« Un dossier bien mené est un dossier bien préparé », résume Antoine Hinojosa, de la société 3Ads. Tout est dit. « Le conseil à donner à un titulaire qui veut faire réagencer son officine, c’est de ne pas regarder uniquement la proposition finale, mais d’être vigilant quant aux moyens qui seront mis en œuvre pour réaliser le chantier », complète Philippe Plessis, dirigeant de Proexpace.
Des travaux phasés pour une plus grande sérénité
Avant d’engager les travaux, les maîtres mots sont anticipation, programmation, et organisation. « J’ajouterai transparence vis-à-vis du client pharmacien, pour qu’il sache ce que lui et son équipe ont à faire au fur et à mesure de l’avancée du chantier. Nous faisons donc un point avec eux au moins un mois avant le début de l’intervention, pour leur laisser le temps de se préparer », explique Alain Viaud, de Cap Agencement. Pour bien anticiper, il faut prendre en compte l’ensemble des paramètres susceptibles d’influencer le chantier, complète Antoine Hinojosa : « le planning doit avant tout être réaliste, et prendre en compte les délais d’études des dossiers administratifs (dossier ERP, déclarations préalables…) et les disponibilités des artisans partenaires ». Parole d’experts, lorsque le temps d’exécution de chaque tâche est bien déterminé, le planning se déroule sans accrocs.
Avant d’engager les travaux, les maîtres mots sont anticipation, programmation, et organisation
Parce que chaque projet est unique, chaque chantier est un défi. Mais la méthodologie reste la même. Lorsque les travaux sont réalisés dans un lieu occupé, les agenceurs progressent par zone. Pour isoler les zones d’intervention, des cloisons provisoires de chantier ou des toiles en polyane peuvent être installées. « Une de nos préoccupations majeures est de ne jamais mettre en danger le client patient », insiste Alain Viaud. « Nous tenons compte bien entendu de la courbe de fréquentation pour programmer nos interventions », ajoute Philippe Plessis. Chez Proexpace, les soirs et les week-ends sont privilégiés : « Cette organisation de travail permet de limiter les perturbations, mais elle augmente le coût. Cependant, ce surcoût est à relativiser puisqu’il est compensé par une moindre perte d’exploitation ». Et selon la configuration de l’officine et son emplacement, il faut s’adapter : « si l’officine est mitoyenne avec des résidences habitées, nous devons évidemment respecter le voisinage et éviter les interventions bruyantes la nuit ou les week-ends ». Dans certaines situations, l’option de délocalisation temporaire de l’officine peut être envisagée, avec ses contraintes logistiques et surtout administratives. « Un dossier similaire à celui d’un transfert doit être adressé à l’ARS. En outre, si le terrain appartient au domaine public, une demande doit être faite auprès des services d’urbanisme et un dossier ERP (établissement recevant du public) doit être déposé », prévient Antoine Hinojosa.
Eléments sensibles et sensibilité individuelle
Pour certains éléments propres à l’exercice officinal, les agenceurs doivent prendre des précautions. C’est le cas du réfrigérateur, du robot ou de l’informatique, observe Alain Viaud : « il est essentiel que le réfrigérateur soit en permanence en service et accessible. Quant aux robots et au matériel informatique, la protection contre la poussière est indispensable ». Mais il est surtout indispensable d’être attentif à l’équipe pour que cette période perturbée ne devienne pas un enfer. « Les travaux sont éprouvants et générateurs de stress ; pour le titulaire, il y a un enjeu financier, et pour l’équipe, l’activité est perturbée. Mais si les collaborateurs sont embarqués dans le projet, si on crée une relation de confiance entre nos équipes respectives, tout est plus simple », raconte Philippe Plessis. Là encore, l’expérience des agenceurs peut faire la différence. « Certains messages seront mieux entendus et compris si c’est l’agenceur qui les transmet. Il nous arrive de parler directement à l’équipe officinale, de leur expliquer le projet pour les rassurer, dans la mesure où le titulaire nous donne son feu vert », note Alain Viaud.
Des patients respectés et curieux
L’attention doit également porter sur les patients, pour les informer autant que pour les rassurer. « C’est une façon de les respecter et de les rassurer », explique Émilie Vollard, directrice marketing de Proebo Promoplast. Cette information doit également être très pratique et lisible, en particulier lorsque l’entrée est déplacée ou l’officine délocalisée. Pour transmettre ces éléments, la vitrine est particulièrement stratégique et peut être recouverte d’une vitrophanie provisoire, peu coûteuse et facile à installer. À l’intérieur, il est possible d’habiller les portiques quand il y en a, ou de disposer des affiches aux comptoirs. « Dans tous les cas, le message doit être affirmatif et positif, comme « la pharmacie reste ouverte » ou « l’équipe de la pharmacie reste à votre service pendant les travaux » », insiste Émilie Vollard. Si le réagencement vient modifier les habitudes des patients, il attise aussi leur curiosité comme en témoigne Alain Viaud. « C’est un phénomène paradoxal mais positif : on constate que les clients ou patients reviennent plus souvent à l’officine pendant la période de travaux, pour voir leur avancée. »
Un coup de jeune grâce au pharmastaging.
Pour les pharmaciens qui souhaitent redonner un nouvel élan à leur pharmacie sans s’engager dans des travaux lourds et contraignants, le pharmastaging est une option parfaite et abordable. Il s’agit par exemple de remplacer le mobilier existant ou de repenser la signalétique et le parcours patient dans l’officine. « Le pharmastaging est une optimisation de l’espace. On ne touche pas à l’enveloppe, à la structure du bâtiment. On vient juste réorganiser », explique Éric Serwy, co-DG de Rubex, spécialisé dans l’équipement sur mesure des officines. Moins contraignant que le réagencement, le pharmastaging vise à perturber le moins possible l’activité : « l’avantage du pharmastaging c’est que l’intervention est réalisée sur des périodes courtes, plus facile à intégrer dans le calendrier. »
Extension de l’espace officinal : pensez à déclarer à l’ARS
Conformément à l’article R5125-11 du code de la Santé publique, toute modification de la superficie de l’espace officinal doit faire l’objet d’une déclaration à l’ARS : « toute modification des conditions d’installation de l’officine relative à la surface des locaux, à l’ajout ou à la suppression d’un local de stockage (…), aux aménagements du bâti ou liée à la réalisation d’une nouvelle activité, est préalablement déclarée au directeur général de l’Agence régionale de santé ou au conseil compétent de l’ordre national des pharmaciens (…). »
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