Les bienfaits du sport après le cancer du sein

Sprinteuse et médecin défendent une même cause

Publié le 29/11/2010
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Le Dr Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance), et Christine Arron, la sprinteuse française détentrice du record d’Europe du 100 m, encouragent, chacune avec ses arguments, les femmes à poursuivre une activité physique… même avec un cancer.
Le Quotidien du Pharmacien.- Que sait-on de la relation activité physique-cancer ?

Dr Carole Maître.- L’activité physique diminue la survenue de presque tous les cancers et cela est particulièrement vrai pour le cancer du sein. Elle diminue de 25 % le risque de récidive et de 30 % la mortalité par cancer du sein (C. Maître, Bulletin Cancer 2009 ; 96). Le problème majeur réside dans la fatigue chronique qui touche les femmes soignées pour leur cancer du sein et qui empoisonne leur vie. D’autres femmes peuvent penser « je suis malade, je suis fatiguée, je dois me ménager ». Or, c’est tout l’inverse qui se passe ! L’activité physique réduit significativement la fatigue ainsi que l’anxiété et le syndrome dépressif qui l’accompagnent.

Christine Arron.- l’activité physique améliore remarquablement la qualité de la vie. Il faut donc trouver les moyens de faire redémarrer les femmes.

Quel type de sport serait le plus protecteur ?

CA.- Attention ! On ne parle pas que de sport mais aussi d’activité physique. N’importe quelle activité physique. Il n’y a pas de « petite » activité physique. Pour bien la choisir, il faut que l’activité fasse plaisir et qu’elle s’inscrive facilement dans la vie quotidienne de la femme. Ces deux critères sont fondamentaux pour que l’activité physique devienne une habitude et soit pratiquée dans la durée.

CM.- Pour recommencer tout en douceur, les activités douces comme le yoga, le taî-chi apparaissent dotées d’un double intérêt : une certaine dépense physique et aussi de la détente. La marche à pied représente également une bonne solution. Facile à mettre en œuvre, elle peut être pratiquée plusieurs fois par semaine : éviter la voiture pour un bref trajet, faire ses petites courses à pied, descendre du bus deux stations avant et rentrer à pied, goûter le plaisir de traverser un parc, randonner en famille ou entre amis le dimanche… Juste penser à marcher d’un bon pas à chaque fois que l’on marche. Cela peut être aussi le vélo, la natation…

CA.- Ce qui est motivant également, c’est quand l’activité physique se pratique en groupe. Du fait de sa maladie et de ses traitements, la femme atteinte du cancer du sein a eu tendance à se refermer sur elle-même, est restée beaucoup chez elle. Si l’on appartient à un groupe, on peut tisser des liens. On est contente d’aller retrouver une amie. Cela donne l’envie d’y aller. C’est encourageant.

Des conseils supplémentaires ?

CA.- Je suis convaincue des bienfaits d’une alimentation équilibrée, faisant la part belle aux fruits et aux légumes. Ils sont pourvoyeurs d’énergie et aussi d’éléments protecteurs vis-à-vis du cancer. Et là encore c’est un plaisir : choisir les fruits de saisons, les consommer à volonté c’est délicieux !

CM.- Tout en réduisant les apports en graisses et en apprenant à bien les choisir. Souvent, les femmes prennent du poids après le cancer, notamment la première année, facilement 2 à 4 kg. La prise de masse graisseuse est de mauvais pronostic pour le cancer du sein. Le couplage activité physique et alimentation équilibrée apparaît alors des plus synergiques dans la prévention des récidives de cancer. Il faut combattre l’idée fausse qu’une perte de poids signifie la reprise du cancer. En contrôlant leur poids, les femmes mettent des chances de leur côté.

Pourquoi s’engager pour l’activité physique alors que l’on est une grande championne, au fascinant palmarès ?

CA.- D’abord parce que cette maladie affecte les femmes. Chacune d’entre nous peut un jour y être confrontée. À travers la vie de proches, je pense percevoir quels préjudices causent le cancer du sein sur l’image de soi et je mesure combien il doit être difficile de se remettre en route. Lorsque le Dr Carole Maître, mon médecin à l’INSEP, m’a demandé d’être la marraine de l’enquête « Bougez contre le cancer du sein » (cf. encadré), j’ai accepté bien volontiers. Je trouve pertinent de comprendre quels sont les freins à la pratique de l’activité physique. Selon moi, c’est un moyen de prévention si simple, si facile à mettre en place et tellement fructueux ! J’ai envie de leur donner envie ! Et puis, plus on prend l’habitude d’une activité, plus on a envie d’en faire et plus cela devient efficace. Un cercle vertueux en quelque sorte.

› PROPOS RECUEILLIS PAR MIREILLE PEYRONNET

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2793