L’Humain, maître de l'IA

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Publié le 21/10/2019
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Faut-il opposer l’IA aux capacités intellectuelles du pharmacien ? Assurément pas. Les groupements expriment clairement les limites qu’ils se sont fixées dans le recours aux algorithmes. Reste à en convaincre leurs adhérents.

Le développement de l’IA qu’anticipent les groupements ne se heurte pas seulement aux difficultés techniques et aux limites éthiques, voire réglementaires. Le plus grand obstacle auquel ils s'affrontent est du ressort de l’humain. Car davantage que d’autres secteurs d’activité, le monde officinal fait surgir deux questions essentielles. D’une part, jusqu’où peut aller l’intelligence artificielle pour rester au service du pharmacien et de son patient, sans nuire à leurs intérêts respectifs, ni supplanter leur libre arbitre ? D’autre part, jusqu’où pourra aller le groupement dans l’utilisation de l’IA sans mettre en péril la pérennité même du rôle de pharmacien ?

Un équilibre s’impose. Les groupements sont attendus par leurs adhérents sur les réponses qu’ils sauront apporter. Les réflexions ont cours au sein des groupements comme en témoigne Anthony Hurault, directeur général d’Aelia : « La question est de savoir où positionner le curseur pour équilibrer, calibrer le rapport technologie/humanité. Il faut prendre garde de ne pas aller trop loin pour conserver la place des émotions, de l’instinct et du sens relationnel. » Le versant relationnel de l’exercice officinal ainsi que la compétence de l’expert du médicament détiendront toujours une supériorité sur la machine. Ceci d’autant que l’acceptation du patient d’une IA se substituant à la relation humaine n’est pas acquise. « Le lien entre le patient et le pharmacien pèse lourd dans l’observance de son traitement », rappelle François Chartier, P-DG de Cap'Unipharm.

L’IA ne doit donc pas être une fin en soi. « Ses outils ne remplaceront pas le professionnel de santé. Car l’être humain n’est pas une machine et il ne faut pas oublier la dimension psychologique dans la réussite du traitement », affirme Emmanuel Lataste, président d’Elsie. Bien davantage, telle est la position des groupements, l’IA se doit d’intervenir en support pour optimiser la rentabilité de l’officine, dégager du temps pharmaceutique, permettre au pharmacien d’intervenir plus rapidement et de manière plus pertinente dans la prise en charge des patients. En un mot, simuler l’intelligence humaine pour mieux stimuler l’exercice officinal. Telle est aujourd’hui la feuille de route des groupements en matière d’intelligence artificielle.

M. B.
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3550