S’abstenant de prendre formellement des engagements sur l’économie officinale et sur l’ouverture de négociations pour un avenant 2 à la convention pharmaceutique, Yannick Neuder, ministre de la Santé, s’est néanmoins déclaré en phase avec la majorité des préoccupations des pharmaciens, rassemblés à son ministère à l’occasion de la 15e rencontre de l’USPO.
S’adressant pour la première fois à la profession depuis sa nomination fin décembre, Yannick Neuder, ministre de la Santé, s’est déclaré réceptif à nombre d’inquiétudes exprimées par Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), en préambule de la 15e rencontre du syndicat. Peu d’engagements ont certes été prononcés par un ministre pris en étau dans un agenda législatif plus que contraint. La Loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2025 ne verra visiblement le jour qu’en mars. C’est dire si celle-ci sera une loi de transition, déclare Yannick Neuder qui promet de s’attaquer sans tarder au Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PFSS) pour… 2026.
Car, rejoignant les préoccupations de la profession, le ministre de la Santé admet que des dossiers ne sauraient souffrir davantage. La prévention, par exemple, et tout particulièrement dans les maladies cardio-vasculaires. Il pourrait ainsi ne pas rester sourd à la demande récurrente de la profession depuis trois ans de pouvoir prescrire les substituts nicotiniques. Sur le chapitre de la prévention, le ministre se déclare d’ailleurs attaché à la pluriannualité et c’est ainsi que des accords pourraient être re signés en mars ou en avril « afin de restaurer la confiance des professionnels de santé et redonner du sens aux actions ». De même, il a déclaré vouloir lancer une campagne de communication grand public afin de mieux informer sur le dispositif des TROD angine et cystite, encore trop méconnu des Français.
Le praticien au CHU de Grenoble qu’il a été jusqu’à sa nomination ne peut ignorer les charges administratives qui pèsent sur les professionnels de santé. Répondant aux préoccupations exprimées par Pierre-Olivier Variot, tant sur le tiers-payant que sur les règles de dispensation, le ministre a promis d’intégrer les professionnels de santé à la réflexion d’une loi de simplification administrative qui devrait être élaborée avant l’été.
Le sujet de la formation des professionnels de santé a également été abordée par un ministre révolté qu’un chirurgien-dentiste sur deux soit formé à l’étranger et que des places restent vacantes dans les amphis des facultés de pharmacie. « Nous devons reprendre notre système de formation en main, en fonction des besoins des territoires et c’est dans cet objectif que je vais travailler avec les doyens », a déclaré Yannick Neuder, qui a annoncé le nouveau DESS officine pour la rentrée 2025.
Le ministre a-t-il entendu l’alerte donnée par le président de l’USPO sur l’état de l’économie officinale, mise à mal non seulement par les baisses de prix successives mais aussi par les baisses de volumes de prescription ? « Je n’ai pas de budget ! », a-t-il botté en touche. Il n’en a pas moins promis de reprendre le sujet avec le directeur général de l’assurance-maladie, incitant toutefois la profession à être force de propositions. À bon entendeur…