Des ruptures de stocks ingérables, des charges administratives qui augmentent, des indus injustifiés de plus en plus présents et des trésoreries qui baissent. Pour agir, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle les pharmaciens à remonter les indus aberrants et, pourquoi pas, à une nouvelle mobilisation.
Des moyens pour pouvoir exécuter leurs missions, une simplification administrative et une modification du mode de rémunération : c’est la liste des vœux de l’USPO adressée au ministre de la Santé, Yannick Neuder, lors des 15e Rencontres de l’USPO le 6 février, devant l’intéressé lui-même. « Dans une politique de sobriété médicamenteuse, que nous soutenons car il s’agit du bon usage du médicament, il ne faudrait pas que le pharmacien soit pénalisé car le volume de produits de santé est encore trop important dans sa rémunération », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.
Mais entre les ruptures de stock de médicaments qui sont « une perte de temps pour l’officine et une perte de chance pour les patients », et l’économie de l’officine en perte de vitesse, les raisons de « faire exploser la marmite », s’accumulent pour l’USPO.
« On a besoin d’une revalorisation. On nous a fait remarquer une augmentation de 20 % sur l’honoraire à l’ordonnance. Une augmentation de 10 centimes. C’est 62 millions d’euros pour le réseau. 3 200 euros par officine. Est-ce que c’est ça qui va nous sauver ? J’ai un léger doute », désespère Pierre-Olivier Variot qui compte aussi 40 millions d’euros de perte de marge sur les produits de contraste et 75 millions d’euros en moins avec le prochain déremboursement des tests antigéniques du Covid-19. Il faut aussi prendre en compte « les baisses de prix en pagaille et la baisse des prescriptions qui va arriver car c’est dans la convention médicale que de déprescrire, déplore le président de l’USPO. Et ce n’est pas un saupoudrage potentiel de 20 000 euros sur certaines officines qui va sauver le réseau. »
Sans compter ces missions attendues mais qui n’arrivent toujours pas : la délivrance sans ordonnance de traitements nicotiniques de substitution en pharmacie, promise depuis 3 ans, la vaccination du voyageur ou encore la substitution des biosimilaires – le texte d’application est écrit et devrait paraître très prochainement – potentielle source d’économie pour le réseau « à condition que ce ne soit pas un jeu de dupes ou un tour de passe-passe en privant les pharmaciens de l’équilibre en place sur l’économie du générique », prévient le président de l’USPO. Rappelons qu’au moment du vote du budget par l’ex-gouvernement Barnier, il était question de baisser le plafond des remises sur les médicaments génériques pour environ 100 millions d’euros, pour compenser les remises sur les biosimilaires.
Aujourd’hui, « c’est un réseau qui se tend, constate Pierre-Olivier Variot. Et il ne faudrait pas que ce soit une justification de l’État pour favoriser la vente en ligne de médicaments sur ordonnance », avec les risques de dérégulation qui y sont liés.
« Alors, on fait quoi ? », demande le président de l’USPO. Pour faire cesser les indus injustifiés, le syndicat a créé un groupe de travail chargé d’étudier et de remonter les impayés aberrants à l’assurance-maladie, à la direction de la Sécurité sociale, au ministre de la Santé et même au Premier ministre. Les pharmaciens sont appelés à envoyer leurs indus injustifiés à : indus@uspo.paris.fr.
Alors que le budget de la Sécurité sociale pour 2026 va entrer dans sa phase de préparation dès le printemps et que l’USPO, mais aussi la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France), réclame impérieusement l’ouverture des discussions pour un avenant 2 à la convention pharmaceutique de 2022, la pression monte. « Il va falloir repenser à de nouvelles manifestations, à de nouvelles prises de position de la profession et je pense que ce ne sera pas qu’une seule journée, ajoute Pierre-Olivier Variot. On va recommencer à s’organiser. » Comme le 30 mai ?
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