Parmi les soutiens politiques pour supprimer l’arrêté du 4 août encadrant les remises génériques, le nom de François Hollande a très vite circulé. L’ancien Président de la République et actuel député Parti socialiste (PS) de Corrèze explique pourquoi il défend les pharmaciens, et évoque déjà l’existence de déserts pharmaceutiques.
L’arrêté du 4 août fixant les nouveaux plafonds des remises sur les génériques est devenu une affaire politique. Les représentants de la profession ont reçu ces dernières semaines l’appui d’élus « de tout bord », dont François Hollande. L’ancien Président de la République explique sa démarche dans un entretien pour « Le Quotidien du pharmacien ».
Le Quotidien du pharmacien.- Vous avez très vite soutenu les pharmaciens contre la baisse du plafond des remises sur les génériques. Vous vous êtes aussi exprimé publiquement. Pourquoi ce sujet vous touche-t-il particulièrement ?
François Hollande.- D'abord, c'est durant mon quinquennat qu’il y a eu des remises sur les génériques (en 2015, N.D.L.R.). Pour développer cette forme de prescription de médicaments, il avait été demandé aux laboratoires de consentir à des remises pour que le générique puisse être le plus possible proposé par les pharmaciens, puisqu’ils ont un droit de substitution. Je me sens donc tenu par l’engagement que j’avais pris comme Président de la République avec, à l’époque, Marisol Touraine qui était ministre de la Santé. Il y a une forme de contrat moral entre les pharmaciens, l’assurance-maladie et l’État. Ensuite, je suis conscient de ce que les officines connaissent comme difficultés, avec des suppressions qui sont tout à fait préoccupantes puisque l’on parle de 300 pharmacies qui ont fermé en 2024, peut-être encore davantage pour 2025 si cette mesure était confirmée. On parle même de 800 fermetures qui pourraient intervenir dans les prochains mois, ce qui ne me surprend pas puisque je constate déjà des fermetures dans beaucoup de départements. Enfin, cette méthode qui consiste à prendre un arrêté durant l’été et à ne pas concerter les parties prenantes est tout à fait contraire au principe que je défends, c’est-à-dire au dialogue.
Je suis allé dans les pharmacies, j’ai été saisi par les organisations syndicales et je suis resté en contact avec ces syndicats pour leur apporter, non pas simplement un soutien de député – c’est déjà beaucoup – mais le soutien d’un ancien Président qui se sent lié par des engagements et qui sait ce que représentent les pharmacies dans notre pays. Je n’oublie pas quel a été leur rôle au moment de la crise sanitaire, ce qu’ils ont fait pour la vaccination, pour le dépistage et les hommages qui leur ont été rendus après, et je ne comprends pas comment on peut se comporter ainsi avec cette profession. J’ajoute que dans les déserts médicaux que nous connaissons, si on y ajoute les déserts pharmaceutiques, c’est l’accès aux soins qui va s’en trouver encore plus entravé.
Est-ce que vous considérez qu’il y a déjà des déserts pharmaceutiques ?
F.H.- Oui, parce que je vois que des fermetures ont lieu essentiellement en milieu rural. Ce sont les petites officines qui sont les premières touchées et ce sont elles qui seront frappées par la réforme des remises.
En tant que député, qu'est-ce que vous comptez faire pour défendre le maillage officinal ?
F.H.- Je me suis exprimé très tôt, avant même que le gouvernement de François Bayrou ne soit renversé. J'avais même alerté le Premier ministre à l'époque sur cet enjeu-là, il m'avait dit qu'il allait être attentif. Hélas, il y a eu une réunion à Matignon qui n'a pas donné le résultat escompté. Il y a aujourd’hui un nouveau gouvernement. Sébastien Lecornu veut changer de méthode, et pas seulement. Il va ouvrir des discussions avec les groupes parlementaires, mais aussi avec les organisations professionnelles et les syndicats. C’est dans ce cadre-là que l'arrêté doit être modifié, supprimé si c'est nécessaire, et donc que l’on revienne à des taux de remises qui existaient jusqu'à présent, c’est-à-dire à 40 %.
Vous comptez défendre un amendement lors du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) sur le sujet des remises ?
F.H.- Oui, je pense que le groupe socialiste va le faire, et pas seulement le groupe socialiste. Mais ce que je souhaite, c'est qu'on n'ait même pas besoin d'attendre le débat parlementaire et que ce soit déjà intégré dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Vous avez envoyé un courrier de soutien aux pharmaciens. Que disait-il ?
F.H.- Je les encourageais à poursuivre, non pas leur mouvement – cela ne m'appartient pas – mais leur contact avec les pouvoirs publics à ce moment-là. Le but était de leur dire où on appuie sur la revendication, et qu’il me paraissait légitime de revenir aux remises qui étaient consenties jusqu'à présent. J'ai insisté aussi sur l'élargissement de la substitution des biosimilaires par les pharmaciens. De la même manière, je pense que c'est très important qu'on évalue les prescriptions les plus onéreuses. Même les pharmaciens le reconnaissent. Il y a des médicaments qui coûtent très cher et qui ne sont pas efficaces. Il faut donc que l’on développe des génériques ou que l'on enlève ces médicaments coûteux pour la Sécurité sociale. Si on veut faire des économies – et il faut en faire – c'est plutôt sur les médicaments onéreux et dont l'efficacité médicale n'est pas démontrée.
Du point de vue de l’État, comment faut-il considérer la santé, selon vous ? Comme un coût ou comme un investissement ?
F.H.- Les deux, si on est sincère. Il y a un coût immédiat : il faut assurer les remboursements, il faut faire en sorte que notre système de santé puisse, avec ce qu'il a de publique et de libéral, trouver des formes de coordination et cela a parfois des conséquences financières. Mais c'est aussi un investissement, à deux conditions. La première est que l'on fasse beaucoup plus de prévention qu'on en fait aujourd’hui. Et d'ailleurs, les pharmaciens font partie de ces équipes de prévention. La deuxième condition est que l’on arrive à avoir des comportements responsables, ce qui viendrait plutôt du côté des patients. L'investissement, c'est de se dire que pour maintenir notre niveau de protection sociale, notre niveau de remboursement, il faut que chacun comprenne bien qu’il doit, non pas s'auto-médicaliser – surtout pas ! – mais il doit s'auto-réguler. C'est-à-dire que l'on doit bien mesurer ce que cela inflige comme coût à l'ensemble de la collectivité.
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