Le temps politique n’est pas le temps conventionnel. Et alors que le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 souffre des atermoiements parlementaires et gouvernementaux, la profession trépigne.
La substitution biosimilaire à l’officine, l’une des clés de voûtes de l’avenant 1 signé en juin 2024, n’a toujours pas reçu le feu vert ministériel. Quant aux territoires fragiles, dont la définition conditionne l’octroi d’une aide de 20 000 euros par l’assurance-maladie, elle aussi prévue à l’avenant 1, ils sont aujourd’hui à la peine. Tant au niveau des ARS que du Conseil d’État, saisi d’un recours déposé à la fin de l’été 2024, par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Mais déjà l’instruction des modalités d’application de ce dispositif laisse apparaître que la cible ne sera pas atteinte. De quoi inciter la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) à demander un amendement au texte conventionnel. Car le syndicat attendait beaucoup de l’article 10 de l’avenant pour sauver de la disparition ces officines situées en territoires fragiles, dont le nombre est estimé à un millier.
Volumes en baisse
L’assurance-maladie acceptera-t-elle de revoir la copie ? Ce serait une opportunité dont se saisirait également l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le syndicat, qui a refusé de signer l’avenant 1 au motif qu’il ne permet pas de maintenir à flot l’économie officinale, n’en démord pas. Le compte n’y est pas. Rouvrir les négociations avec l’assurance-maladie sous la forme d’un avenant 2 permettrait de donner un nouveau souffle au réseau dont la situation financière se dégrade depuis la crise sanitaire. Au rang de ses inquiétudes, le syndicat cite une nouvelle baisse des volumes, en lien avec la signature de la convention des médecins. Soit, à titre d’exemple, une réduction de 10 % des prescriptions d’antibiotiques et d’antalgiques de palier II et de 20 % des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). C’est sans compter le déremboursement annoncé des tests antigéniques qui représenterait une nouvelle perte de 75 millions d’euros.
Renégocier avec l’assurance-maladie pour un avenant 2 permettrait de donner un nouveau souffle au réseau
Toutefois, l’avenant 1 n’avait-il pas pour objectif d’anticiper ces coups de rabot en revalorisant les honoraires à hauteur de 10 centimes ?
Les chiffres sont têtus. Ces quelque 3 145 euros par an et par pharmacie, ne représenteront qu’une hausse de 0,9 % de la marge brute, selon Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, « pas de quoi couvrir l’augmentation continue des charges subies depuis trois ans ». Le président de l’USPO tacle également au passage l’avenant 1 qui n’a pas prévu la revalorisation de la vaccination contre la grippe et le Covid. Hormis ces divers assauts contre l’économie officinale, il faudra compter avec des baisses de prix en continu. Outre les dernières en date, intervenues en tout début d’année, le PLFSS pour 2025 prévoit que de nouveaux efforts vont devoir être consentis sur les produits de santé avec une nouvelle érosion des prix de l’ordre d’un milliard d’euros pour le médicament et de 200 millions d’euros pour les dispositifs médicaux. La dispensation de ces derniers ne bénéficiant pas d’une rémunération à l’honoraire, c’est autant de pertes sèches qui se profilent.
Face à ces nouveaux coups portés à l’économie officinale, et dans l’hypothèse de l’ouverture de nouvelles négociations, de quels leviers les syndicats disposeront-ils face à l’assurance-maladie ? Un organisme payeur qui ne manquera pas de rappeler que le déficit de la Sécurité sociale se creuse à 18 milliards d’euros pour 2024.
Conférence « Le Quotidien du pharmacien » samedi 8 mars 14 heures « La Convention pharmaceutique pourra-t-elle redresser les comptes de l’officine ? »).
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