
« Je veux acheter un médicament en ligne. Ma pharmacie habituelle propose-t-elle ce service et sous quelles conditions ? ». Voilà en résumé à quoi va servir le portail « Ma pharmacie en France » : identifier facilement tous les services que proposent les pharmacies référencées. « C’est intéressant de constater que la profession propose une offre digitale pour rendre visibles les services officinaux. Cela répond à une attente des patients, et c’est un atout pour renforcer la relation entre les pharmaciens et ces patients », observe Luc Besançon, délégué général de NerèS. Présenté en mai dernier, le portail porté par les fédérations de groupements et développé en partenariat avec La Poste santé Autonomie devrait être opérationnel fin 2025/début 2026.
Un portail n’est pas une plateforme
L’objectif est de présenter tous les services des officines, sans faire l’impasse sur le module de vente en ligne. Pour autant, « Ma pharmacie en France n’est pas une plateforme de vente en ligne, c’est une porte d’entrée vers les sites de vente en ligne des pharmacies », prévient Alain Grollaud, cheville ouvrière du projet. Sa seule mission est de créer un intermédiaire entre l’acheteur et la pharmacie, avec l’objectif de stimuler la pharmacie française à se saisir de ce canal pour s’adapter à l’évolution des comportements d’achat. « La vente en ligne des produits de santé est une réalité et nous préférons l’accompagner plutôt que de continuer à l’ignorer », poursuit le président de Federgy. Pour preuve du dynamisme de ce marché, les ventes d’Amazon ont progressé de 43 % dans le domaine des produits de santé, en cumul mobile annuel à la fin du premier trimestre 2025. « On observe également un lobbying de plus en plus marqué en faveur d’une libéralisation de la vente en ligne des médicaments de prescription, exercé par l’association européenne des e-pharmacies (EAEP) », commente Hélène Charrondière, fondatrice et dirigeante de Health Analytica. Pour elle, la rubrique « vente en ligne » du portail revêt surtout une dimension défensive, et au final, plus politique que stratégique. « Contrairement aux autres rubriques du portail, celle relative à la vente en ligne apparaît plus comme une réponse aux pressions exercées par l’Europe ou aux menaces de libéralisation du marché du médicament telles que celles émises par le gouvernement Attal en 2024. »
Le succès du portail est entre les mains des pharmacies.
Mais le portail « Ma pharmacie en France » peut-il réellement bousculer les habitudes en matière de vente en ligne de médicaments ? Les plateformes expertes dans ce domaine ont une grande longueur d’avance, difficile à rattraper. En outre, sur « Ma pharmacie en France », la recherche s’effectue par pharmacie puis par service, alors que le consommateur a l’habitude d’effectuer sa recherche en ligne par produit. « Le risque est de produire une expérience client décevante en comparaison au standard développé par Amazon », redoute Hélène Charrondière. Autre facteur potentiellement limitant, le portail ne référencera pas l’exhaustivité des officines (un abonnement est nécessaire, moyennant 50 euros par mois). Alain Grollaud en est conscient : « Notre objectif est qu’un maximum de pharmacies s’inscrivent sur le portail pour qu’il devienne une référence, une sorte d’automatisme ; c’est pour cela que nous avons fédéré les représentants de la profession autour de ce projet, dont les syndicats. »
Pour Hélène Charrondière, le portail « Ma pharmacie en France » est avant tout une vraie chance pour permettre aux officines de faire connaître des services purement officinaux, sans risquer d’entraver les règles strictes de communication actuellement en vigueur : « L’intérêt est peut-être plus de positionner ce portail comme une plateforme intégratrice pour déployer des services à valeur ajoutée tels que la télépharmacie, c’est-à-dire un dispositif de mise en relation avec un pharmacien pour avoir des conseils sur un traitement ou sur un médicament. »
Article précédent
Rentabilité au mètre linéaire : un indicateur négligé
Article suivant
Vigile, portiques et/ou vidéosurveillance ? Les critères d’un choix éclairé
Les règles d’un réagencement bien mené
La conservation des thermosensibles gagne en sécurité
Ordonnance numérique : où en est-on ?
Les LGO, leviers de performances pour l’officine
Rentabilité au mètre linéaire : un indicateur négligé
« Ma pharmacie en France » : qu’est-ce que ce portail va changer pour l’officine ?
Vigile, portiques et/ou vidéosurveillance ? Les critères d’un choix éclairé
Observatoire Fiducial
Le chiffre d’affaires des officines progresse en 2024, la rentabilité recule
Equiper l’officine
Une automatisation des commandes à plusieurs niveaux
Concentration des groupements : le mouvement s'accélère
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale