Quelques heures après l’annonce d’un accord conclu entre le président des États-Unis, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, l’industrie pharmaceutique est toujours dans le flou. Les médicaments, vaccins et autres dispositifs médicaux fabriqués en Europe et exportés vers les États-Unis bénéficieront-ils toujours d’une exemption de droits de douane, comme c’est le cas aujourd’hui ? Pour l’instant, rien n’est acquis…
Les contours de l’accord commercial établissant à 15 % les droits de douane américains sur les produits européens en échange de certaines contreparties ne sont pas encore tous connus. Les modalités du deal conclu en Écosse par Donald Trump et Ursula Von der Leyen devraient en effet être partagées par l'UE et les États-Unis dans une déclaration commune au cours des prochains jours. Bruxelles et Washington sont convaincus que chacun des deux partenaires serait exempté de taxes pour des biens jugés essentiels. Il est notamment question d’appliquer un « zéro tarif douanier » à l'aéronautique européenne et à certains dispositifs médicaux exportés outre-Atlantique, mais la liste exacte doit encore être confirmée. Preuve de la confusion qui règne sur la question des produits pharmaceutiques, l'UE affirme qu’ils ne seront pas taxés à plus de 15 %, quoi qu'il arrive, quand la Maison-Blanche affirme de son côté qu'ils le seront bel et bien…
Certains secteurs économiques, à l’instar de l’industrie pharmaceutique, se demandent donc encore quel sera leur sort. Le LEEM, l’organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France, juge en tout cas « préoccupante la situation d’incertitude sur les tarifs douaniers dans le secteur pharmaceutique ». Les industriels du médicament tiennent à rappeler « que les médicaments, vaccins, dispositifs médicaux et intrants pharmaceutiques ne sont pas des biens comme les autres. Leur circulation libre et fluide est une condition indispensable à la continuité des soins et à la résilience de nos systèmes de santé », soulignent-ils. Le LEEM demande donc une nouvelle fois « d’exclure explicitement et durablement de toute mesure tarifaire les produits pharmaceutiques » et rappelle les conséquences à redouter si tel n’était pas le cas. « Imposer des tarifs douaniers sur les médicaments conduirait à une augmentation des coûts de production, aggraverait les difficultés d’approvisionnement et entraverait les capacités d’investissement et de recherche et développement en Europe », avertit l’organisation.
De son côté, la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques (EFPIA) continue elle aussi de regarder de près l’évolution de la situation. Dans une déclaration transmise au « Quotidien du pharmacien », l’instance, qui réunit notamment 40 groupes pharmaceutiques européens, confirme que les implications de l’accord commercial UE/États-Unis sur le secteur pharmaceutique restent « incertaines ». Tout comme le LEEM, l’EFPIA estime qu’instaurer des droits de douane sur les médicaments « perturbera les chaînes d'approvisionnement, impactera les investissements en recherche et développement et, à terme, nuira à l'accès des patients aux médicaments des deux côtés de l'Atlantique ». L’organisation européenne estime qu’il existe d’autres mesures plus à même de « favoriser les progrès mondiaux en matière de soins aux patients et de croissance économique », et appelle notamment l’Union européenne à « mieux valoriser l’innovation et à accorder davantage de financements pour le développement de médicaments innovants ».
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