La publication ce 6 août de l’arrêté fixant les nouveaux plafonds de remise sur les médicaments génériques, hybrides et biosimilaires a fini d’enterrer les derniers infimes espoirs de sortie de crise entre le gouvernement et les pharmaciens. Les représentants de la profession promettent une rentrée musclée à l’exécutif et soutiennent « toute action locale » organisée d’ici là.
Une « trahison », une colère « décuplée », une « lutte à mort » engagée contre les pharmaciens… les mots sont forts et traduisent le sentiment qui anime aujourd’hui les différentes organisations représentatives de la profession. Un plafond de remise sur les génériques à 30 % dès le 1er septembre, à 25 % au 1er juillet 2026 puis un plafond unique à 20 % sur tous les médicaments à partir de 2027… Les craintes des pharmaciens sont aujourd’hui inscrites noir sur blanc dans un texte réglementaire que les membres de l’intersyndicale (FSPF, USPO, UNPF, UDGPO, Federgy) espèrent faire annuler à la rentrée. « Dans une unité inébranlable, les représentants des pharmaciens et des groupements de pharmacie donnent donc rendez-vous, en septembre, devant le Parlement. Si l’exécutif reste sourd à nos alertes, nul doute que la représentation nationale, consciente des légitimes attentes des Français et de l’enjeu majeur pour leur santé, saura nous entendre », adressent-ils au gouvernement.
La publication de l’arrêté ne porte pas un coup fatal à la mobilisation engagée depuis déjà plusieurs semaines, bien au contraire promettent les syndicats. « Le gouvernement a engagé une lutte à mort contre les pharmaciens, nous jetterons toutes nos forces dans cette bataille. Nous maintenons nos mots d’ordre d’action qui seront intensifiés à la rentrée, Nous soutenons toute action locale dès ce mois d’août qui vise à obtenir le soutien de nos patients », soulignent-ils. Parmi ces actions déjà engagées ou sur le point de l’être, la grève des gardes, le refus d’appliquer le tiers payant conventionnel pendant les réquisitions et l’appel à la fermeture des pharmacies le samedi 16 août (« fermer un jour pour ne pas fermer toujours »). À partir de septembre, d’autres initiatives suivront : une grève de l’organisation des gardes, une grève de la préparation des doses à administrer en EHPAD, une journée noire de mobilisation avec manifestations et fermetures le 18 septembre et des fermetures tous les samedis à partir du 27 septembre.
Une fois l’été passé, l’enjeu pour les pharmaciens sera donc de rallier patients et parlementaires à leur cause. Leur rappeler les conséquences désastreuses qui attendent le réseau pharmaceutique si les dispositions prises par le gouvernement restent en l’état. « Nous leur exposerons les conséquences des choix de leurs dirigeants. Nous leur dresserons le paysage qui leur est promis : des milliers de pharmacies fermées, plus encore d’emplois détruits, autant de villages et communes dévitalisés, des distances et délais allongés pour obtenir les médicaments indispensables à leur santé, l’impossibilité d’être soigné dans des services de proximité… », listent les membres de l’intersyndicale, qui n’oublient pas de rappeler que le dossier des remises génériques n’est pas le seul qui les oppose aujourd’hui au gouvernement. « Le doublement de la franchise et de sa récupération au comptoir constituent une nouvelle attaque contre l’accès au médicament de nos patients que nous combattrons », promettent-ils également.
Dans un communiqué séparé, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) annonce par ailleurs engager une double procédure juridique contre l’État concernant l’arrêté publié ce 6 août. Le syndicat va saisir le Conseil constitutionnel via une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) afin de « démontrer le caractère inconstitutionnel de cet arrêté issu de la LFSS 2025, pris sans étude d’impact, sans justification sanitaire ni économique et dont les conséquences mettent en péril l’accès aux soins dans de nombreux territoires », argumente l’USPO. L’organisation syndicale prépare également un recours « pour inaction en matière d'accès aux soins » devant le tribunal administratif cette fois, estimant « l’État responsable des déserts en santé, par une série de décisions économiques hostiles ».
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