L’ordonnance numérique a pour objectif d’éviter la falsification et de sécuriser sa délivrance. Côté pharmacien, celui-ci récupère l’ordonnance dans son logiciel de gestion d’officine et l’exécute en totalité ou partiellement.
La CNAM table sur un objectif de 70 à 80 % des médecins et la quasi-totalité des pharmaciens de ville l’utilisant d’ici fin 2025. À terme, le dispositif doit être généralisé à tous les prescripteurs, généralistes comme spécialistes. L’ordonnance numérique est à ce stade en cours de déploiement en ville. Actuellement, 47 000 médecins sur les 112 000 médecins libéraux en activité en 2025 ont édité au moins une ordonnance numérique. « En volume, nous sommes à plus de 98 millions d’ordonnances numériques créées », précise Annika Dinis, directrice opérationnelle du numérique et de l’innovation en santé à la CNAM.
47 000 médecins sur les 112 000 médecins libéraux en activité en 2025 ont édité au moins une ordonnance numérique
Au total, 34 logiciels utilisés par les professionnels de santé (médecins et pharmaciens) supportent l’ordonnance numérique et sont autorisés à déployer leurs solutions sur tout le territoire. Pour l’heure, côté prescripteurs, ce sont surtout les généralistes qui se sont approprié le dispositif, même si « des ajustements restent nécessaires car certains rencontrent des difficultés avec leurs logiciels ». Quant aux spécialistes, « certains peuvent être en retard dans ce domaine, notamment parce que leur champ de prescription est plus restreint et qu’ils n’avaient pas toujours recours aux logiciels d’aide à la prescription. Or, c’est un prérequis pour l’ordonnance numérique », ajoute Annika Dinis.
Remonter d’éventuels dysfonctionnements
Le déploiement avance plus vite côté officine. Selon la CNAM, fin août, 19 600 établissements sur un peu plus de 20 000 peuvent déjà gérer les ordonnances numériques. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les représentants syndicaux, qui nous font régulièrement part de leurs retours de terrain, et nous mettons une forte pression sur les éditeurs de logiciels de gestion d’officine pour que les correctifs nécessaires soient réalisés rapidement afin de ne pas freiner les usages », assure Annika Dinis.
Par ailleurs, l’assurance-maladie s’appuie sur ses délégués du numérique en santé, qui mènent depuis avril une campagne de promotion de l’ordonnance numérique auprès des médecins et officines. « Ces rencontres nous permettent d’accompagner les équipes officinales, mais aussi de remonter d’éventuels dysfonctionnements ou problèmes d’ergonomie, ensuite transmis aux éditeurs pour améliorer les solutions », explique-t-elle.
Sur le terrain, la profession s’impatiente et regrette la lente généralisation du dispositif. « L’ordonnance numérique annule de nombreuses contraintes, donc nous l'attendons vraiment. Mais si l’on se replace dans le contexte de la signature de la Convention nationale pharmaceutique avec l’assurance-maladie en 2022, cela fait déjà trois ans, alors qu’on nous annonçait une mise en place fin 2023 », rappelle Valérian Ponsinet, président de la commission Convention et système d’information à la Fédération des pharmaciens d’officine.
ASAFO, en attendant…
En attendant la généralisation, le téléservice ASAFO (Alerte Sécurisée Aux Fausses Ordonnances) a été mis en place pour permettre aux pharmaciens de vérifier l’authenticité des ordonnances présentées. « À l’époque, cela nous semblait cohérent, et ce n’était pas perçu comme une contrainte, car nous envisagions de passer rapidement à l’ordonnance numérique. Aujourd’hui, elle n’est pas encore déployée à 100 % », note Valérian Ponsinet.
Il souligne également que, parallèlement, les pharmaciens doivent supporter des contraintes administratives et effectuer des vérifications chronophages, auxquelles s’ajoute le poids de l’indu : « Il est récupéré par l’assurance-maladie auprès du pharmacien, alors qu’il est aussi victime de l’ordonnance falsifiée. » Tout en reconnaissant que les arguments des médecins sont recevables, il s’agace : « Trop peu produisent des ordonnances numériques. Aujourd’hui, le secteur hospitalier, qui est le plus gros pourvoyeur d’ordonnances falsifiées, n’a toujours pas entamé le moindre développement dans son système d’information. Nous sommes donc les principales victimes de cet état de fait. »
Les officines en attente d’une V3
Côté calendrier, la CNAM vise 70 à 80 % de couverture médecins et la quasi-totalité des pharmaciens de ville d’ici 2025 donc. Restent les autres professions (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes…), à la fois prescripteurs et exécutants. Là encore, « la balle est dans le camp des éditeurs, qui doivent intégrer nos cahiers des charges pour déployer les solutions ». Leur déploiement commencera au mieux en 2026. Pour les hôpitaux, une expérimentation sur les prescriptions exécutées en ville sera lancée cette année avec plusieurs éditeurs, afin de tester l’intégration de l’ordonnance numérique dans leur organisation. Elle démarrera d’ici le début de l’année prochaine.
Le représentant de la FSPF plaide également pour un déploiement rapide de la V3 de l’ordonnance numérique. Aujourd’hui, la dispensation reste entravée par un décalage technique : lorsqu’un pharmacien délivre un traitement à 9 h 30, l’information ne remonte pas immédiatement au serveur de l’assurance-maladie. Elle n’est transmise qu’au moment de la télétransmission, c’est-à-dire lors de l’envoi des flux de feuilles de soins électroniques pour remboursement. Si cette opération n’est pas effectuée quotidiennement, une fenêtre de vulnérabilité subsiste, permettant à une même ordonnance d’être utilisée dans plusieurs officines. « Le sujet sera résolu par la V3. Les éditeurs ont commencé à travailler dessus, mais ce n’est pas encore déployé chez les pharmaciens. Nous avons besoin que cette version le soit au plus vite », insiste Valérian Ponsinet.
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