Rappel épidémiologique

Publié le 30/03/2023

C’est au tout début du XXe siècle qu’un immunologiste belge, Jules Bordet (1870-1961) et un bactériologiste également belge, Octave Gengou (1875-1957), isolèrent le bacille Gram négatif (Bordetella pertussis) à l’origine de l’infection. La maladie fut reproduite pour la première fois en 1908 par W.N. Klimenko chez le singe et chez le chien. Une espèce voisine, Bordetella parapertussis, constitue une cause moins fréquente (moins de 20 % des cas) de coqueluche, avec des signes cliniques plus bénins.

Hautement contagieux, le germe de la coqueluche se transmet par voie aérienne interhumaine (projection de gouttelettes de salive au cours de la toux), essentiellement dans la phase de la maladie où seules les muqueuses sont inflammées, sans que la clinique ne soit alors caractérisée. La contagiosité diminue ensuite à la phase paroxystique de la maladie, mais elle peut se prolonger pendant parfois trois semaines. La source de contamination est essentiellement constituée par les enfants d’âge préscolaire ou scolaire.

Si l’incidence de la coqueluche dans la prime enfance a été réduite grâce à la vaccination des nourrissons, l’extinction progressive de l’immunité vaccinale avec l’âge (l’immunité naturelle après la maladie est d’environ dix ans) explique que des adolescents et des adultes, même âgés, puissent faire des coqueluches dont la symptomatologie est alors souvent atypique et qui, mal repérés, peuvent être une source de contamination de nouveau-nés et de nourrissons non vaccinés. Le taux de contamination est d’environ 70 à 80 % pour un contact proche.

Le nombre de cas de coqueluche a augmenté dans les pays développés depuis les années 1980, notamment chez les adolescents et les adultes. Au plan mondial, l'OMS estimait en 2014 (dernières données publiées) à environ 24 millions le nombre de cas de coqueluche chez les enfants < 5 ans et à près de 161 000 celui des décès ; le nombre total de cas, adultes compris, serait toutefois plus proche des 60 millions, d’autant que tous les pays n’ont pas de réseau de surveillance spécifique. Dans les pays occidentaux, la coqueluche affectait de nombreux nourrissons et se compliquait souvent de décès avant l’ère des antibiotiques et de la vaccination mais, aujourd’hui, son incidence est faible (0,1 à 3 %) et la mortalité réduite - mais non nulle pour autant -.

Dans l’Hexagone, la coqueluche n’est plus une maladie à déclaration obligatoire depuis 1986 mais un réseau sentinelle hospitalier pédiatrique (RENACOQ) coordonné par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) a été créé en 1996 pour déclarer les cas de coqueluche justifiant une hospitalisation. Six pics épidémiques ont été enregistrés (1997, 2000, 2005, 2009, 2012-2013, 2017). Durant l’épidémie de Covid, le taux d’incidence de la coqueluche a considérablement diminué (35 cas chez le nourrisson en 2020 et 4 en 2021), probablement en raison de l’instauration de mesures sanitaires très strictes. Entre 100 et 700 cas sont hospitalisés par an, dont la quasi-totalité est constituée de nourrissons non vaccinés et contaminés par un parent ou un proche. La coqueluche affecte aussi des sujets, adolescents et adultes, antérieurement vaccinés mais qui ne sont plus protégés du fait de l'absence de rappels : ils constituent un réservoir susceptible de transmettre la maladie aux nourrissons.


Source : lequotidiendupharmacien.fr