes.
Prévention et prise en charge
Il est fondamental d’éviter autant que possible divers facteurs nocifs de l’environnement, au premier rang desquels figure l’exposition solaire, le tabagisme (baisse de la synthèse d’acide hyaluronique), et la pollution atmosphérique qui joue le rôle d’accélérateur du vieillissement cutané.
On peut conseiller une alimentation riche en antioxydants, de type régime méditerranéen, riche en fruits et légumes, en légumineuses, féculents, poissons, huile de colza, de pépins de raisins, d’olive.
Le vieillissement oculaire
Un peu de physiologie
Au fil des années, la pupille devient moins réactive à la lumière, le cristallin se densifie, s’opacifie, la conjonctive s’amincit, et se développent une sécheresse oculaire et une perturbation de la vision des couleurs.
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) justifie une mention particulière. Elle est la 1re cause de handicap visuel chez les plus de 50 ans, et 30 % des plus de 75 ans sont concernés par cette pathologie.
Par ailleurs, 1 personne sur 10 après 70 ans présente un glaucome.
Les principaux symptômes/impact sur la qualité de vie
Citons, par exemple, la presbytie (difficulté à lire de près les petits caractères), une sensibilité aux fortes lumières, une perte de sensibilité aux contrastes, aux couleurs vives et au sens de la profondeur, une baisse de la vision de loin, un inconfort visuel, des irritations cornéennes, un risque accru d’infections oculaires, un relâchement des paupières (parfois accompagné d’un retournement de la paupière inférieure ou ectropion).
Les altérations visuelles peuvent être très gênantes dans la vie quotidienne.
L’impact peut être considérable dans le cas de la DMLA, avec déformation de certains objets, diminution progressive de la sensibilité à la lumière et apparition de trous dans le champ de la vision centrale, avec conservation de la vision périphérique.
Prévention et prise en charge
La pratique régulière d’un test d’Amsler (grille quadrillée) est recommandée à partir de 50 ans pour le dépistage de la DMLA, les lignes droites paraissant ondulées.
Une bonne hygiène tout au long de la vie favorise le maintien de la santé oculaire : port de lunette filtrantes contre les rayons UV du soleil, utilisation de filtres ou de lunettes bloquant la lumière bleue des écrans, lutte contre l’obésité et le tabagisme, alimentation riche en acides gras poly-insaturé (saumon, thon, maquereau…), en fruits et légumes (mention spéciale pour le chou, les épinards et les brocolis), des apports suffisants en antioxydants (vitamines C et E), en vitamine A, en zinc et en sélénium.
La sénescence cognitive
Un peu de physiologie
Le vieillissement entraîne des changements cérébraux extrêmement variables d’une personne à l’autre, mais le cerveau conserve longtemps d’importantes capacités d’adaptation.
Les principaux symptômes/impact sur la qualité de vie
Hormis les troubles cognitifs majeurs (maladie d’Alzheimer…), la sénescence cognitive se manifeste par un ralentissement de la vitesse de traitement de l’information (lenteur de la pensée et de certaines actions), d’une baisse des capacités d’attention (difficulté à faire plusieurs choses à la fois, à ne pas se laisser distraire, à rester concentré longtemps), d’une diminution des performances mnésiques (surtout en ce qui concerne les faits récents).
Il existe un risque d’appauvrissement des relations sociales et d’évolution vers une forme de démence.
Prévention et prise en charge
Le maintien d’une bonne santé vasculaire est primordial. Parmi les facteurs de risque identifiés de la maladie d’Alzheimer figurent l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le tabagisme, l’obésité et la sédentarité.
La prévention du déclin cognitif emprunte de multiples voies : pratiquer une activité physique, maintenir un suivi médical régulier (prise en charge des facteurs de risques cardiovasculaires et métaboliques), éviter le tabagisme, maintenir une bonne hygiène du sommeil (permet, notamment, une consolidation des apprentissages) et un bon niveau d’activités sociales, pratiquer des activités intellectuellement stimulantes.
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