Infections épidémiques de l’hiver

Des virus sous haute surveillance

Publié le 17/12/2012
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Si les virus grippaux et le virus syncytial respiratoire (VRS) représentent sans nul doute les « vedettes » de chaque hiver, ils ne sont pas les seuls et de nombreux autres virus moins médiatisés sévissant à cette période de l’année peuvent être à l’origine de formes graves.
La surveillance de la grippe vise à isoler les virus et à identifier leurs caractères antigéniques

La surveillance de la grippe vise à isoler les virus et à identifier leurs caractères antigéniques
Crédit photo : CDC

LA SURVEILLANCE virologique de la grippe, représente une activité importante au plan mondial (assurée essentiellement par les centres de référence de l’Organisation Mondiale de la Santé développés à partir des années 1950). Elle consiste à isoler les virus grippaux et à identifier leurs caractères antigéniques, afin, notamment, de formuler des recommandations pour la composition vaccinale de la campagne suivante de vaccination contre la grippe.

Cette surveillance a aussi, bien entendu, comme objectif de dépister le plus tôt possible les flambées de grippe et de rassembler et d’analyser les données relatives à la morbidité et la mortalité.

Il existe également, dans certains pays, des systèmes de surveillance orientés sur la quantification de l’impact de la maladie dans la population. Exploitant des critères cliniques et des indicateurs d’activité sanitaire, ceux-ci permettent de détecter précocement l’apparition d’une épidémie (systèmes d’alerte) et de quantifier a posteriori l’impact de l’épidémie.

Deux réseaux de surveillance populationnelle de la grippe en France.

Le Réseau des GROG (Groupes Régionaux d’Observation de la Grippe), créé en 1984, et qui couvre 21 des 22 régions métropolitaines, s’appuie sur l’engagement de plusieurs centaines de « médecins vigies » (généralistes, pédiatres, hospitaliers, militaires, du travail…) et d’un certain nombre de pharmaciens d’officine. Ainsi que l’explique le Dr Anne Mosnier, Coordinatrice nationale du Réseau des GROG, les médecins du réseau effectuent environ 5 000 prélèvements rhinopharyngés chaque saison chez des patients symptomatiques, pour analyse virologique par les Centres Nationaux de Référence de la grippe (situés à Paris et à Lyon) et certains laboratoires de CHU. Cette surveillance virologique représente un élément très important car de nombreux autres virus que ceux de la grippe sont capables de provoquer des syndromes grippaux. C’est pourquoi, le Réseau des GROG ne limite pas son activité à la grippe et surveille également la circulation d’autres agents infectieux respiratoires (VRS, rhinovirus, virus para-influenza, métapneumovirus…).

Le réseau Sentinelles de l’INSERM fonctionne, quant à lui, sur un principe différent. Il collecte, via un site Internet ou des logiciels distants auprès de médecins généralistes libéraux volontaires, les données cliniques de leurs patients vus en consultation. Ce réseau surveille 8 indicateurs de santé, parmi lesquels les syndromes grippaux, mais sans réaliser de prélèvements (sauf en Corse).

Depuis septembre 2009, l’Institut de veille sanitaire, le réseau Sentinelles et le Réseau des GROG ont mis en place le réseau unifié « Sentinelles-GROG-InVS » afin de réaliser un suivi commun des syndromes grippaux très fébriles vus en consultation de médecine générale.

Les autres virus aussi

Bien que l’on parle parfois de virus « émergents » au sujet de certains agents infectieux respiratoires, comme par exemple le bocavirus qui peut induire des bronchiolites chez le jeune enfant, il convient d’être prudent. Une maladie infectieuse émergente est une maladie due, soit à un nouvel agent infectieux - inconnu jusqu’alors - soit à un agent connu, mais dont les caractéristiques se modifient : la maladie s’implante alors sur un nouveau territoire ou, déjà présente au niveau d’un territoire, s’étend à des populations non touchées. Ce qui est indubitablement le cas du virus du SRAS, du virus de grippe pandémique A(H1N1) et potentiellement de celui de la grippe « aviaire » A(H5N1). Hors de la sphère respiratoire, pour mémoire, on peut encore citer dans la catégorie des virus émergents le virus de l’hépatite C et le VIH.

Il faut aussi noter, ainsi que le souligne le Dr Anne Mosnier, que si certains virus sont, depuis peu, plus souvent retrouvés dans les prélèvements, c’est parce qu’on les cherche plus ou qu’on a appris à les chercher ; recherche rendue plus aisée par le développement des tests de PCR multiples (dits « multiplex »).

Pour en savoir plus :

Réseau des GROG : www.grog.org

Réseau Sentinelles : http://websenti.u707.jussieu.fr/sentiweb

InVS : http://www.invs.sante.fr

› DIDIER RODDE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2969