Financement de l’acquisition

Devenir titulaire (presque) sans fonds propres

Publié le 28/09/2009
Article réservé aux abonnés
Devenir titulaire avec un apport personnel réduit est possible, si vous apportez d’autres garanties à la banque qui finance l’opération. Néanmoins, mieux vaut toujours mettre un peu d’argent de sa poche pour montrer aux partenaires financiers votre engagement.

POUR ACCORDER un prêt nécessaire à l’acquisition de l’officine, la banque retient un critère à la fois financier et personnel : le montant de votre apport. En effet, une banque ne finance jamais à 100 %, en principe, la reprise d’une officine. « Pour obtenir un prêt bancaire en vue d’une acquisition, il faut en général fournir un apport personnel de 20 % au moins », explique Philippe Becker, de Fiducial, dans ses conférences aux jeunes diplômés. La banque considère qu’elle ne doit pas être la seule à prendre un risque, mais que l’emprunteur doit en prendre un également…

Toutefois, dans certaines conditions, le montant de votre apport peut être minoré. C’est le cas par exemple si vous apportez des garanties importantes : le banquier sera d’autant plus enclin à vous aider que ces garanties sont étendues et que la durée de votre emprunt est courte.

Pour l’achat d’une officine, les garanties les plus utilisées sont le nantissement et l’hypothèque. Le cautionnement, par exemple, est une garantie très appréciée des banques, bien qu’elle soit dangereuse : elle permet à l’établissement de crédit, en cas de défaut de paiement des mensualités, de demander à la personne qui s’est porté caution de verser immédiatement le capital et les intérêts restant dus. Or il faut rappeler que lorsqu’on se porte caution, on engage la totalité de ses biens personnels, et même ceux de ses héritiers après son décès…

Dans tous les cas, quel que soit le montant de l’apport personnel fourni, il faut savoir que les garanties peuvent se négocier. Mais, bien entendu, moins l’apport personnel est élevé, et plus cette négociation est difficile…

Critères financiers.

Pour évaluer le montant de l’apport nécessaire, la banque se base aussi sur certains critères financiers comme, notamment, la capacité d’autofinancement de l’officine, qui doit permettre de rembourser les emprunts, de renouveler les équipements et de dégager des bénéfices suffisants pour vous faire vivre. Autrement dit, plus la rentabilité et le bilan de l’officine achetée sont bons, et plus la marge de négociation sur le montant de l’apport personnel est grande, la banque ayant moins de craintes quant à la capacité de remboursement du titulaire.

D’autre part, certains types particuliers de financement peuvent également nécessiter un apport moins élevé. Notamment celui qui consiste à scinder l’opération en deux parties, l’une à court terme sur cinq ou six ans et l’autre sur douze ans, avec une répartition inégale de l’emprunt (20 % et 80 % en général). Le premier emprunt étant moins élevé qu’un emprunt normal, l’apport peut l’être aussi. Autre avantage : à l’issue de la cinquième ou sixième année, l’extinction du remboursement du premier financement allège la trésorerie de l’officine.

Certains choix dans le mode d’acquisition, enfin, permettent encore de diminuer l’apport personnel. Par exemple celui qui consiste à acquérir, seul, une petite officine à prix décoté : les 20 % du prix d’achat seront moins élevés que les 20 % du prix d’une officine plus importante. « Mais attention, préviennent les spécialistes de Fiducial : si une petite officine est plus facile à gérer pour un débutant, il faut accepter une rentabilité souvent médiocre et des perspectives de développement parfois incertaines ».

Autre solution : le « parrainage » dans le cadre d’une SEL. Un pharmacien exploitant et un pharmacien investisseur peuvent en effet s’associer à parts inégales dans une société qui achète l’officine, l’apport personnel étant alors d’autant plus faible en montant que la participation au capital est réduite. Le principe est le même quand on s’associe dans le cadre d’une SNC : on peut, là aussi, et avec une mise moins élevée, acheter une officine plus grande… à condition de partager les bénéfices.

› FRANÇOIS SABARLY


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2689