Comprendre pour réagir

« Oui, il y aura durablement des baisses de prix. » Cette phrase de Nicolas Revel, le patron de l'assurance-maladie, prononcée lors de la Journée de l'économie de l'officine organisée par « le Quotidien », rappelle s'il en était encore besoin que la rémunération à la marge est condamnée. Que cela plaise ou non, l'honoraire est appelé à prendre le pas sur ce qui a longtemps servi de modèle économique à une profession tiraillée entre son fonctionnement commercial et sa dimension libérale. Ce bouleversement ne fait pas que des gagnants. Les statistiques présentées par les trois plus importants cabinets d'expertise comptable sont édifiantes : elles montrent le ralentissement global de l'activité des pharmacies et la baisse de leur rentabilité, mais avec des disparités de plus en plus fortes d'une officine à l'autre. Le médicament remboursable perd du terrain au profit du non-remboursable et de la para. Et les grandes pharmacies sont celles qui s'en sortent le mieux. Faut-il y voir la préfiguration de ce qu'envisage la Cour des comptes, à savoir la disparition de la moitié des officines françaises ? Il n'y a rien d'inéluctable. Pour résister en période de crise il faut d'abord comprendre. Ce dossier spécial économie vous donne en exclusivité les clés de décryptage nécessaires pour analyser la situation - la vôtre comparée aux moyennes nationales - saisir les évolutions et envisager l'avenir. À cet égard, le modèle présenté par Dominique Jordan, notre confrère de PharmaSuisse, apporte une note d'espoir, raisonnée et raisonnable, dans un paysage morose. Sa recette : faire bouger les lignes, moins dépendre du prix du médicament et réduire sa dépendance vis-à-vis du corps médical et de l'assurance-maladie, tout en misant sur la qualité. Il faut lire son témoignage. L'engagement des pharmaciens helvètes préfigure sans doute ce que sera la pharmacie de demain.