Le Quotidien du pharmacien. - Que cherche à évaluer l’expérimentation sur les antennes de pharmacie ?
Jean Malibert. - L’idée de l'expérimentation, c'est premièrement de voir des projets très différents. Certaines antennes sont ouvertes comme s’il s’agissait d’une pharmacie classique, d'autres ne le sont qu’une seule journée par semaine. Certaines proposent de la parapharmacie, d'autres non, toutes ne se font pas livrer de la même manière… Les territoires sont aussi différents même s'il y a un fil rouge : un accès aux médicaments qui n’est pas satisfaisant. Cette variété dans les projets évalués va nous permettre de créer un modèle, qui sera peut-être assez rigide ou peut-être beaucoup plus souple. Le premier enjeu, c'est la viabilité économique. Est-ce qu'une antenne peut survivre sans être aidée financièrement, alors que c’est le cas dans le cadre de l’expérimentation ? Est-ce qu’une antenne peut fonctionner si elle n’est ouverte qu'un jour par semaine ? Ce suivi pendant trois ans doit donc nous permettre d’identifier les bons ingrédients dans chacun des projets d'antennes, voir ce qui fonctionne ici ou ce qui ne fonctionne pas là-bas et, à la fin, trouver la bonne recette, même si nous ne sommes pas obligés de définir un modèle unique.
À quelle échéance un bilan pourra-t-il être tiré ?
Pour l'instant six projets sont validés, nous arriverons peut-être à une dizaine d'ici à la fin de l'année et il y en aura douze au maximum dans six régions. Il y a aura un rapport d'évaluation unique sur l'ensemble du dispositif. Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura une ligne d'arrivée unique et pour tout le monde. Les conventions signées pour les antennes sont prévues pour trois ans mais l'article 51 nous offre une certaine souplesse, nous pouvons aller jusqu’à cinq ans pour l’expérimentation. Peut-être que l'on va se caler sur les premières qui sont parties, peut-être que l'on va attendre un peu pour que les dernières arrivées puissent être bien intégrées. En revanche, pour éviter un trop gros décalage, nous n'accepterons pas de nouveaux dossiers après janvier 2026.
Que peut-on dire à un pharmacien qui souhaiterait prendre en main une antenne de pharmacie ?
Ce n'est pas un projet qui est simple à monter, c’est certain. Cela nécessite du temps et de l'énergie. Le premier pharmacien qui s’est lancé (Vivien Delpoux, en Corse) a dû un peu tout inventé lui-même, que ce soit au niveau du système informatique, de la logistique, de l'organisation… Son expérience bénéficie aujourd'hui à ceux qui arrivent et c’est un peu plus simple pour ceux qui commencent aujourd’hui. Cela dit, il faut que les pharmaciens aient bien conscience qu’un tel projet nécessite un investissement vraiment dense sur la période de trois ans. Une création d’antenne implique également tout un territoire et l’ensemble des professionnels de santé locaux, c’est un facteur majeur de réussite du projet. Ce n’est pas facile mais on voit que les pharmaciens qui s’engagent sont vraiment des professionnels militants.
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