Après l’échec de la concertation entre les représentants de la profession et le gouvernement sur le plafond de remise sur les génériques, il est presque acté que ce dernier sera bien fixé à 30 % (et 15 % pour les biosimilaires). Quelles conséquences économiques pour le réseau dans son ensemble et pour les pharmaciens individuellement ? La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a fait ses calculs.
Lors d’un webinaire organisé ce 29 juillet, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) est revenu sur le dossier qui préoccupe aujourd’hui tous les officinaux : la baisse à venir du plafond de remise sur les génériques. « Nous ne sommes pas encore le jour d'après mais presque. Nous sommes dans un constat d'échec avec le gouvernement. Le nouveau plafond, à 30 % pour les génériques et à 15 % pour les biosimilaires, sera acté dans le prochain arrêté qui sera publié cette semaine au Journal officiel », prévient-il. Un texte qui devrait aussi introduire des plafonds à 20 % pour l’ensemble des médicaments en 2027.
Selon les calculs présentés ce jour par le syndicat, la baisse du plafond de remise sur les génériques à 30 % (contre 40 % actuellement) va premièrement représenter une perte de 156 millions d’euros pour le réseau, sans prendre en compte l’impact des ruptures, soit 7 800 euros par officine. En comptabilisant l’impact des ruptures, la perte passe à 102 millions d’euros pour le réseau, soit 5 100 euros par pharmacie. Si l’on s’intéresse maintenant aux remises sur les biosimilaires, la tendance suivante se dégage. Avec le scénario le plus probable, soit un plafond de remise à 15 % sur 80 % du répertoire, le tout avec un taux de substitution à 80 %, un gain de 115 millions d’euros en prix grossiste est espéré pour le réseau, soit 5 750 euros par pharmacie.
Globalement, avec un plafond de remise à « 30-15 », la FSPF estime que le réseau sera déficitaire à hauteur de 55 millions d’euros (170 millions d’euros de perte sur les génériques en tenant compte des ruptures, “compensés” par 115 millions de gains sur les biosimilaires). Par officine, la perte s’élève donc à 2 750 euros. Avec des plafonds à « 20-20 », tel que le gouvernement l’envisage pour 2027, le syndicat arrive au résultat suivant : 206 millions de pertes pour le réseau et 10 300 euros par pharmacie. A contrario, la FSPF estime que les pharmaciens n’auraient (presque) pas été perdants avec un plafond à « 33-15 » : 4 millions de pertes pour l’ensemble du réseau.
Si ces chiffres donnent une idée de ce qui attend les pharmaciens, ils ne tiennent pas compte de certains facteurs, observe néanmoins Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Ici, on ne tient pas compte des baisses de prix qui seront appliquées sur certains génériques d’ici à quelques mois. Ces baisses de prix entraîneront une baisse de marge. De plus, on ne sait pas encore quels génériques seront concernés, souligne-t-il. Le périmètre des biosimilaires n’est pas du tout le même que celui des génériques, il diffère énormément d’une pharmacie à une autre, veut-il également souligner. On voit beaucoup de stratégies de contournement aujourd’hui sur les biosimilaires, donc les 115 millions d’euros de gain sur les remises biosimilaires sont, selon moi, largement surévalués », analyse-t-il.
Toujours est-il que les deux présidents de syndicats s’accordent sur l’objectif final : continuer à se mobiliser pour que l’arrêté qui sera publié soit revu et corrigé à l’automne par l’Assemblée nationale. « La bataille du 1er août est perdue, maintenant nous devons gagner la guerre, résume Philippe Besset. Il nous faut gagner la bataille de l'opinion, mener des actions qui nous feront gagner le cœur des gens et celui des parlementaires. Nous allons tout faire pour changer l’arrêté qui sera publié cette semaine », promet-il. Pour y parvenir, il y a désormais deux options schématise-t-il : « convaincre les députés de revenir en arrière, au « 40-15 », en votant un amendement en ce sens dans le PLFSS ». Deuxième solution : « changer de gouvernement et convaincre le nouveau Premier ministre ». Dans les deux cas, un combat difficile et long s’annonce. « Les plus faibles auront du mal à résister aux longs mois de conflit qui sont devant nous », avertit Philippe Besset.
Surveillance sanitaire
Le réseau officinal au secours des huîtres
À la Une
Plus de 3 pharmaciens sur 4 prêts à fermer tous les samedis à la fin septembre
Au comptoir
Tiers payant contre carte Vitale : une association dénonce « une rupture de soins » pour certains patients
Prévention des cancers cutanés
Alerte sur les « sun tattoos », qui augmentent le risque de cancer