Ordonnance 1 : Zone douloureuse
Monsieur Bruno T., 63 ans
Valaciclovir 500 mg : 2 comprimés matin, midi et soir durant 7 jours
Lamaline gélule : 2 gélules matin, midi et soir, avant le coucher durant 10 jours
Laroxyl 25 mg : 1 comprimé le matin et 2 comprimés au dîner durant 10 jours
Le contexte
Monsieur T. souffre depuis deux jours d’un zona thoracique à l’origine de violentes douleurs. Il est victime d’insomnies et jusqu’au simple contact de ces lésions avec des vêtements occasionne d’intolérables sensations de brûlure. Le dermatologue a prescrit un traitement symptomatique qui devrait rapidement réduire les douleurs, le relais de sa prescription étant pris par celle du médecin de famille.
Le valaciclovir est métabolisé en aciclovir, un analogue de la déoxyguanosine actif sur divers herpesviridae (HSV, virus de la varicelle-zona). Phosphorylé par une thymidine kinase propre aux cellules infectées par le virus, l’aciclovir n’agit pas sur les cellules non infectées. L’aciclovir phosphate est métabolisé en aciclovir triphosphate, un inhibiteur compétitif de la polymérase virale. Ce médicament prévient notamment la survenue ultérieure de douleurs post-zostériennes.
Lamaline est un antalgique de palier 2 associant poudre d’opium, paracétamol (300 mg) et caféine. Sa prescription n’est pas soumise aux règles récemment instaurées pour le tramadol et la codéine.
L’amitriptyline (Laroxyl) est indiquée, entre autres, dans le traitement des douleurs neuropathiques, y compris des douleurs zostériennes. Son administration pourra être poursuivie (sur avis médical) pour limiter les douleurs post-zostériennes lorsque Monsieur T. ne sera plus dans la phase aiguë de l’affection.
Votre conseil
Les effets indésirables liés à l’utilisation de la poudre d’opium (risque de constipation, de sécheresse buccale, de somnolence, etc.) peuvent justifier des mesures d’hygiène alimentaire (hydratation, fibres, etc.) ou autres (pas de prise d’alcool, prudence au volant, etc.). La Lamaline contenant du paracétamol, il faut surtout veiller à ne pas recourir sans avis autorisé à d’autres spécialités en contenant également. Les effets indésirables sous valaciclovir se limitent à des céphalées et à des érythèmes, parfois à des troubles gastro-intestinaux légers et transitoires.
Le pharmacien souligne, comme le dermatologue, le port de vêtements amples et légers, la prise de douches fraîches mais refuse de vendre au patient un gel ou une pommade anesthésique dont l’usage est absolument déconseillé sur les lésions actives d’un zona (l’emplâtre de lidocaïne Versatis est indiqué sur les douleurs post-zostériennes, subsistant souvent plus d’un mois après le début de l’éruption).
Rappelons enfin que la prévention vaccinale est recommandée chez les personnes âgées de 65 et plus, y compris si elle a déjà présenté un ou plusieurs épisodes de zona.
Ordonnance 2 : Gare à l’effet anticholinergique
Monsieur Hervé L., 68 ans
Solifénacine 5 mg : 1 comprimé le matin
Ramipril 5 mg : 1 comprimé le matin
Aequasyal : 3 flacons
Traitement pour un mois
Le contexte
Souffrant d’hyperactivité vésicale, Monsieur L. est handicapé depuis quelques semaines par des fuites urinaires. Il s’est résolu à consulter et le médecin lui a prescrit un traitement bénéficiant d’une bonne tolérance globale et a renouvelé son traitement antihypertenseur.
La solifénacine exerce une action antagoniste compétitive sur les récepteurs cholinergiques d’où son effet antispasmodique. La vessie est riche en terminaisons nerveuses parasympathiques cholinergiques : l’acétylcholine contracte le muscle détrusor en agissant sur les récepteurs muscariniques.
Le ramipril est un antihypertenseur de la famille des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) administré ici à dose moyenne.
Aequasyal est un spray buccal substitut salivaire indiqué dans le traitement des hyposialies iatrogènes.
Votre conseil
Le comprimé de solifénacine est avalé entier avec de l’eau, sans être croqué ; il sera pris pendant ou en dehors des repas (comme celui de ramipril d’ailleurs). Les médicaments anticholinergiques peuvent induire des troubles visuels (vision floue notamment), de l’asthénie voire de la somnolence et ainsi altérer l’aptitude à la conduite. La solifénacine peut également ralentir le transit intestinal et réduire les sécrétions entériques (risque de constipation) et buccales. Cet effet iatrogène a été anticipé par le médecin qui a prescrit un substitut salivaire en recommandant aussi la pratique régulière d’exercices physiques (marche par exemple) pour lutter contre la constipation, sans oublier l’importance d’un régime riche en fibres et d’une hydratation suffisante.
Ordonnance 3 : La crise qui fait mal
Monsieur Georges G., 66 ans
Diclofénac LP 75 mg : 1 cp matin et soir pendant 1 semaine, puis 1 cp le matin
Diclofénac 1 % gel : appliquer matin et soir sur les genoux et les poignets - 2 tubes
Paracétamol 500 mg : 1 gélule matin, midi, soir
Diacéréine 50 mg : 1 cp matin et soir
Kenacort Retard 40 mg : 4 seringues au total
RDV pour infiltration : 24 juin 15h45/15 juillet 10h30.
Le contexte
Monsieur G., coiffeur ayant travaillé des années en station debout, souffre d’arthrose aux deux genoux. Souffrant d’une poussée de gonarthrose, il vient de consulter le rhumatologue qui lui a prescrit un traitement essentiellement symptomatique, actif sur la douleur.
Le diclofénac, un AINS, est ici utilisé sous forme systémique et sous forme topique. L’action antalgique du paracétamol complète l’action anti-inflammatoire.
La diacéréine contribue à limiter la dégradation du cartilage et constitue un traitement « de fond » de l’arthrose. Le bilan hépatique satisfaisant autorise la poursuite de ce traitement (risque d’élévation des enzymes hépatiques et d’hépatite médicamenteuse : CI en cas d’antécédents de pathologie hépatique) administré depuis maintenant 6 mois.
La triamcinolone (Kenacort Retard) est un glucocorticoïde administré par voie intra-articulaire. Le rhumatologue injectera 1 ml (donc une ampoule de 40 mg) dans chaque genou deux fois, à trois semaines d’intervalle. Ce traitement soulagera le patient durant environ un mois.
Votre conseil
La diacéréine expose à des diarrhées, donc à un risque de déshydratation ou de déséquilibre hydroélectrolytique (hypokaliémie) : le patient suspendra momentanément ce traitement en cas de désordres du transit. Ce médicament est pris au cours du repas. Monsieur G. pourra pratiquer une mobilisation douce et adaptée des genoux, avec l’aide si besoin d’un kinésithérapeute.
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