95 % de pharmaciens grévistes à Marseille et à Nice
A Marseille, près de 1 000 pharmaciens, préparateurs, étudiants et quelques citoyens solidaires ont défilé l’après-midi depuis la préfecture jusqu’au Vieux-Port. De nombreux slogans ont rythmé le pas du cortège, dont « Pharmaciens trahis » ou « La santé au rabais ? Même pas en rêve ». « Je suis là contre les réformes du gouvernement qui tendent à éliminer notre profession », explique Marguerite Cheng, titulaire à Septèmes-les-Vallons et secrétaire générale de l’USPO 13. « La décision sur la remise des génériques va représenter 25 à 30 % de revenus en moins pour chaque pharmacie. Dans mon officine, cela signifie un préparateur de moins. Au niveau national, jusqu’à 30 % des pharmacies pourraient fermer, ce qui va mettre des milliers de personnes au chômage », poursuit-elle. Outre la profession, pour Marguerite Cheng, c’est aussi et surtout la population qui va être pénalisée : « La réforme signifie la fin des pharmacies de proximité, mais également la fin de nombreux services rendus aux patients comme la vaccination ou les livraisons de médicaments. » Même alerte du côté de Valérie Ollier, présidente de la FSPF des Bouches-du-Rhône : « Une pharmacie ferme chaque jour en France. Avec l’arrêté sur les remises, nous estimons que ce chiffre pourrait être multiplié par trois ou quatre. »
La crainte de perdre son emploi
Selon les syndicats, 95 % des officines des Bouches-du-Rhône ont baissé le rideau ce jeudi. Dans le cortège, de nombreux professionnels participaient pour la première fois à une manifestation. C’est le cas de Myriam Hamidi, une jeune préparatrice marseillaise : « Je crains pour mon emploi car beaucoup d’officines vont devoir licencier. » Elle pointe aussi « les ruptures de médicaments et des prix toujours plus bas ». L’avenir inquiète aussi les étudiants. « Je finis mes études dans deux ans mais le marché de l’emploi risque de se tendre », redoute Alexandre Cabre, président de l’Association des étudiants en pharmacie de Provence. « Si je veux m’installer, je perdrai dès le départ une partie de mes revenus avec la baisse des remises. » Pour d’autres, l’après-midi a été aussi l’occasion de peser sur les négociations en cours sur les prix. « Le CEPS se réunit aujourd’hui et pourrait décider de nouvelles baisses. Par notre présence, nous voulons aussi mettre la pression sur ce sujet », souligne Estelle Tonda, une titulaire marseillaise.
500 manifestants dans les rues de Nice
À Nice, environ 500 personnes ont défilé l’après-midi entre la gare du Sud et la place Garibaldi, en passant par la place Masséna. « La mobilisation a été à peu près équivalente aux précédentes », précise Cyril Colombani, président de l’USPO 06. Mais contrairement au 1er juillet, aucune action coup de poing n’a été organisée. « Aujourd’hui, nous sommes surtout là pour interpeller les politiques et obtenir le retrait de l’arrêté sur les remises. » Plusieurs élus ont rejoint le cortège pour rencontrer les manifestants dont des sénateurs et des députés. « Une discussion a eu lieu avec le maire Christian Estrosi, avant une réunion plus tard dans l'après-midi avec le député Éric Ciotti », précise Cyril Colombani. D’après l’USPO, plus de 95 % des pharmacies étaient fermées jeudi dans les Alpes-Maritimes.
Les Gilets verts battent le pavé à Béziers
Près de 600 pharmaciens et leurs équipes se sont rassemblés à Béziers (Hérault) pour manifester dans le cadre de la mobilisation régionale organisée en Occitanie-Est par les syndicats de pharmaciens, tous de gilets verts vêtus. Les manifestants ont défilé aux cris de « Pharmacie en danger, santé menacée », ou
encore « Pharmaciens en colère, pas question de se taire », exprimant leur mécontentement face aux récentes mesures gouvernementales visant à un plafonnement des remises commerciales sur les génériques. « J’ai
en travers de la gorge un sentiment de trahison... Nous répondons présents à chaque demande de santé publique et nous sommes remerciés d’un coup de manivelle », estime Laurence de Longueval, pharmacienne dans la commune de Serignan (Hérault). Marjolaine Laffite, pharmacienne titulaire, de l’une des deux pharmacies de Bouillargues (6000 habitants), près de Nîmes, a déjà estimé ses manques à gagner : « Je perdrai 20 000 euros dans un premier temps, et à terme 65 000 euros. » Président de la section A du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et maire de la commune catalane de Palau-del-Vidre (3000 habitants), Bruno Galan estime que ce moment où la profession est attaquée doit constituer « une occasion d’être force de propositions pour de nouvelles missions mieux considérées ». Présent dans les rangs de la manifestation, le président de la conférence des doyens de facultés de pharmacie, Vincent Lisowski (université de Montpellier) juge que la réforme en cours constitue « une atteinte, à moyen terme, à la formation des étudiants dans des territoires en sous-dotation. A l’heure où le gouvernement dit vouloir soutenir ces territoire sous-dotés, on se tire une balle dans le pied et économiquement parlant, même je ne me mêle pas d’économie, je comprends que cela soit ressenti comme un coup de couteau dans le dos ». Sur le terrain politique, plusieurs élus sont venus témoigner leur soutien. Le maire de Béziers, Robert Ménard (DVD), ainsi que les députés du Rassemblement national Julien Gabarron et Stéphanie Galzy, ont même pris la tête du cortège, marchant aux côtés des professionnels de santé mobilisés.
Bien que la grève ait été largement suivie dans la région – avec un taux de participation avoisinant les 100 % – la mobilisation a attiré moins de monde que celle organisée à Montpellier l’an dernier, où environ un millier de personnes avaient répondu présent. Cette différence s’explique notamment par un changement de lieu de dernière minute : Béziers, sous-préfecture de l’Hérault, n’a été désignée que mercredi comme point de rassemblement, pour des raisons de sécurité invoquées par la préfecture. Cette décision, prise en coordination avec les syndicats, a pu freiner certains participants. Du côté syndical, le choix est assumé. « Nous ne voulions prendre aucun risque pour nous et nos collaborateurs », affirme Christelle Quermel, présidente du syndicat des pharmaciens de l'Hérault et pharmacienne à Montpellier. Une prudence de raison. A 14h30, heure à laquelle aurait dû démarrer la manifestation des pharmaciens si elle s’était tenue à Montpellier, les CRS lançaient des bombes lacrymogènes sur l’Esplanade, tandis qu’une ambiance plutôt bon enfant était de mise à Béziers. Une bonne humeur qui n’empêche en rien de demeurer vindicatif. « Quatre pharmacies ont été réquisitionnées à Nîmes alors qu'il n'y en a que deux les jours fériés », relève pour sa part Rémi Alberge, pharmacien à Caveirac, une autre commune jouxtant la Rome française. Un autre de ses collègues relève à ce sujet : « Je regrette que notre syndicat n’ait pas un peu plus haussé le ton à cet égard. » Moins nombreux peut-être, mais bien déterminés, les manifestants présents à Béziers ont fait entendre leur voix.
Toute (ou presque) la Bretagne à Rennes
Les pharmaciens bretons étaient invités à s’unir dans une seule manifestation régionale du 18 septembre, à Rennes (Ille-et-Vilaine). Ainsi entre 540 et 750 personnes, selon les sources, se sont rassemblées sous le soleil. Toutes les générations étaient représentées, des étudiants aux cheveux blancs. « Nous avions 98% de grévistes et même 100% à Rennes où deux pharmacies ont été réquisitionnées », souligne Marie-Christine Le Quellec, coprésidente du syndicat des pharmaciens du 35. « C’était un défilé surtout destiné à sensibiliser la population, » précise celle qui avait déjà rencontré la CPAM récemment et qui est en contact quasi permanent avec l’ARS.
Avant le départ, les manifestants ont eu la visite de deux députés (un socialiste, un écologiste). « Sur le parcours, nous avons toutefois rencontré peu de monde. Dommage, nous avions prévus des dépliants à distribuer », précise Noëlle Davoust, présidente déléguée de l’Uspo pour le 35 et pour la région. « L’ambiance était sympa et les confrères remontés », tient à remarquer Goulven Le Bars, coprésident du syndicat des pharmaciens des Côtes d’Armor (22), qui se félicite d’une telle mobilisation dans une région « qui compte moins de 1000 officines ». Il regrette toutefois que certaines soient restées ouvertes pour des raisons, selon lui, discutables : « c’est le jour du marché dans ma commune », « Untel ouvre donc j’ouvre aussi : pas question de lui laisser mes patients », s’est-il, en substance, entendu dire. A contrario, « On a vu défiler des équipes officinales entières, » remarque de son côté Noëlle Davoust, qui a aussi repéré quelques orthophonistes dans les rangs.
Reste que Rennes est réputée pour être une ville où la violence n’est pas rare lors des manifestations. Aussi la population comme les pharmaciens ont pu redouter ce jour de mobilisation. En ce sens, dans le Morbihan, un rassemblement avait été prévu pour ceux qui n’oseraient pas affronter l’ambiance de la capitale bretonne. Quelques dizaines de personnes, dont des kinésithérapeutes et des orthophonistes s’y sont rejoints. « Nous avons été reçus par la directrice et son second, il était intéressant d’avoir un échange multi professionnel », a relevé Franck Méré, coprésident du syndicat des pharmaciens du Morbihan.
Pour une autre raison, dans le Finistère, département particulièrement excentré aux 96% de grévistes, une consigne avait été donnée à ceux ne souhaitant pas faire le voyage à Rennes. L’alternative consistait à « alerter les élus locaux pour les sensibiliser aux conséquences de l’arrêté du 4 aout », précise François-Xavier Hemery, coprésident de la FSPF du Finistère et membre de la commission « Etudes et stratégies économiques » de la FSPF. « Certains ont écrit à leur maire, nous avons des rendez-vous avec des parlementaires dans les prochains jours, etc », complète-t-il. Autrement dit, la bataille continue.
Ambiance funèbre ou festive en Pays de la Loire
Chacune des cinq manifestations des Pays de la Loire avait son style. Mortuaire, à Angers et à Laval. Dans la capitale du Maine-et-Loire, les pharmaciens ont fait le choix d’une marche silencieuse dès 9 heures tel un cortège funèbre à l’occasion de « la mort de la pharmacie », commente Loïc Moisan, président de l’USPO pour les Pays de la Loire et le 49. Derrière le cercueil de la croix verte, marchaient entre 250 et 350 personnes, soit moins que lors de la première mobilisation. « Certains ont sans doute craint de se déplacer le jour d’une autre manifestation mais 90% des officines étaient fermées », explique le syndicaliste, qui avait espéré être rejoints par les kinésithérapeutes. Finalement leurs représentants syndicaux n’ont pas pris part au cortège. Et comme les officinaux du Maine-et-Loire ont été plus matinaux que les autres manifestants du jour pour éviter d’être noyés dans la masse, les représentants syndicaux ont été reçus à la Préfecture en présence d’une sénatrice, d’un représentant de l’ARS et de la CPAM. « Nous avons eu une très bonne écoute », se réjouit Christophe Le Gall président du groupement Le Gall Santé Services et président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) en attendant des actes. A Laval, en Mayenne où une seule pharmacie n’était pas gréviste, le cortège d’une centaine de personnes démarrait aussi par un cercueil, sur un fond musical d’enterrement. « Une délégation a été reçue par l’adjointe de la directrice de la CPAM et un député socialiste », précise Eric Pinçon, coprésident du syndicat des pharmaciens du 53, satisfait de la « très bonne ambiance » de l’événement malgré la symbolique mortifère.
Au contraire, à Nantes, c’est le bruit qui a dominé, dans un bourdonnement de sifflets. En Loire-Atlantique, département à la plus faible mobilisation des Pays de la Loire avec 83% de grévistes (versus 90% au total dans la région), le défilé de quelque 400 personnes s’est vu imposé des horaires et un parcours pour éviter qu’il ne croise l’autre manifestation du jour. « Il faut étirer le cortège », a soufflé un manifestant qui estimait qu’il fallait faire masse alors que la violence des manifestations nantaises a rebuté certains de ses confrères. Ainsi l’ARS a reçu une délégation, mais une fois la manifestation dispersée.
Au Mans, le cortège a aussi dû s’adapter. Le parcours s’est finalement déroulé essentiellement dans les rues piétonnes, parfois au son de la trompette de Mickael Petit, coprésident avec Antoine Macé, du syndicat des pharmaciens de la Sarthe (72). Les quelque 250 manifestants, qui ont été rejoints par une dizaine de kinésithérapeutes, ont été reçus le temps d’un entretien « cordial » d’un peu plus d’une heure à la Préfecture. Au contraire à La-Roche-sur-Yon, en Vendée (85), ce sont des élus qui ont reçu une délégation des quelque 150 manifestants : le président du conseil départemental, des sénateurs, un député, le représentant des maires de Vendée… « Nous voulions leur expliquer le fonctionnement des pharmacies qui ont parfois une image de nantie afin qu’ils comprennent l’impact de la suppression de remises du jour au lendemain », indique Justine Rioli, titulaire membre de l’USPO. L’ambiance est restée bon enfant dans ce groupe de blouses blanches qui a fait une pause le temps d’un sit-in avec fumigènes verts. Quelle que soit l’ambiance, dans chaque département, le tableau était parfaitement instagrammable.
A Paris, on pense à l’après
Postées plus de quatre heures devant le ministère de la Santé, plusieurs centaines de pharmaciens et de préparateurs venus de Paris et d’Île-de-France ont eu le temps de faire valoir leurs revendications pour la profession. Autour d’un food truck, les langues se sont déliées sur les raisons de la colère : la baisse du plafond des remises génériques, certes, mais aussi les baisses de prix qui devraient intervenir au 1er octobre sur plusieurs molécules. La présence massive de la profession à ce carrefour des avenues de Ségur et Duquesne n’était d’ailleurs pas fortuite. À 14 heures, les délégations syndicales ont été reçues, dans le bâtiment du ministère de la Santé, au Comité économique des produits de santé (CEPS), pour échanger sur ce nouveau péril.
Preuve que la menace réelle est ressentie par l’ensemble de la profession, il n’était pas rare que les titulaires soient accompagnés de leurs équipes. Comme cette pharmacienne de Fleury-Mérogis (Essonne) entourée de sept de ses douze collaborateurs. « La baisse du plafond des remises génériques équivaut à un salaire d’adjoint. Nous voulons continuer à faire le métier qu’on aime, mais comment voulez-vous qu’on mène toutes les missions ? Il nous faut le salaire qui va avec ! », s’insurge-t-elle. Installée depuis onze ans, elle n’a pas fini de rembourser son emprunt, comme de nombreux autres confrères et consœurs. Mais elle s’inquiète surtout pour les jeunes de son entourage qui ont récemment repris une officine.
Malgré le ciel bleu qui dominait Paris ce matin, l’ambiance était morose. À supposer que l’arrêté du 4 août sur les remises génériques soit suspendu, voire annulé, l’économie officinale restera à la merci des baisses de prix, de l’érosion d’une marge et d’une rémunération insuffisante des nouvelles missions. « On nous demande de faire encore plus de vaccinations, mais à 2,10 euros le vaccin, comment je m’y retrouve quand une formation coûte 500 euros ? », s’interroge Delphine Chadoutaud, titulaire à Orsay (Essonne) et présidente de l’URPS d’Île-de-France. « Il faut tout remettre à plat, nous sommes au bout d’un système, il ne faut plus miser l’essentiel sur la rémunération du médicament », renchérit Nicolas, son époux et co-titulaire. Le couple travaille 70 heures par semaine et ne peut solliciter davantage son personnel (4 équivalents temps plein) pour les nouvelles missions. « Il nous faudrait embaucher deux personnes supplémentaires, ce qui est économiquement impossible. »
Les pharmaciens qui se félicitent du relais médiatique que connaît leur mouvement ont pu compter sur la compréhension de leurs patients. La population semble avoir saisi l’enjeu et le péril qui menace la pharmacie de proximité. Pour autant, la perte de confiance dans le modèle ne se limite pas à la baisse du plafond des remises génériques. « L’État a changé les règles du jeu, dénonce Christian-Éric Mauffré, président du groupement Ceido/Boticinal, et comme à chaque fois qu’on touche à un élément, l’équilibre est en cause. Même si l’arrêté est annulé, il faudra continuer le combat, notamment pour qu’on puisse aller plus loin dans le répertoire des génériques et les biosimilaires. »
C’est donc le modèle économique qui serait, in fine, entièrement à revoir. Noémie Chantrel-Richard, présidente de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), en est convaincue. L’étudiante de cinquième année a tenu à rejoindre ses aînés devant le ministère de la Santé ce midi. Comme plusieurs de ses camarades de l’ANEPF, elle se sent concernée par la colère ambiante et elle partage ce malaise profond de la profession quant à son avenir économique. Mais pour elle, les pharmaciens se trompent de combat. Ce n’est pas tant la baisse des remises génériques qu’il faut remettre en cause, mais bien l’ensemble de la structure de la rémunération de l’officine. « Il faut abandonner la rémunération à la boîte. Comment peut-on d’un côté adhérer au bon usage, à la baisse de la consommation de médicaments, si de l’autre côté notre revenu reste basé essentiellement sur le médicament ? Notre gagne-pain doit être fondé sur les nouvelles missions, sur la prévention, sur notre rôle de professionnel de santé… » Combative, Noémie Chantrel-Richard ne regrette pourtant pas d’avoir choisi la filière officine car elle garde l’espoir d’un changement.
La Lorraine choisit l’unité, l’Alsace le dialogue
Autour de 500 manifestants à Strasbourg et à Nancy et près de 400 à Colmar : en Alsace comme en Lorraine, les manifestations de jeudi matin ont été bien fournies et les fermetures proches de 90 voire 95%, ont constaté les responsables syndicaux des deux départements alsaciens, dans leurs chefs-lieux respectifs, et des quatre départements lorrains qui, eux, avaient choisi « l’unité » dans le cadre d’un défilé unique à Nancy.Drapeaux et bannières, défilés en blouse blanche, sifflets et mégaphones, les défilés se sont déroulés dans le calme à travers les centres des trois villes, réunissant au-delà des seuls pharmaciens de très nombreuses équipes au grand complet. « Cela se remarque d’autant plus dans les cortèges, soulignait le président de l’Ordre des Pharmaciens du Grand Est, Christian Barth, que les préparateurs sont conscients qu’ils risquent d’être les premiers à subir les conséquences de l’arrêté sur le revenu des officines et donc sur leur emploi… avant, au pire, que ce ne soient des officines entières qui disparaissent ». Au-delà des slogans et des tracts distribués sur le parcours ou glissés sous les essuie-glace des voitures garées, les pharmaciens ont cherché le dialogue avec les passants et les curieux, dialogue d’autant plus nécessaire que même si la presse locale s’est souvent fait l’écho du conflit, ses aspects un peu technique restent difficiles à saisir pour les profanes…Il n’y avait d’ailleurs pas que les passants à ne pas trop maîtriser la question, a constaté, d’abord un peu surpris, le président de la Fédération du Bas-Rhin, Claude Windstein, au sortir de sa rencontre avec le Secrétaire Général de la Préfecture, lui-même sous-préfet. « Il ne connaissait absolument pas les enjeux des remises pour l’économie de l’officine, mais s’est vraiment intéressé au problème lorsque nous le lui avons présenté en détail, se félicite M. Windstein, très satisfait de cette rencontre. Constat un peu comparable après l’entretien entre Christophe Wilcke, pharmacien dans la Meuse et président de l’URPS pharmaciens du Grand-Est, qui a pu dialoguer pendant une heure et demie avec les responsables de la Préfecture de Nancy, là aussi dans le cadre d’échanges jugés fructueux. Les préfectures ont promis, après ces conversations, de sensibiliser le gouvernement aux problèmes présentés. Enfin, les pharmaciens du Haut-Rhin ont pour leur part souhaité laisser un petit souvenir à leur préfecture… en accrochant leurs blouses blanches sur les grilles du superbe bâtiment historique. Pendant que les responsables syndicaux discutaient avec les autorités préfectorales, les pharmaciens réunis, selon leurs villes, sur la Place Stanislas, la Place Broglie ou la place Rapp, continuaient à dialoguer avec les passants tout en rappelant leurs inquiétudes et en fourbissant de nouveaux arguments face à cet arrêté d’autant plus choquant, selon certains d’entre eux, que sa légitimité même leur semble discutable : « nous sommes des professionnels de santé mais aussi des commerçants, en quoi les pouvoirs publics peuvent-ils ainsi se mêler de la question des remises commerciales ? » se demandait ainsi une titulaire strasbourgeoise. A l’issue des défilés et des rencontres, les responsables ont promis de faire rapidement le point sur la suite du mouvement pour décider des actions prochaines à mener.
Les pharmaciens réunionnais interpellent le prochain ministre de la Santé
Décalage horaire oblige, les pharmaciens réunionnais et mahorais ont été les premiers à se mettre en grève. Deux heures avant leurs confrères et consœurs de métropole, ils ont manifesté leur colère contre un État qui leur demande toujours plus mais n’hésite pas à les trahir. À Paris, l’un de leurs représentants, Claude Marodon, a pris position, ce matin, devant le ministère de la Santé, alertant sur une situation encore plus dramatique dans les DROM qu’en métropole.
Sur les 250 pharmaciens que compte La Réunion, 85 % ont suivi le mouvement de grève ce matin. Réquisitionnés, 41 officinaux n’ont pas pu baisser le rideau, comme le précise Claude Marodon. Présent, ce matin, à la manifestation parisienne devant le ministère de la Santé, le président de la délégation de l’Ordre des pharmaciens Réunion-Mayotte s’est fait le porte-parole d’une profession encore plus accablée qu’en métropole.
« Nous avons subi plusieurs épidémies, nous nous sommes engagés dans les campagnes de vaccination, dans la prévention antivectorielle, nous jouons un rôle social important, tout particulièrement à Mayotte auprès d’une population jeune, bénéficiaire de l’AME et aujourd’hui, on nous demande des comptes ! » Les pharmaciens ultramarins se sentent plus que jamais trahis par l’État. Alors même que leurs conditions d’exercice sont rendues plus complexes par les contraintes économiques et logistiques ainsi que par les ruptures encore plus nombreuses et délétères que dans l’Hexagone, la crise des remises génériques les frappe de plein fouet. Dans une population souffrant quatre fois plus de diabète, les dispensations de génériques sont prédominantes, cite, à titre d’exemple, le représentant ordinal. Il souhaite que, la rupture étant annoncée par le Premier ministre, le prochain locataire de l’avenue de Ségur « fasse les bons choix ».
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