Cette semaine, les syndicats ont été invités à donner leur avis sur un projet de décret visant à limiter la première dispensation d’antalgiques de palier I à deux boîtes par patient. Une nouvelle procédure de « complexification de la dispensation » dont on ne sait pas si elle se concrétisera un jour mais qui suscite déjà une levée de boucliers chez les représentants de la profession.
C’est une nouvelle contrainte qui pourrait encore compliquer la dispensation de médicaments par le pharmacien. Après les ordonnances sécurisées pour le tramadol et la codéine ou les fameux formulaires pour les analogues du GLP-1, les autorités sanitaires auraient désormais en tête de limiter les primo-délivrances d’antalgiques de palier I à deux boîtes par patient. Une initiative qui émanerait de la direction générale de la santé (DGS) et dont on ne connaît pas les réelles motivations (volonté de faire des économies, lutte contre le mésusage, les deux ?). Si elle devient réalité, cette mesure pourrait donc s’appliquer à toute délivrance de paracétamol, d’ibuprofène ou encore d’aspirine… « Nous en sommes encore au stade de la concertation », explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), particulièrement agacé contre cette nouvelle tentative de complexification, qui viendrait s’ajouter à celles, déjà nombreuses, qui ont été mises en place ces derniers mois. « C’est insupportable. Nous avons à peine le temps de nous battre contre l’une de ces mesures de complexification qu’il en arrive une autre, fustige-t-il. Un peu comme pour les pansements, ce projet vise à limiter la primo-délivrance d’antalgiques de palier I à deux boîtes avec les patients qui peuvent éventuellement revenir pour compléter leur traitement, précise Philippe Besset. Nous avons déjà exprimé notre opposition à ce projet, il y en a marre de toutes ces mesures de complexité. »
Le président de la FSPF a été de plus assez surpris par la rédaction du texte et surtout par un élément assez étonnant. « L’un des articles dans ce projet de décret parle des opioïdes qui, eux, ne seraient pas concernés par la mesure. Cela nous surprend à plus d’un titre, tout d’abord parce que les opioïdes ne sont pas des antalgiques de palier I… Il est donc très bizarre que les opioïdes se retrouvent dans un texte qui ne concerne que les antalgiques de palier I. » Si l’on ne connaît pas encore l’avenir de ce projet de décret, le président de la FSPF espère qu’elle se limitera au moins, comme cela semble être prévu, à la primo-délivrance. « Nous avons énormément de patients chroniques qui prennent des doses de paracétamol au long cours et cela serait vraiment insupportable, pour eux comme pour nous, s’il fallait les faire revenir chaque semaine », avertit-il déjà.
Lui aussi sollicité cette semaine sur ce projet de décret, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) estime qu’il faut avant tout « une cohérence entre les textes. On finit par s’y perdre avec toutes ces mesures qui s’additionnent, regrette-t-il lui aussi. Pour les pansements, la dispensation est désormais limitée à 7 jours, pour les compléments nutritionnels oraux c’est 10 jours, pour les antalgiques de palier I, ce serait maintenant 2 boîtes… », énumère le président de l’USPO. Concernant cette dernière mesure, encore au stade de projet, il estime que la volonté de limiter à 2 boîtes n’a pas beaucoup de sens car le nombre de comprimés contenu dans une boîte s’avère bien différent selon les spécialités. « De plus, si un patient vient avec une prescription d’ibuprofène, de paracétamol et de tramadol, je vais devoir délivrer le tramadol pour un mois et, pour l’ibuprofène et le paracétamol, je ne pourrais donc délivrer que deux boîtes qui, en plus, n’auront pas le même nombre de jours de traitement… C’est ridicule. Je suis d’accord pour limiter la dispensation, pour limiter la vente sans ordonnance mais il ne faut pas faire n’importe quoi », résume-t-il.
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