Un cri du cœur qui se répète. L’été dernier, le Premier ministre, en déplacement à Agen (Lot-et-Garonne), déplorait que la France n’ait « pas été au rendez-vous de la course au vaccin ». Puis le 28 janvier à Obernai (Bas-Rhin), Jean Castex affirmait que « tous les Français (…) ont été comme moi traumatisés par cette affaire ». Estimant que « c’est l’abaissement des moyens depuis 30 ans sur l’innovation dans la recherche en santé qui a abouti à ce qu’on ne fasse pas de vaccin français », il annonce « un plan massif de réinvestissement de Sanofi en France » pour réimplanter la fabrication sur le territoire « comme on l’a fait pour le paracétamol ».
En miroir : l’insolente réussite de Pfizer. Selon Albert Bourla, son PDG, le groupe américain est devenu le champion de la pandémie grâce à « des centaines de décisions prises au fil de l’eau », dont celle d’avoir suivi la biotech allemande BioNTech. Grâce aux 40 chercheurs mobilisés dès janvier, elle frappe à la porte de Pfizer, en mars 2020, avec plusieurs candidats-vaccins à ARN messager prêts pour des essais cliniques qu’elle n’a pas les moyens de mener. Bourla écarte les aides américaines pour gagner du temps, met en quelques mois plus de 2 milliards de dollars sur la table, réorganise les capacités de production et met à disposition Comirnaty, le tout premier vaccin anti-Covid, en décembre 2020. Avec des ventes de plus de 36 milliards de dollars en 2021, le pari s’avère gagnant.
Parallèlement, Pfizer met à profit les recherches réalisées en 2003 contre le SRAS (SARS-CoV-1) qui n’ont pas abouti, l’épidémie ayant disparu. Quelques modifications de sa molécule la plus prometteuse plus tard et voici le nirmatrelvir, associé au ritonavir : Paxlovid, le tout premier traitement oral contre le Covid disponible en France qui affiche 89 % d’efficacité.
Deux vaccins tricolores
Autre succès : Moderna. La biotech américaine se lance dans toutes les étapes de la fabrication d’un vaccin, utilise les financements proposés par les États-Unis et sait jouer des annonces à forte valorisation boursière. Avec l’aide des instituts américains de recherche sur la santé (NIH), elle finalise son vaccin à ARNm le 13 janvier 2020 (deux jours après que les autorités chinoises ont diffusé la séquence génétique du SARS-CoV-2) et lance les essais en mars. Son vaccin, Spikevax, est disponible rapidement après celui de Pfizer.
Plus d’un an après les lancements de Pfizer et Moderna, le candidat-vaccin de Sanofi est quasiment prêt. Ce vaccin à protéine recombinante développé avec GSK a cumulé les retards et ses résultats de phase 3, attendus à la mi-2021, ont finalement été annoncés le 23 février : une efficacité de 100 % contre les formes graves et les hospitalisations, de 75 % contre les formes modérées à sévères et de 58 % contre les formes symptomatiques du Covid. Selon l’Agence européenne du médicament (EMA), les deux prochains vaccins à obtenir une AMM pourraient être français : celui de Sanofi se retrouve au coude-à-coude avec celui de la biotech nantaise Valneva. Mais aucune décision n’est attendue avant Pâques. Malgré tout, Sanofi affiche un solide bilan 2021. À se demander si l’absence de lancement de produits anti-Covid l’an dernier est véritablement une occasion ratée ou une stratégie s’appuyant sur un portefeuille (hors Covid) qui a rarement été aussi prolixe.
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