Le Premier ministre s’est engagé à revenir à un plafond de remises génériques à 40 % pour au moins 3 mois. Dans ce laps de temps, la lumière doit être faite sur les flux financiers de la distribution de médicaments. C’est une première victoire qui appelle à la suspension des actions de mobilisation. Et ensuite ?
Pour les représentants de la profession, il s’agit d’une « victoire d’étape ». Convoqués le 24 septembre en fin de journée à Matignon, la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) Carine Wolf-Thal, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) Philippe Besset et le président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO) Pierre-Olivier Variot ont signé un protocole d’accord avec Matignon, après des semaines de mobilisation contre les baisses de plafond des remises génériques, fixées par l’arrêté du 4 août 2025. Cette mesure est désormais suspendue. « C'est un pacte gagnant-gagnant où nous allons encore renforcer l'action des pharmacies dans les territoires ruraux », résume Pierre-Olivier Variot. Étant donné cet accord, les actions de mobilisation engagées depuis le 1er juillet, dont la grève des gardes, sont suspendues et la FSPF appelle les pharmaciens à ne plus faire circuler les pétitions papier.
Dans ce protocole, le gouvernement s’est engagé à rétablir pour au moins 3 mois le plafond des remises sur les génériques à 40 %, ainsi qu’un plafond à 40 % pour les remises sur les médicaments hybrides et à 15 % sur les biosimilaires. Un décret sera publié dans les prochains jours, selon le président de la FSPF. Quant au délai de trois mois « minimum », peut-être court pour certains, il va de pair avec l’instabilité politique et le risque de censure du gouvernement Lecornu au premier vote, comme pour les précédents gouvernements.
Un regard sur les modes de rémunération
Le protocole contient aussi une mission IGAS/IGF sur les flux financiers de la distribution du médicament, dont les conclusions seront rendues à l’issue des trois mois. « L'enquête IGAS va permettre de faire la lumière sur l'ensemble des marges de distribution autour notamment des génériques, mais pas que ! », explique Philippe Besset. « L’enquête aboutira à des préconisations pour peut-être modifier la rémunération du réseau. » Un travail sera alors à effectuer avec le prochain ministre de la Santé, dont on attend toujours la nomination.
Développer les missions
Le protocole contient aussi des avancées côté « missions ». L’expérimentation OSyS sera généralisée. « L’une des problématiques est le financement, mais l’intention du gouvernement est de déployer OSyS dans la France entière au travers de la loi Mouiller », indique Philippe Besset. La loi a été votée en première lecture au Sénat et attend son passage à l’Assemblée nationale. Par ailleurs, dans le cadre du plan France Santé relancé par Sébastien Lecornu mi-septembre, un ensemble de mesures de sauvegarde sera proposé pour 900 officines situées dans les territoires fragiles et zones rurales. Il devient donc urgent d’améliorer l’aide conventionnelle aux pharmacies des territoires fragiles.
C’est là, dans le volet missions, qu’interviennent les contreparties pour les pharmaciens. Pour renforcer l’offre de soins de proximité, « les pharmaciens pourront proposer de : réaliser des tests d’orientation diagnostique pour les angines ou les cystites, avec prescription d’un traitement si nécessaire ; renouveler les ordonnances de contraceptifs oraux jusqu’à six mois après leur date d’expiration ; prolonger, jusqu’à trois mois, le renouvellement de traitements chroniques stables (comme l’hypertension ou le diabète), afin d’éviter toute rupture de soins », explique Matignon. Des missions qui existent déjà… « Mais qui ne sont ni connues, ni réalisées partout, explique Philippe Besset. Et elles sont particulièrement utiles dans ces communes où il y a une pharmacie mais aucun médecin. Nous, syndicats, nous engageons à déployer ces missions qui ont déjà été mises en place par le gouvernement. Par ailleurs, nous avons un problème : c'est que la plupart de ces missions ne sont pas tracées. Il faut absolument qu’elles le soient pour qu'on puisse prouver qu'on les fait. »
Globalement, cet accord se veut positif, selon les représentants des pharmaciens. Il marque le retour du dialogue, voire de la confiance, entre les partenaires. « C'est maintenant qu'on va rentrer dans le vif du sujet, souligne Carine Wolf-Thal. Maintenant que les discussions sont ouvertes, il faut qu'on explique nos ambitions, notre vision et la direction que l’on veut prendre. Les rendez-vous sont d’autant plus importants. On est dans la construction d'un nouveau schéma. »
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