CHAQUE pharmacie fait face, en moyenne 2 à 3 fois par semaine, à des demandes de soins d’urgence. Des situations qui relèvent souvent de la « bobologie » mais représentent aussi parfois de vraies urgences vitales.
Plaies
Tout dépend de la profondeur et de l’étendue de la plaie, de la présence ou non d’une hémorragie. Si la plaie est grave, après rinçage au sérum physiologique, protéger d’une surinfection avec un emballage stérile (compresses non adhérentes ou absorbantes), adapter la position du bébé à la localisation de la plaie (sur le dos, tête calée, si la plaie est à l’œil ; allongé, cuisses fléchies en cas de plaie à l’abdomen) et le couvrir en attendant les secours. N’utiliser les bandes adhésives pour remplacer une suture que sur une plaie de petite taille et dans une zone de peau non mobile (pas sur le visage).
Morsures et piqûres
Signes de gravité : enfant de moins de 6 mois, taille de la plaie supérieure à la moitié de la paume de la main, morsure sur la face, le cou ou une articulation. Il faut stopper une éventuelle hémorragie, nettoyer délicatement, appliquer un antiseptique incolore et emballer avec une compresse stérile et de la maille élastique type filet tubulaire. En cas de morsure au membre supérieur, vérifier les mouvements des doigts (gare à l’atteinte d’un tendon), les vaccinations du chien mordeur et celle du bébé contre le tétanos. Au moindre doute, contacter les urgences. Pour les piqûres d’hyménoptères, retirer le dard sans comprimer, désinfecter, appliquer de la glace 20 minutes Mais en cas de signes évoquant une réaction allergique générale (vertiges, éruption sur tout le corps, gonflement de la face et du cou, gêne respiratoire, augmentation de la fréquence cardiaque), alerter le SAMU.
Brûlures
Gare aux brûlures du cou et de la face (potentiellement vitales parce qu’elles entravent les voies aériennes), du périnée (à fort risque septique), des mains et des plis de flexion (troubles fonctionnels sévères). Le jeune âge est en soi un facteur de gravité. Pour une surface brûlée de 10 %, le tout-petit doit être hospitalisé. Quand la brûlure thermique est récente (moins de 15 minutes), refroidir sous l’eau du robinet, mais pas trop longtemps sous peine d’hypothermie qui aggraverait l’état du bébé. Si la brûlure n’est pas grave, désinfecter à l’aide d’un antiseptique à large spectre, couvrir avec un pansement non adhérent, vérifier la vaccination antitétanique. Organiser une consultation médicale si des signes d’inflammation apparaissent.
Épistaxis
Pratiquer un mouchage délicat pour évacuer les caillots de sang. Asseoir le nourrisson le coude calé sur une table, la tête penchée en avant, compresser la narine avec un doigt, du côté du saignement, pendant 10 à 15 minutes Surtout ne pas l’allonger et ne pas lui mettre la tête en arrière pour éviter que le sang ne coule dans la gorge et ne provoque des vomissements. Un glaçon posé à la racine du nez peut favoriser l’arrêt du saignement ; une compresse imbibée d’alginate de calcium ou, mieux, résorbable placée dans la narine aussi. Mais en cas d’inefficacité ou de récidive, passer la main.
Corps étranger dans l’œil
Après avoir vérifié l’absence de plaie du globe oculaire, ôter le corps étranger (poussière par exemple) en lavant abondamment l’œil au sérum physiologique, sans essuyer ni frotter. Des techniques comme l’utilisation d’un coin de mouchoir, d’une feuille de papier ou du retournement de paupière comportent un risque d’infection ou de lésion cornéenne. Si le corps étranger part au lavage, l’avis d’un ophtalmo peut être différé dans les jours qui suivent, pour vérifier si la cornée n’a pas été abrasée.
Bébé s’étouffe
Pour rétablir le passage de l’air sans perdre de temps, il faut créer une surpression dans le thorax provoquant l’expulsion du corps étranger. Si le nourrisson a plus d’un an : effectuer jusqu’à 5 claques vigoureuses, main à plat, dans le haut du dos entre les omoplates, assis en basculant l’enfant sur un genou, la tête plus basse que le thorax ; faire des compressions thoraciques abdominales vers le haut et vers l’arrière sous les côtes. Même technique s’il a moins d’un an, en plaçant le bébé sur le ventre, à cheval sur l’avant-bras ; le retourner ensuite sur le dos, positionner deux doigts verticalement sur la ligne du milieu du sternum et appuyer pour que le thorax s’enfonce sur un peu plus d’un tiers de son épaisseur. Vérifier après chaque appui si le corps étranger apparaît dans la bouche. Sinon appeler le SAMU.
Asthme et bronchiolite
En cas de gêne respiratoire persistante, mettre l’enfant en position semi-assise pour libérer le diaphragme de l’appui par les organes intra-abdominaux ; faciliter le traitement en utilisant une chambre d’inhalation ; et délivrer - sur prescription téléphonique par le médecin du centre 15 - de l’oxygène à haut débit (3 à 6 L/mn), en attendant les secours. Même attitude pour la bronchiolite, mais 3 L/mn seulement chez le tout-petit.
Convulsion hyperthermique
Placer l’enfant inconscient sur le côté pour protéger ses voies aériennes d’éventuels vomissements. En phase clonique, toujours sur le côté, éviter qu’il ne se blesse, protéger sa tête. Surveiller son réveil complet et traiter la fièvre (paracétamol ou ibuprofène en suppositoires). Si les convulsions persistent, alerter le SAMU ; en attendant, si nécessaire et sur leur avis, injecter du diazépam en intrarectal.
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