Prise en charge des IST (Chlamydia et gonocoques)

Dépister pour s'en débarrasser

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Publié le 27/05/2019
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Souvent éclipsées par le VIH, les IST bactériennes à Chlamydia et à gonocoques connaissent une recrudescence inquiétante. Pourtant, ces maladies se soignent facilement à condition d'être dépistées.

Dans les années quatre-vingt-dix, le préservatif à 1 franc a connu un large succès ; cette opération soutenue par les pharmaciens d'officine et les grossistes répartiteurs, dans une période de mobilisation massive contre le SIDA, a contribué à démocratiser l'utilisation de ce dispositif de prévention contre l'ensemble des MST (maladies sexuellement transmissibles). Vingt-cinq ans plus tard, les MST sont devenues les IST (infections sexuellement transmissibles), le préservatif est remboursable par l'Assurance maladie, et le pharmacien reste un élément central dans la lutte contre ces infections.

Informer, encore et toujours

Malgré les moyens disponibles aujourd'hui pour diffuser les messages de prévention et sensibiliser les populations, une méconnaissance des IST, en particulier les IST bactériennes, et de leurs conséquences sur la santé persiste. La plupart de ces maladies étant peu symptomatiques, elles se font oublier aisément.

L’enquête LaboIST publiée en juillet 2018 par Santé publique France et réalisée auprès des laboratoires de biologie médicale privés et publics montrent une augmentation du nombre de diagnostics d’infection à Chlamydia et à gonocoques ; le taux d'infection a été multiplié par 3 entre 2012 et 2016. La population des 15 à 24 ans apparaît comme la plus vulnérable, ce qui corrobore les conclusions d'une étude IFOP pour Sidaction (2016). Selon cette enquête, l'information dans cette tranche d'âge se détériore et expose à des comportements à risque. Les données épidémiologiques montrent par ailleurs des différences d'incidence selon le sexe : les femmes sont plus touchées par les infections à Chlamydia, avec un taux de diagnostic de 592/100 000 en 2016, contre 380 pour les hommes. Pour les infections à gonocoques, un rapport inverse est observé.

Et pourtant, les IST bactériennes se soignent

Le dépistage des IST bactériennes a un double intérêt : individuel, pour prendre en charge efficacement l'infection, et collectif pour briser le cycle de transmission. Ce dépistage, ainsi que celui du VIH (sous réserve de respecter le délai de séroconversion) ou de la syphilis, peut être évoqué à l'officine, en cas d'identification d'un comportement sexuel à risque. La demande d'une contraception d'urgence doit également amener à évoquer les IST bactériennes, d'autant plus que ces maladies sont souvent asymptomatiques. Pour la chlamydiose (infection à Chlamydiae trachomatis), il n'y a pas de signes cliniques dans 6 à 7 cas sur 10, même en phase aiguë. D'où l'importance d'un dépistage, par un prélèvement vaginal ou urinaire. La prise en charge correcte des infections à Chlamydia permet de réduire le risque de complication à long terme, comme la salpingite, une stérilité ou une grossesse extra-utérine. Le traitement est antibiotique, par azithromycine en 1 dose ou doxycycline sur 7 jours. Pour l'infection à gonocoques (Neisseria gonorrhoeae) communément appelée chaude pisse, le traitement repose sur la ceftriaxone intramusculaire. Dans le cas d'une IST bactérienne, les partenaires sexuels doivent être pris en charge pour éviter une éventuelle recontamination.

David Paitraud

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3523