Des élus de tous bords sont allés à la rencontre des professionnels de santé lors de la manifestation du 1er juillet, sous les tilleuls des Invalides, à quelques mètres de leurs bureaux du palais Bourbon. Tous semblaient sensibles à la cause des pharmaciens, opposés à toute baisse du plafond de remise sur les génériques. « Le Quotidien du pharmacien » a recueilli leurs opinions.
François Jolivet (Horizons), élu de l'Indre et vice-président de la Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, a assuré les officinaux de son soutien. « Les mesures envisagées par le directeur de la CNAM (Thomas Fatôme, ndlr) concernent beaucoup de pharmacies de mon département, largement rural. Dans ces territoires, les officines sont les derniers points de santé. Même si leur modèle économique mérite d’être repensé, cela ne doit pas se faire de cette façon et pas en cours d’année. Dans l’Indre, les pharmacies ont besoin d’exister. Je n’ai déjà plus de médecins, si les pharmaciens disparaissent aussi, il n’y aura plus de couverture des soins. Bien que je sois du bloc central et que je soutiens l’action du gouvernement, je ne comprends pas cette mesure et la manière dont elle a été amenée, sans étude d'impact localisée. On me dit qu’elle ferait économiser 50 millions d'euros à l'État, mais le budget de la Sécurité sociale, c'est 1 300 milliards. Si on doit tuer 5 000 pharmacies pour 50 millions d'euros, le préjudice causé dépasse largement les économies envisagées. Peut-être peut-on s'attaquer à d'autres sujets ? Je vais essayer de convaincre, notamment par ma position en commission des finances. »
Une position qui pourrait s'avérer utile dans les futurs choix budgétaires, tout autant que celle de Damien Maudet (LFI), député de la Haute-Vienne. « Dans mon territoire, que ce soit en zone rurale ou dans les quartiers de la ville (laquelle), c’est la présence des pharmaciens qui atténue la gravité des déserts médicaux. Je suis conscient du rôle primordial qu’ils endossent concernant l’orientation des patients. Ils voient parfois des personnes avec des situations sanitaires délicates et beaucoup ne trouvent pas de repreneur pour leur officine. Faire des économies sur le dos des pharmaciens, c’est attaquer l’attractivité de la profession et s’assurer que l’on aura de moins en moins de professionnels prêts à s’engager dans ces métiers. En bout de chaîne, ce sont des Français qui se retrouvent avec encore moins de solutions pour leur santé. »
Outre les fermetures potentielles d’officines, ce sur quoi François Ruffin (ÉcoS), député de la Somme, a insisté, c’est la méthode qui fâche. « Le ministère déchire un contrat qui était signé entre les pharmaciens, les kinés, d'autres professions de santé et l'assurance-maladie. Cette manière de procéder réveille du ressentiment dans le pays. Aujourd'hui ce sont les pharmaciens et les kinés, il y a 15 jours c’étaient les artisans sur Ma prime rénov’… les branches sont brutalisées les unes après les autres. Il y a une perte matérielle pour ces professionnels, mais aussi une perte de considération. Quand on travaille dans une officine, qu'on s'applique à être au service des patients ou quand on est kinésithérapeute et qu’on va s'installer dans un coin désertique parce que c’est le contrat établi avec les instances, on accepte des contraintes et on effectue son travail, mais, d’un seul coup, le gouvernement ne reconnaît plus les sacrifices et déconsidère le travail. C'est une blessure que ressentent aujourd'hui les pharmaciens et les kinés, mais qui est répandue dans le pays. On ne peut pas s’en sortir ainsi. Il faut qu'on ait une conduite qui tienne dans la durée. »

Un constat partagé par Charles de Courson, député LIOT de la Marne, qui relève deux difficultés majeures. « D’abord, la rupture des négociations traditionnelles. C’est unilatéralement que le gouvernement a décidé de réaliser 500 millions d’euros d’économies sur le médicament. Ensuite, un accord avait été passé stipulant que les pharmaciens devraient développer le générique, ce qu’ils ont fait. En contrepartie, ils étaient mieux rémunérés sur les génériques que sur les princeps. Aujourd’hui, on est en train de détruire ce système. En termes de santé publique, cela me paraît doublement aberrant. Le problème c’est la préparation du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, pour lequel on aura plus d’informations le 15 ou le 16 juillet, date à laquelle le gouvernement fera un point sur l’état d’avancement des textes. Concernant les remises, ce sont des décisions réglementaires. En revanche, le PLFSS est voté et amendé par l’Assemblée nationale, c’est donc là que nous pouvons agir en tant qu’élus. »
Pierre-Alexandre Mouret, maire (sans étiquette) de Saint-Aubin (Essonne) et ancien président de groupement, est venu lui aussi soutenir les pharmaciens. Avec humour, il adresse un message aux élus de tous horizons.
« Le maillage pharmaceutique participe largement à faire tenir le système de santé debout. En tant que maire, je recommande de garder de bonnes relations avec les pharmaciens de sa commune, bien qu’il n’y en ait pas dans la mienne ! Les élus ont parfois tendance à oublier qu’ils sont les plus gros prescripteurs de voix après les buralistes… »
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