Alerté par France Asso Cancer et Peau de plusieurs cas de dépistage cutané en pharmacie faussement négatifs, l’Ordre national des pharmaciens a saisi les autorités de santé afin que la conformité réglementaire du dispositif utilisé soit vérifiée. Il s’agit d’un dermatoscope couplé à une application d’intelligence artificielle et à un service de télé-expertise dermatologique, utilisé dans 500 officines. Selon les signalements reçus, certains patients auraient été rassurés à tort par les résultats délivrés, entraînant « des retards de diagnostic et de prise en charge de cancers cutanés ».
« Cette situation soulève une préoccupation majeure de santé publique », alerte l’Ordre, appelant à « une vigilance renforcée et à un encadrement strict du recours à l’intelligence artificielle en dermatologie ». Le 22 août 2025, l’instance ordinale a saisi la Direction générale de la santé et la Direction générale de l’offre de soins, ainsi que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) afin que « des investigations et une analyse soient menées » sur ce dispositif.
Les dermatologues recommandent, entre autres, d’intégrer toute solution numérique dans un réseau territorial impliquant leur profession
Plus largement, la Société française de dermatologie (SFD) a publié un communiqué alarmant, en juillet 2025, appelant « à une régulation immédiate » des dispositifs de dépistage proposés dans des environnements non médicaux, « sans supervision dermatologique ni validation scientifique », et « parfois en accès libre ». Les dermatologues mettaient sur le même plan les pharmacies, les centres commerciaux, les applications pour smartphone. Ils recommandent, entre autres, « d’intégrer toute solution numérique dans un réseau territorial impliquant des dermatologues », de « recruter et installer davantage de dermatologues pour garantir un maillage territorial » et de « renforcer la lisibilité des parcours dermatologiques pour les patients ».
En ce qui concerne l’usage de dispositifs médicaux numériques pour le dépistage dermatologique, l’Ordre rappelle les différents points suivants. Les conditions de réalisation du dépistage doivent entrer dans le champ des missions des pharmaciens (téléconsultation, télé santé…) ; Les modalités de mise en œuvre (consentement, restitution des résultats, traçabilité des actes…) doivent respecter les référentiels en vigueur ; Tout dispositif médical doit être conforme au règlement européen 2017/745 relatif aux dispositifs médicaux et disposer d’un marquage CE. L’ordre conclu : « toute utilisation d’un dispositif médical non certifié engage la responsabilité du pharmacien ».
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