Une semaine après le début de la grève des gardes pour sauver leur rémunération, les pharmaciens multiplient les actions de mobilisation. Aujourd’hui, ils se coordonnent et ne comptent rien lâcher.
Toujours fortement mobilisés pour défendre le plafond des remises sur les génériques, les syndicats de pharmaciens ont reçu un courrier du cabinet du Premier ministre. Plutôt une « lettre de circonstance, très politique », pour Marie-Josée Augé-Caumon, conseillère de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), le courrier précisant qu’un arbitrage serait rendu. Mais quand ? A priori, pas avant le 15 juillet, lorsque François Bayrou présentera son plan de redressement des finances de l’État. Cette semaine, les syndicats ont également rencontré la direction générale des entreprises (DGE).
Dans l’attente d’un retour, le mouvement de mobilisation des pharmaciens prend une autre ampleur. Partis en ordre dispersé dans leurs actions, car il fallait agir vite, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) coordonnent aujourd’hui leurs actions. « Si la mesure n’est pas reportée, nous allons mettre en place un plan d’action commun, très fort », explique Marie-Josée Augé-Caumon. Il s’agit d’embarquer tous les syndicats et les groupements. Une intersyndicale est même créée en région PACA, « afin d’organiser une montée en puissance progressive des actions », ajoute la représentante de l’USPO. Pour Frank Basque, secrétaire général de la FSPF et installé en PACA, il s’agit de mettre en place un mouvement « graduel, pondéré, cohérent, technique ». L’interprofessionnalité fonctionne aussi : des actions notamment avec les kinés qui voient leur hausse de rémunération reportée sine die, s’organisent à l’échelon local. Avec une ligne rouge que les pharmaciens ne franchiront pas : « Nos actions ne doivent en aucun cas prendre en otage les patients et les citoyens. On propose un blocage institutionnel et des actions qui n’impactent pas la délivrance au comptoir et ne provoquent pas de ruptures de soins directes ou indirectes », insiste Lucie-Hélène Pagnat, directrice générale de l’USPO.
Alors que certaines actions pouvant interroger sur le plan de la déontologie ont pu un temps être évoquées (refus de délivrance de médicaments chers : « une mesure locale », selon Frank Basque), les pharmaciens s’autorisent à peser sur les campagnes de santé publique, en cherchant un équilibre. « Sur le sujet de la vaccination par exemple, qui est un sujet très sensible en France, avec des oppositions et un nombre élevé de décès liés à la grippe l’hiver dernier, il faut faire attention de ne pas fragiliser. Mais reporter les commandes de vaccins pour les payer plus tard, mener des actions ciblées pour montrer notre mécontentement, cela gêne l’organisation des livraisons et des laboratoires », ajoute Marie-Josée Augé-Caumon. « Si le plan d’action doit reprendre à l’automne, pour afficher notre désaccord profond et montrer que l’on n’a plus les moyens d’assurer nos missions de prévention et de dépistage, on annoncera solennellement que l’on retarde la campagne de vaccination grippe, ajoute Frank Basque. Mais on ne veut pas mettre les gens en danger. Aucune mesure ne va prendre en otage les patients. »
En plus des actions de terrain, les représentants des pharmaciens font du lobbying et rencontrent les politiques. Philippe Besset, président de la FSPF, rencontrait aujourd’hui Gabriel Attal.
Au final, « on attend l’arbitrage de Matignon, résume Lucie-Hélène Pagnat. Il en découlera soit une opportunité de continuer une négociation de manière plus sereine avec une révision de la proposition qui a été faite. La mobilisation sera alors allégée, voire stoppée, mais pas la pression. Soit la proposition indécente est maintenue et on continuera la mobilisation qui s’éternisera probablement en septembre, ce qui nécessitera un nouvel arrêté de prolongation du plafond des remises. Mais tant que l’on n’aura pas signé avec le ministère une décision non impactante pour l’économie officinale, la mobilisation se poursuivra. » Pour Franck Basque, l’objectif est clair : « Garder le plafond des 40 % de remise et obtenir une proposition honnête sur les biosimilaires. Sachant que c’est gagnant-gagnant pour l’assurance-maladie ». « Tout le monde est avec nous : la population, le ministre de la Santé, la ministre du Travail, la CNAM, les parlementaires, ajoute-t-il. Tout le monde sauf ceux qui tiennent les cordons de la bourse : le ministre des Comptes publics et le Premier ministre. »
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