Le samedi 16 août, l’appel à la fermeture des pharmacies, notamment soutenu par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), a été massivement suivi. Si le syndicat annonçait 92 % de taux de fermeture, il est aujourd'hui impossible d’obtenir des chiffres précis. Dans certains secteurs, près de 100 % des officines étaient bel et bien fermées. Une « réussite » pour l’USPO, qui se satisfait d’avoir fait prendre conscience aux patients des risques que les décisions gouvernementales font peser sur la survie de leurs pharmacies de proximité.
Ce samedi, dans le secteur de Dijon, sur la Côte d’Azur ou encore autour des villes de La Ciotat et de Cassis, dans les Bouches-du-Rhône, près de 100 % des officines avaient baissé le rideau. « À Dijon, il n’y avait que deux pharmacies ouvertes, alors que la ville compte une cinquantaine d'officines, raconte Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO et titulaire dans une commune jouxtant la préfecture de la Côte d’Or. L’ARS a procédé à des réquisitions en journée pour garantir un service minimum. Il y avait des files d’attente de plus d’une heure devant les officines restées ouvertes », raconte-t-il. Même situation dans les Bouches-du-Rhône, où l’appel à la fermeture des officines pour protester contre l’abaissement du plafond des remises génériques a été très largement entendu. « En Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’ARS a réquisitionné dans trois départements, explique Cyril Colombani, président de l’USPO des Alpes-Maritimes. Dans les Bouches-du-Rhône, il n’y a eu aucune pharmacie ouverte pendant 3 jours dans des villes comme Cassis ou La Ciotat, qui sont très touristiques. Les patients devaient faire 30 à 45 minutes de voiture pour trouver une pharmacie. » S’il a pu arriver que des personnes se plaignent de cette situation, notamment sur les réseaux sociaux, les patients se sont montrés « compréhensifs », observe Pierre-Olivier Variot. « Je pense qu’ils ont compris à quoi pouvait ressembler une vie avec un nombre réduit de pharmacies », résume-t-il.
Pour Cyril Colombani, la journée du 16 août a en effet permis de faire passer un message à la population. « Les remises génériques, c’est un sujet complexe. Je pense que cette action du 16 août a permis de mettre des mots simples sur ce problème. Les remises génériques permettent à de nombreuses pharmacies de rester en vie. Je pense donc que l’on a réussi à faire prendre conscience à la population des conséquences économiques de cette mesure pour le réseau. Près d’une pharmacie sur trois est menacée et un salarié par officine risque d’être licencié en moyenne ». À titre individuel, des pharmaciens ont eux aussi profité de cette journée de fermeture pour expliquer les raisons de leur colère à leur patientèle. « En Champagne, un pharmacien qui avait décidé de fermer à installer une table devant son officine pour expliquer la situation et faire signer la pétition contre les déserts pharmaceutiques. En une journée, il a recueilli près de 450 signatures », raconte Cyril Colombani. Si cette action est donc une « réussite », notamment sur le plan médiatique, avec une large couverture de l’événement pas les radios, télés, et journaux locaux et nationaux, le plus dur reste devant les pharmaciens. « Nous sommes satisfaits de voir que nous avons été suivis par la profession, se félicite Cyril Colombani. La mobilisation, cependant, n’est pas un objectif en soi. Ce qu’il faut désormais c’est relancer la discussion avec le gouvernement et que ce dernier arrête de prendre des décisions tout seul. »
Si la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) n’avait pas officiellement appelé les pharmaciens à fermer leurs établissements le 16 août, son président Philippe Besset, a été lui aussi fortement sollicité par les médias tout au long du week-end pour expliquer la situation. « L’actualité étant assez calme durant cette période, on a énormément parlé des pharmaciens durant ces trois jours et cela, c’est une excellente chose. J’ai dû faire une trentaine d’interventions en 3 jours entre les radios et les télés, confirme-t-il. Ce moment a été une occasion pour nous d’expliquer le but de notre action. J’ai notamment voulu faire passer deux messages : premièrement, cette mesure sur les remises est un cadeau fait à l’industrie pharmaceutique, qui ne servira en rien à l’assurance-maladie. Deuxièmement, il faut lutter contre toute “américanisation” de notre système de santé et refuser un modèle qui consisterait à privilégier les grosses structures au détriment des petites », détaille-t-il. Philippe Besset se satisfait d’avoir reçu « énormément de soutien de la part d’élus, de maires, de partis politiques… Lors de mes interventions dans les médias, j’ai pu lire les commentaires laissés par le grand public et la majorité de la population nous soutient », faut-il aussi remarquer. « Maintenant, il nous faut continuer avec le même objectif : faire modifier par la loi cet arrêté sur les remises génériques », conclut-il.
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